Les parties prenantes à l’Accord pour la paix et la réconciliation ne veulent pas perdre une seconde dans le travail colossal à abattre pour traduire dans les faits les compromis auxquels elles sont parvenues à l’issue des longs pourparlers d’Alger.
La réunion inaugurale du comité de suivi de la mise en œuvre du document fraîchement signé par la Coordination, a eu lieu hier au ministère des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la Coopération internationale sous la présidence de l’ambassadeur d’Algérie au Mali Nouridine Ayadi.
C’était en présence des représentants du gouvernement, des groupes armés et des pays et organisations membres de la médiation élargie. La réunion a débuté avec beaucoup de retard pour des questions de représentativité des différentes parties. Les différents groupes armés avaient tenu à se faire représenter en nombre. Ce qui donne une idée de la guerre de positionnement en perspective dans la mise en œuvre de l’accord.
La méditation a voulu trouver une solution au problème en décidant que chaque groupe sera représenté par 10 membres. Les mouvements signataires se sont insurgés contre cette idée, arguant qu’ils ont suffisamment de légitimité pour participer à cette rencontre. « Si dès le départ on nous met des bâtons dans les roues, nous sortons de l’accord », ont menacé les leaders de la Coordination.
La médiation a fait la promesse de clarifier les questions de forme avant la prochaine réunion prévue dans un mois. « Le comité va adopter un règlement intérieur qui précisera notamment la représentativité des différentes parties », a proposé l’ambassadeur d’Algérie dans notre pays.
Malgré ces assurances, la Coordination a jugé anormal que certains groupes (les non signataires de l’accord) participent au comité au même titre que la CMA et la Plateforme. « Nous ne sommes pas contre quelqu’un, nous ne voulons pas qu’on nous mette dos-à-dos. Donc nous allons nous retirer en attendant que ces questions soient réglées », a protesté Mahamadou Djeri Maiga. Et Ibrahim Ag Assaleck de renchérir que sa délégation n’est pas venue à la réunion pour discuter des questions liées à la mise en place d’un comité suivi.
L’ambassadeur d’Algérie fera vite remarquer qu’il n’appartient pas aux parties de fixer la règle du jeu. La médiation est responsable de ces questions, a souligné le diplomate algérien qui a insisté sur l’aspect inclusif du processus.
Le ministre de la Réconciliation nationale Zahabi Ould Sidi Mohamed a soutenu qu’il faut éviter les exclusions dès le départ. Il a rappelé que les négociations sont terminées et qu’il convient d’être constructif. « Il y a suffisamment de place pour tous », a conclu le ministre Zahabi.
Finalement, compte tenu de cette question préjudicielle, la réunion a été interrompue pour donner le temps à un groupe de travail qui rédigera un règlement intérieur qui tranchera la question de la représentativité.
Avant de quitter la salle, la délégation de la Coordination a demandé un temps de restitution à sa base avant de revenir pour les travaux de la mise en œuvre de l’accord. Des voix se sont immédiatement élevées pour dire que le temps n’est plus aux consultations, mais à la mise en oeuvre d’un accord dûment signé.
Le ministre Diop a attiré l’attention sur le temps dans la mesure où des échéances sont précisées dans l’accord.
C’est l’Algérie qui présidera le comité de suivi. Cette information a été donnée samedi à l’issue de la 8è rencontre du comité bilatéral stratégique algéro-malien, initié par les présidents Ibrahim Boubacar Keita et Abdel Aziz Bouteflika lors de la visite d’amitié et de travail effectuée par le chef d’Etat malien en Algérie les 18 et 19 janvier 2014.
Cette rencontre s’est déroulée dans la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale sous la co-présidence du ministre Abdoulaye Diop et son homologue algérien Ramtane Lamamra. C’était en présence du ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi Sidi Ould Mohamed.
Il ressort de la rencontre que le comité de suivi sera basé à Bamako dans un bâtiment mis à la disposition par le gouvernement.
Le comité bilatéral stratégique, qui traduit la volonté politique des deux chefs d’État de bâtir une relation spéciale basée sur un partenariat stratégique, assure le suivi et la mise en œuvre de mesures de nature à contribuer au règlement pacifique des problèmes du nord du Mali, dans toutes leurs dimensions. Il œuvre aussi à la réunion des conditions de consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans toute la région du Sahel.
A. M. CISSÉ
A. DIARRA
source : L’Essor