L’emprise militaire dont redoutaient nombre d’observateurs nationaux et internationaux est sur le point de s’accomplir au regard du développement de l’actualité de ses derniers jours. Après le forcing observé dans le choix respectif du Président de la transition du Premier ministre et la formation du gouvernement les putschistes ne sont pas prêts à lâcher la moindre portion de la gestion du pays aux politiques.
Décidément, les hommes forts du 18 août 2020 ne sont pas prêts à faire la concession sur la gestion du pays. Le colonel Assimi Goïta et ses amis ont pris contrôle de tous les services de l’administration du pays. Depuis le 10 novembre dernier, ils viennent de mettre la main mise sur la composition du futur organe législatif de la transition censée ramener les civils au pouvoir, selon des décrets rendus publics mardi.
Longtemps au centre des critiques dues à la lenteur qui a caractérisé sa mise en place, les autorités viennent d’annoncer la clé de répartition des postes au sein de cet organe de décision. Cette répartition vient de prouver aux Maliens que cette transition enclenchée depuis le 15 septembre est loin de livrer ses secrets au peuple malien. Après la désignation d’un président, d’un Premier ministre et d’un gouvernement de transition entre fin septembre et début octobre, les autorités militaires s’attellent à présent, apparemment non sans mal, à la création du troisième organe de cette transition, le Conseil national de transition (CNT) qui est un organe législatif. La présidence a rendu publics mardi deux décrets datés de la veille et fixant les modalités de désignation des membres du Conseil et la répartition des 121 sièges. Vingt-deux membres représenteront les forces de défense et de sécurité, 11 les partis politiques, 8 au M5-RFP qui a mené la contestation contre l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta jusqu’à ce qu’il soit déposé par les militaires. Les autres sièges se répartissent entre d’anciens groupes rebelles armés, les organisations de la société civile, les cultes religieux ou encore les syndicats.
Comme à son habitude, c’est le vice-président, le colonel Assimi Goïta qui reçoit la liste des candidatures et, « après examen des dossiers, arrête la liste des membres du Conseil », selon un des décrets. La liste définitive fera l’objet d’un décret du président de la transition, Bah N’Daw, lui-même un ancien officier sorti de sa retraite. Les candidatures doivent être soumises dans les 48 heures suivant la publication du décret.
Sans se tromper, visiblement ces décrets renforcent l’emprise des militaires sur la transition, et celle du colonel Goïta, chef de la junte qui avait pris le pouvoir après le putsch du 18 août et organisé la transition en cours. Pourtant, les colonels s’étaient engagés à rendre le pouvoir aux civils pour la gestion de la transition. Ils entendaient initialement que le colonel Goïta puisse remplacer le président de transition en cas d’empêchement de celui-ci. Mais ils avaient finalement renoncé à cette prérogative, afin d’obtenir la levée des sanctions imposées au Mali par la CEDEAO.
Les colonels ont pris assez de temps pour annoncer la clé de répartition qui semble être finalement en leur faveur.
Cette répartition quoique que l’on dise, est sujet à discussion dans la mesure où le M5-RFP réclamait déjà la présidence et 30% des membres qui composeront le CNT. Avec les intentions affichées par les militaires, celui de prendre en otage tout le département, il va sans dire qu’ils sont tous sauf ceux qui veulent véritablement sauver ce pays des erreurs passées. Les réelles intentions sont celles de l’élection à venir. Et partir sur cette base, les maliens ne peuvent nullement espérer mieux que la gestion de l’ancien Président IBK dont le départ a été déclenché par une mauvaise organisation des élections même si d’autres faits existaient.
En tous cas, Goïta et ses amis ne sont pas mieux qu’IBK dans la posture actuelle et cela fait craindre l’enlisement de la situation s’ils continuent sur cette lancée qui ouvre, pour ne pas être l’oiseau de mauvais augure, la boîte de pandore.
Au moment où le pays est envahi par les terroristes au centre du pays, les hommes forts sont préoccupés par les postes à Bamako au lieu de définir une stratégie de défense. Tout compte fait, le Mali n’est pas encore sorti d’affaire.
La Rédaction
Source : LE COMBAT