« Ils ont détruit l’armée. Il n’y avait pas de l’armée. Ne vous laissez pas dire que Moussa Traoré a laissé une armée. Il n’y avait pas non plus d’Etat, il a fallu tout reconstruire », selon Soumana Sacko. L’ex-Président Moussa Traoré a décapité l’armée que Modibo Keita avait construite, rappelle l’ex-PM Sacko, président du parti CNAS Faso Hèrè. Après être venu au pouvoir, raconte le paneliste, Moussa Traoré a pris un décret contre tous les officiers supérieurs du régime Modibo Keita qui n’étaient pas dans son coup d’Etat. Il leur a tous mis à la retraite, témoigne Sacko. Pour Oumar Mariko du parti SADI, c’est une nouvelle version politique qui s’est retrouvée sur le paysage politique aujourd’hui. Laquelle invective les politiques et les partis. Au public, Mariko a rappelé que les leaders politiques et ceux de l’AEEM de 1991 n’avaient les mêmes agendas et visions politiques. « Les mouvements de mars 1991 n’avaient pas le même agenda, la même orientation et programme politique commun. Le débat n’est pas parti du parti politique. Ce débat a été syndical », rappelle le leader. Ce panéliste soutient que l’UNTM s’est jointe, en 1991, aux rangs des émeutiers pour faire face aux répressions syndicales que le régime de Moussa Traoré avait ébauchées. « Ce sont des histoires, ceux qui disent que Moussa Traoré autorisait des manifestations. L’UNTM a organisé une grève pour exiger le respect des libertés syndicales. Et L’ANBH et le Barreau se battaient pour les vertus de la démocratie et la liberté d’expression. Nous avons été emprisonné en 1991.Nous avons fait trois(3) mois avant d’être sous mandat dépôt, alors qu’il fallait 3 jours pour l’avis du procureur », réitère Mariko. Ces mêmes faits continuent aujourd’hui, selon lui. À ses dires, l’AEEM n’a pas réussi à convaincre, 5 jours de négociation durant, le régime de Moussa Traoré. Un manque de consensus ayant amené l’AEEM, selon lui, à tenir la journée d’actions avec des organisations et associations démocratiques, pour leur expliquer ce qui s’est passé lors des discussions entre le régime et les leaders de l’AEEM. « Le régime de Moussa a divisé le Mali en deux camps : ceux qui étaient pour son régime et ceux qui ne l’étaient pas. On était fatigué des grèves et des marches, on n’en voulait plus le régime. Contrairement à ce qui se dise, il n’y avait aucun complot contre Moussa Traoré. Il a été affaibli par le mouvement populaire de l’Azawad qui a pris des armes contre lui, il faut le reconnaitre », rapporte Mariko. Pour sa part, Mme Sy Kadiatou Sow dit retenir de cette période « la ferveur militante et forte solidarité entre les acteurs démocratiques ».Aussi, elle dit retenir la farouche détermination des milliers de Maliens anonymes dont les fous et les mendiants qui ont été froidement assassinés, lors des meetings et marches, par le fait qu’ils étaient aux mauvais endroits. « Nous avons couru les mêmes risques, face aux répressions barbares et sanglantes du régime de Moussa Traoré. Tous, on allait être tué. Nous voulions une justice fondamentale, la transparence dans la gestion des choses. Bref, les Maliens aspiraient au changement », a-t-elle confié. Mettant l’accent sur les bienfaits de la démocratie, elle cite la nomination des femmes dans des postes électifs et nominatifs, le multipartisme, la liberté d’expression en tant d’autres réformes majeures dans plusieurs domaines. Qu’il s’agisse de Mountaga Tall, passant par Alou Diallo, Marimantia Diarra de l’Adéma et Tiébile Drame, chaque pénaliste a fait part de son analyse sur les 31 ans d’exercice démocratique en mettant à nu les tares et saluant les actes patriotiques et démocratiques.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS