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Cinéastes sénégalaises: une nouvelle vague?

Angèle Diabang realisatrice cineaste sénégalaise plateau tournage cinema film

Le film de Dyana Gaye, Des Etoiles, est sorti en salles à Paris le 29 janvier. Cette réalisatrice fait partie d’une nouvelle génération de femmes cinéastes.Elles viennent du Sénégal ou de la diaspora, comme Alice Diop, Mati Diop, Angèle Diabang et Rama Thiaw…

Dyana Gaye, 39 ans, brille cette semaine avec Des Etoiles, un long-métrage qui traite des destins croisés d’émigrés sénégalais en Italie et aux Etats-Unis, et de la découverte de Dakar par un enfant d’immigré né à New York. Après avoir étudié le cinéma à l’Université de Saint-Denis, elle s’est illustrée avec ses premières oeuvres, dont Deweneti (2006), un court-métrage en forme de conte philosophique qui a pour héros un petit garçon qui mendie dans les rues de Dakar, mais qui aide mieux son prochain qu’il n’est secouru lui-même…

Son film suivant, Un transport en commun, nommé aux Césars 2011 dans la catégorie du meilleur court-métrage, a représenté un veritable Ovni dans la production cinématographique africaine : cette comédie musicale à la Jacques Demy voit des passagers d’un taxi collectif, entre Dakar et Saint-Louis, se rencontrer et se raconter en chantant.

Dyana Gaye se cherche derrière la caméra, mais elle n’est pas la seule. D’autres jeunes femmes, Sénégalaises ou Françaises d’origine sénégalaise, réalisent elles aussi des oeuvres remarquées. Rama Thiaw, 36 ans, travaille ainsi au montage de son second documentaire, The revolution won’t be televised, sur la mobilisation du groupe de rap Keur Gui dans le collectif Y’en a marre, lors des émeutes qui ont secoué Dakar en 2011, contre le projet de réforme constitutionnelle du président Abdoulaye Wade. Angèle Diabang, 35 ans, auteur entre autres de Mon beau sourire (2005) et Yandé Codou, la griotte de Senghor (2008), projette une série de longs-métrage sur des destins de femmes.

Des liens forts avec la France et le Sénégal

Alice Diop, 35 ans, diffère sans doute par son itinéraire. Née à Aulnay-sous-Bois, la documentariste s’intéresse aux émeutes des banlieues parisiennes en 2005 avec Clichy pour l’exemple (2005), puis réfléchit à ses racines avec Les Sénégalaises et la Sénégauloise (2007), tourné à Dakar, avant de revenir aux banlieues avec La mort de Danton (2011). Un documentaire sur les espoirs d’un jeune noir de banlieue formé au prestigieux cours Simon, à Paris, mais qui se voit refuser le rôle de ses rêves : Danton.

« Le territoire d’Alice Diop, c’est Paris », affirme Sophie Salbot, qui a produit avec sa société, Athénaïse, de nombreux films africains, parmi lesquels ceux de la réalisatrice sénégalaise Khady Sylla, disparue en octobre. « Il se trouve qu’elle est d’origine sénégalaise, certes, mais elle a eu un rapport très tardif avec le Sénégal» Autre jeune talent : Mati Diop, 32 ans, qui se définit volontiers comme une « Parisienne d’origine sénégalaise ». Actrice et réalisatrice, elle précisait déjà en 2008 au Festival de Cannes : « Les films que j’ai envie de faire en Afrique sont très liés à mon histoire intime, à cet ailleurs-là. »

« Du fait de son métissage, explique Sophie Salbot, Mati Diop a besoin de s’ancrer au Sénégal, dans un lien qu’elle va créer elle-même. Il est important pour son évolution que le lien soit fort et reconnu… » Mati Diop développe d’abord et avant tout un style personnel, un ton et une sensibilité, sans se soucier des questions identitaires et des films « à message ». Elle a de qui tenir, il est vrai. Fille du musicien Wasis Diop et nièce du cinéaste Djibril Diop Mambéty, elle s’est fait remarquer dès ses débuts. Elle a reçu le Tigre du meilleur court-métrage au Festival de Rotterdam en 2010 pour Atlantiques – une fiction qui traite du périlleux voyage en pirogue vers l’Espagne, tenté par des candidats à l’émigration au Sénégal. Puis remporté le Grand Prix du Festival international du documentaire de Marseille, en 2013, pour Mille Soleils, qui part sur les traces de Touki Bouki, le film-culte réalisé en 1973 par son oncle.

Simple tendance ou nouvelle vague ?

« Du point du vue formel et esthétique,explique Rama Thiaw, nous ne formons pas un mouvement. Par contre, dans l’impulsion, l’enjeu de se raconter en tant que femme, donner à voir des histoires urbaines et contemporaines, nous avons quelque chose d’important en commun ».

Pour Olivier Barlet, critique de cinéma et directeur de la revue Africultures, l’existence de ces jeunes talents féminins relève pour l’instant d’une simple« tendance » : « Elles sont typiques du cinéma des années 2000, qui va au-delà des questions identitaires, au-delà de l’héritage de critique sociale et de cinéma engagé laissé par Sembène Ousmane. Dyana Gaye ou Mati Diop proposent un regard de citoyennes du monde. Elles ne se revendiquent pas spécialement africaines»

Ces réalisatrices sortent des sentiers battus et des figures imposées, pour s’affirmer comme cinéastes, hors du cadre du cinéma africain. « Leurs démarches sont marquées par l’incertitude, l’appréhension de l’imprévisible, une sortie des fixations post-coloniales, poursuit Olivier Barlet. Elles sont plutôt liées au cinéma comme genre. » Comme l’esquisse d’une nouvelle vague, donc, mais qui ne dirait pas encore son nom.

rfi

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