«Mouna né » est un film de 24 minutes de la vidéaste Dicko Traoré dite Dickonet. Il a été présenté en avant-première, lundi dernier, dans la salle Magic-cinéma de Ouolofobougou.
Le film retrace l’histoire d’une jeune orpheline adoptée, prénommée Assou. C’est une étudiante qui, pendant la période d’examen, allait se réfugier dans la cour d’une école pour fuir le bruit de son voisinage. Lors de ses révisions, elle sera violée par un quidam. Cet acte ignoble affectera profondément la jeune orpheline. Depuis ce jour, elle s’est renfermée sur elle-même et n’arrête pas de faire des cauchemars. Chaque nuit, elle revit le cauchemar de cette humiliation. Pourtant, sa mère, ignorant tout ce qu’elle a subi, venait toujours la réconforter. Cette complicité entre la jeune orpheline et sa mère adoptive préoccupait le père de famille. Car son épouse avait pris l’habitude de quitter, chaque nuit, la chambre conjugale pour rejoindre sa fille. Un jour, alors que sa fille adoptive était dans les bras de sa mère, il vient leur jeter à la figure, qu’il a promis sa main à un cousin. Et que leur union sera bientôt célébrée. La nuit des noces, Assou découvrira que son époux n’est personne d’autre que son violeur. Elle ruminera la scène odieuse puisque ne pouvant pas supporter cette situation, Assou décida alors de mettre fin à cette union insupportable. Dans une lettre qu’elle adressa à sa mère, elle lui décrit tout ce qui lui est arrivée. Son viol, l’enfer qu’elle va vivre dans ce mariage forcé. Dans la missive, elle ressassera : « pourquoi moi » et décida de mettre fin à ces jours. Dicko Traoré invite, à travers ce court-métrage, les victimes de viol et de mariages forcés à rompre avec le silence pour ne pas vivre le même calvaire que la jeune orpheline. « En tant que femme, ce thème ne m’a jamais laissée indifférente. Cela faisait longtemps que je voulais l’aborder dans mes créations », a-t-elle expliqué. « Ainsi, petit à petit, je me suis intéressée à la réalisation. Pour ma toute première expérience, j’ai pensé à faire une fiction sur cette thématique » a ajouté la vidéaste. Mais n’ayant pas les moyens nécessaires d’accomplir son projet dans l’immédiat, notre cinéaste a dû attendre quatre ans. Fort heureusement en 2014, avec l’accompagnement technique de « Teriya Mali production » et des amis, elle a pu réaliser son rêve. « Au début, c’était un moyen-métrage de 45 minutes. Avec des difficultés techniques et financières, j’ai été obligée d’en faire un court-métrage », a précisé la réalisatrice. Enfin, la cinéaste souligne qu’elle a utilisé le pronom personnel « moi » dans le titre afin d’inviter chacun et chacune à se mettre à la place des victimes. Elle estime que « nous avons assez vu et vécu ce fléau en tant que spectateurs et téléspectateurs ». Et qu’il est temps qu’on s’invite en tant qu’acteur, qu’on se réveille et agisse en se demandant ce qu’on ferait, si on était à la place des victimes.
Fatoumata NAPHO
Source: essor