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Cinéma : « Oumou, un destin arraché » :

Le Conseil consultatif national des enfants et jeunes du Mali (CCNJE) a commémoré la journée internationale de la petite fille, le jeudi 11 octobre, par la projection d’un court métrage. La production, d’une trentaine de minutes, évoque la souffrance de milliers filles mariées très tôt, à l’image de la fillette Oumou, actrice principale du film.

Le Mali fait partie des pays où le taux de mariage d’enfant est encore très élevé. Selon des chiffres, il est le sixième pays au monde ayant le plus forts taux de prévalence de mariage d’enfants. Très opposé à la pratique encouragée par des traditions, le CCNJE a réalisé un court métrage intitulé « Oumou, un destin arraché » à l’occasion de la journée internationale de la fille, célébrée tous les 11 octobre. Le film d’une trentaine de minutes a été projeté le jeudi dernier dans la grande salle du Cinéma Magic, en présence de plusieurs responsables politiques et des structures faitières des enfants ainsi que des Organisations intervenants dans la protection et dans l’épanouissement des enfants… Etaient également présentes des centaines de personnes, majoritairement des filles qui ont pris d’assaut le Ciné Magic. Les 800 places assises ont été occupées et des invités étaient obligés de s’asseoir à même le sol. Dehors, certains frustrés sont rentrés à la maison pour n’avoir pas eu d’accès à l’intérieur de la salle de projection.
« Je voulais voir ce film parce qu’il a été réalisé par un jeune que je connais et savoir comment le mariage d’enfants a été abordé dans cette production. Malheureusement, je retourne à la maison triste de ne pas pouvoir regarder ce film », a regretté Haoua Sissoko, une jeune dame qui ambitionne aussi devenir productrice.
Le film « Oumou, un destin arraché » retrace la vie d’une fille qui a été donnée en mariage très tôt. La fillette Oumou, à cause des liens de son mariage, voit ainsi ses rêves se briser. La jeune fille, malgré le parcours d’une brillante écolière, est pourtant mariée au fils du chef de village par son père, pour des raisons économiques. C’est le début d’une descente aux enfers pour cette adolescente qui avait un brillant avenir. Sans être préparée à une vie de foyer ou de couple, la petite bien que très ambitieuse assiste impuissante à l’assombrissement de son avenir.
Réalisé par Vortex Groups sarl, ce film plein d’émotion est la réalité de milliers de filles forcées à abandonner leur rêve à cause du mariage précoce. Dans cette production, Oumou l’héroïne incarne la situation des filles confrontées aux mêmes problèmes, quand on sait qu’au Mali, une fille sur deux sont mariées avant l’âge de 18 ans.
« Ce film, c’est pour tout d’abord faire la promotion des droits des enfants en général et ceux des filles en particulier. Il y a tellement de filles intelligentes qui ont besoin de soutien et qui n’arrivent pas à terminer leurs études, parce que les moyens des parents sont limités ou elles sont données en mariage très tôt ; ce qui joue sur leur avenir », explique la présidente du Conseil Consultatif National des Enfants et Jeunes du Mali, Bocoum Aïssata Bocoum.
Indépendamment des campagnes de sensibilisation et de plaidoyers contre le mariage d’enfants, elle espère que ce film permettra à la population de prendre conscience de l’effet négatif du mariage précoce sur la fille et la société. Plusieurs jeunes acteurs et réalisateurs de film, qui étaient également présents, ont estimé que c’est le début d’une prise de conscience des enfants et jeunes sur leur situation. « Il faut oser parler du mariage précoce. C’est un grand pas à saluer pour combattre cette pratique encouragée par la religion musulmane notamment. Ceux qui font des efforts pour l’abandon de cette pratique sont combattus », ont-ils dénoncé.
L’ambassade des Pays Bas, qui a soutenu financièrement ce projet, est convaincue que la place des jeunes filles est à l’école et non dans un foyer. Selon Jolke Oppewal, ambassadeur des Pays- Bas au Mali « le futur du Mali, ce sont les jeunes. Nous voulons un Mali avec une population qui a du travail et de l’espoir. La jeunesse, c’est l’espoir et il faut investir davantage dans la jeunesse.»
Par Sikou BAH

Source: info-matin.

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