Les rideaux sont tombés le vendredi 1er mars 2019 sur les travaux de l’atelier de haut niveau sur la réforme du système de santé, tenus du 25 au 28 Février 2019 au Cicb. A l’issue de cet atelier, les 406 participants ont formulé des recommandations dont la mise en œuvre, espèrent-ils, permettra de réduire significativement la morbidité et la mortalité des groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants. La cérémonie de clôture de l’atelier était présidée par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui a annoncé la réhabilitation des Csrf, des Cscoms et des hôpitaux courant 2019.
Dans la synthèse des travaux de l’atelier (présentée par Pr. Bréhima Koumaré qui faisait office de rapporteur), les recommandations sont articulées autour de trois grands chapitres qui sont “Offre de soins et services de santé de qualité” ; “Gouvernance et communication” ; “Financement de la santé”.
Offre de soins et services de santé de qualité
Dans le chapitre “Offre de soins et services de santé de qualité”, il est recommandé de renforcer le plateau technique à tous les niveaux de la pyramide sanitaire ; de définir le paquet d’activités des établissements de santé par niveau en fonction de la restructuration en cours en prenant en compte le secteur privé, de procéder à une communication intensive pour une meilleure compréhension de la population sur les gratuités annoncées, d’accélérer le processus d’adoption des textes d’application sur les gratuités, d’expérimenter l’initiative de centre de vie communautaire à travers un projet pilote avant sa mise à échelle ; de renforcer la collaboration entre les départements en charge de la santé et de l’éducation dans l’amélioration de la formation de base dans les écoles de santé; d’impliquer le secteur privé à toutes les étapes de la politique de santé (conception, planification, mise en œuvre, suivi et évaluation.
Gouvernance et communication :
Concernant le point “Gouvernance et communication”, il a été exhorté d’inclure les services de santé des armées et d’autres services de santé parapublics dans les activités de communication du Ministère de la Santé et de l’hygiène publique (MSHP) ; de rendre fonctionnel le cadre de concertation et de dialogue avec le secteur privé et valider les textes y afférents ; de mettre l’accent sur l’application effective de la loi hospitalière, de faire respecter les textes règlementaires en vigueur et renforcer l’autorité de l’Etat, de mettre un accent sur la redevabilité, de développer la responsabilité et l’éthique, de renforcer l’opérationnalisation de la Politique Genre au sein du département, de réviser et adapter les textes législatifs règlementaires régissant l’exercice privé des professions sanitaires (à but lucratif et non lucratif) ; de relire le Décret n°099-346/PRM du 03 novembre 1999, portant statut particulier des agents de santé dans le cadre de la motivation du personnel; la relecture du code des impôts en ce qui concerne l’exercice privé des professions sanitaires.
Financement de la santé
Sur le “Financement de la santé”, il a été proposé un mécanisme pérenne pour la mise en œuvre des mesures d’accompagnement de la gratuité, d’évaluer le coût de la gratuité par cible (estimation du coût par personne et un forfait par an et par cible), d’engager les échanges nécessaires avec les ministères et les acteurs concernés sur les financements innovants proposés, de mettre à échelle le financement basé sur les résultats, de finaliser le document cadre de la reforme par un comité d’experts nationaux et internationaux mis en place par le MSHP, de mettre en place un comité stratégique pour la mise en œuvre et le suivi-évaluation par le MSHP, d’élaborer un Plan d’actions avec un calendrier de réalisation séquentielle des réformes urgentes, d’augmenter le budget alloué au Ministère de la santé et de l’hygiène Publique pour soutenir la mise en œuvre de la reforme, de faire une évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre de la réforme sur la santé.
Soumeylou Boubèye Maïga : “Les recommandations de l’atelier feront l’objet d’un examen de la part du gouvernement en vue de les traduire en actions concrètes”
En clôturant les travaux de l’atelier sur la réforme du système de santé au nom du président Ibrahim Boubacar Kéita, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a affirmé que les recommandations de l’atelier feront l’objet d’un examen scientifique de la part du gouvernement pour que les décisions de l’atelier pour un accès équitable des citoyens aux soins de santé de qualité soient traduites en actions concrètes. Il s’est dit convaincu que la réussite de la réforme approfondie du système de santé au Mali repose essentiellement sur la pleine et entière participation des experts de la santé. D’après lui, il ne pourra y avoir de véritables réformes à même de répondre aux besoins et aspirations profondes des populations en matière de santé sans son appropriation non seulement par les acteurs de la santé, mais aussi par l’accompagnement et l’engagement de tous y compris les partenaires techniques et financiers. Il a appelé à leur sens élevé de responsabilité pour conduire le processus de la réforme du système de santé à bon bord, main dans la main. Il a assuré que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour réunir les conditions idoines de la réussite du processus de réforme dont le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a l’entière autorisation.
Les annonces du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga
Concernant les mesures annoncées par le président de la République sur des gratuités des soins, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga a informé qu’un mécanisme sera mis en place au sein du Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique pour assurer la mise en œuvre progressive des gratuités des soins annoncées par le président de la République à travers une feuille de route. Il a dit qu’il est aussi important d’assurer une communication intense sur ces mesures et leur modalité de mise en œuvre. Il a rassuré que le gouvernement mobilisera tous les moyens nécessaires pour le démarrage effectif de ces mesures dans les meilleurs délais. Il a annoncé que le gouvernement entreprendra, courant 2e trimestre 2019, le renforcement de tous les Csrf et Cscom de Bamako et de l’intérieur du pays. Les travaux des hôpitaux de Koutiala et de Koulikoro commenceront dans ce même 2e trimestre. Les travaux d’innovation et de réhabilitation des hôpitaux Gabriel Touré et Point G sont annoncés.
Siaka DOUMBIA
Source: Aujourd’hui-Mali