Depuis le lundi, la ville de Bamako est touchée par la circulation alternée initié par le ministre des Transports et de la mobilité urbaine. Et pour cause, diminuer les embouteillages ainsi que la pollution de l’air.
Cette nouvelle mesure qui vise à lutter contre l’épisode de pollution de l’air et les embouteillages est diversement interpréter par l’opinion.
Au volant, Amara Fomba donne son avis sur la circulation alternée.
” En vrai dire je soutien cette nouvelle mesure initié par le ministre, car il y a moins d’embouteillage pendant les heures indiqués. Je pense que si nous continuons comme ça, les Maliens vont s’habituer. Il faudrait que les usagers sachent que la police est là pour nous à organiser la circulation. Je les encourage à continuer, il en va de notre santé, de la fluidité de la circulation”.
Salif Traoré, il fait preuve de beaucoup d’optimisme.
“On échappe à la poussière souvent. Nous devons continuer sur ce chemin même si nous faisons le tour pour atteindre nos destinations. En cette période il y a des particules en suspension qui sont les plus dangereuses. Elles peuvent nuire à notre santé, nous provoqués des maladies pulmonaires, etc. Toute cette opération ne doit pas être un coup de marketing sans lendemain”, prévient-il.
Elle a surtout permis une certaine prise de conscience, la population ne s’étant jamais jusqu’ici beaucoup préoccupée de la question”, estime le responsable d’un groupe de garage à Missabougou.
Hamidou Fofana, motocycliste: “Pour moi, la circulation alternée est une bonne chose. Il suffit que chacun de nous joue sa partition”.
Issouf Guindo, assis dans sa voiture se prononce: “Je soutiens la circulation alternée parce qu’elle a permis de rendre la circulation fluide à Bamako en évitant les embouteillages. Les autorités doivent poursuivre cette mesure”.
“Depuis le début de cette opération, nous pouvons dire que les usagers se rendent dans les services facilement sinon avant la circulation à Bamako est un vrai casse-tête chinois. Les usagers pouvaient passer des heures dans les bouchons avant d’arriver au service. Je trouve que c’est une bonne chose”, juge Fanta Diallo.
Frustrations
Si certains usagers jugent nécessaire la décision du ministre des Transports et de la Mobilité urbaine, d’autres diront que cette mesure n’arrange pas la problématique de la circulation routière à Bamako. C’est le cas de Moussa Keita, motocycliste.
Moussa Keita s’agace : “La circulation alternée pénalise ceux qui ne peuvent utiliser les transports en commun pour se rendre à leur travail”.
- Haïdara, habitant de la Commune I : “Ce qui ont mis ce projet en place sont des…Il te faut voir une ambulance quittant Asaco Banconi pour joindre le Csref de la Commune I ou encore pour joindre le CHU Gabriel Touré. En un mot aucune structure sanitaire de la Commune I et II n’ont un accès facile au CHU Gabriel Touré juste à cause de ces histoires de circulation alternée non mûrie pour moi. Pour nous qui sommes en commune I et II, on a de la peine à se rendre à la rive droite surtout par le troisième la plus proche pendant les heures indiquées. Même pendant le Ramadan ce n’était pas facile mais on se disait que c’est temporaire. En tout cas il s’agit pour les autorités de revoir vite le projet pour la Commune I et II”.
- Bakayoko, taximan
“Pour moi cette nouvelle mesure n’arrangera pas le problème de l’embouteillage et je peux même affirmer que cela va couter beaucoup aux usagers, parce que les gens n’ont pas les mêmes moments de travaille. Certains travaillent pendant la journée et d’autre pendant la nuit. Je crois que le mieux serait de construire les routes et d’autres ponts”.
- K, habitant de Torokorobougou, commerçant au marché Dibidani
“Cette nouvelle mesure a rendu la circulation un peu fluide et ça permet d’accéder rapidement le centre ville. Seulement, il faut quelques jours, le temps pour les usagers de s’adapter. Mais ce qui est mieux, c’est de construire beaucoup de nouvelles routes, parce que Bamako s’agrandit et les engins se multiplient tous les jours”.
Pour Keïta Zenaitou, qui doit chaque jour traverser le pont pour venir travailler à la rive droite. Elle explique qu’elle a beaucoup du mal avec cette nouvelle mesure. “Ce matin en venant, j’ai eu beaucoup de difficulté. J’ai emprunté un mini bus. Arrivée au niveau du quartier Hamdallaye, la circulation était terrible, on ne pouvait pas passer”, regrette-t-elle.
Les transporteurs ne disent pas le contraire
Que ce soit le matin ou le soir à la descente, les transporteurs de Sotrama de Bamako se plaignent de la circulation alternée en vigueur depuis quelques jours. Le changement des routes à double sens en une seule voie engendre des conflits entre les transporteurs eux-mêmes, explique ce conducteur de Sotrama en commune I, sous anonymat.
” Chaque transporteur a une ligne bien déterminée. Donc, tu ne peux quitter ta ligne et te mettre sur la ligne d’un autre transporteur”, affirme-t-il. Selon lui, il y a plus de 60 transporteurs qui ont déjà arrêté le travail. “On fait beaucoup de détours pour arriver à destination et les routes empruntées sont très étroites”, confie-t-il à la fin.
Pour ce chauffeur de Sotrama sur la route de Djelibougou-Doumanzana, Lassina Théra dira que cette nouvelle mesure ne devrait pas être choisie en ce moment.
“Je suis obligé d’attendre 9 heures pour prendre les clients. Je pense que les autorités devraient nous informés à temps. Mais aucun chauffeur n’a été informé pour la nouvelle mesure. Je pense que cette nouvelle mesure arrange uniquement les travailleurs du gouvernement. Nous sollicitons qu’ils nous laissent le soir. Nous ne voulons pas qu’ils interrompent la circulation les soirs. Les chauffeurs ne sont pas du tout content”, s’agace t-il.
Quant à Lamine Coulibaly, taximan, cette nouvelle application à la circulation provoque des accidents chaque jour. ” Les autorités devraient faire une large sensibilisation et de communication avant d’appliquer cette mesure. Nous leurs invitons à revoir la situation pour le bonheur des usagers. Nous avons trop souffert dans ce pays et il ne faut plus en rajouté “, prévient ce taximan. Avant d’inviter les usagers au calme.
Les autorités se prononcent
Cependant le commandant adjoint de la compagnie de la sécurité routière Sory Ibrahima Sangaré, pense le contraire. Il affirme qu’à la longue, les bamakois vont s’habituer à cette mesure. “Le début de toute chose est difficile. On leur demande d’être indulgents avec les agents sur le terrain”, affirme-t-il. Même si l’Officier de police reconnaît que “ça fait du mal d’apprendre lorsqu’on veut traverser le fleuve que le sens est interdit”. Toutefois selon lui, ces frustrés doivent aussi penser aux millions de personnes à qui profite la mesure.
“Nous souhaitons poursuivre l’expérience, mais il nous faut au préalable améliorer les transports publics et multiplier les goudrons dans la ville de Bamako”, a commenté un responsable municipal à Yirimadio….Lire la suite sur Aumali
Source: L’indicateur du Renouveau