Comme le pauvre monsieur Séguin avec ses chèvres, Ladji Bourama n’avait jamais connu de bonheur avec son mandat. Ces derniers jours, le vent semble favorablement tourner, Alhamdoulillah! Mais jusqu’à quand ?
Après une période de fortes turbulences, LadjiBourama semble enfin retrouver le bonheur. Quand on ne quitte pas son chapelet et qu’on compte parmi ses amis un saint de la dimension du Chérif anti-CEDEAO de Nioro, on finit toujours par trouver du pétrole sous son lit. Ainsi, malgré les noires combines des « hassidis » de l’opposition, qui avaient, selon les devins, monté le FMI contre LadjiBourama, l’institution financière internationale vient de lever ses sanctions contre le Mali. La levée des sanctions signifie, bien sûr, une pluie de milliards. Dans les tout prochains jours, 6 milliards de FCFA d’aide budgétaire tomberont dans nos caisses qui en avaient bien besoin. L’assurance en a été donnée par Christian Josz, chef de mission du FMI au Mali, lors d’une vidéoconférence le lundi 1er décembre 2014. C’est dire que le FMI était si pressé de nous inonder d’argent frais qu’il n’a pas attendu de traverser l’océan atlantique en avion, préférant, pour nous l’annoncer, une rapide vidéoconférence. En mars 2015, le FMI fera un petit tour sous nos cieux; s’il constate qu’une nouvelle affaire de Boeing ou de « Guo Star » ne pollue pas le climat, il mettra au pot de nouvelles friandises, dont quantité de pain au raisin, des gigots de mouton grillés et même du« tikadèguè » (pâte d’arachide), le plat préféré du chef mandingue qui nous gouverne.
Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, l’Union Européenne (UE), qui avait elle aussi gelé ses aides, emboîte le pas au FMI. Elle vient d’annoncer, le 3 décembre 2014, le transfert à notre pays de 62,3 milliards FCFA au titre du « Contrat d’Appui à la Consolidation de l’État ». Confirmant ce très nourrissant appui budgétaire pour 2014, Richard Zink, l’ambassadeur européen au Mali, caresse notre bienheureux gouvernement dans le sens du poil: « L’Unioneuropéenne a confirmé son engagement aux côtés du peuple malien dans ses efforts de stabilisation et de reconstruction du pays. En recevant cette dernière tranche de 95 millions d’euros à l’issue d’une évaluation positive des critères d’éligibilité, le Mali a prouvé sa volonté de poursuivre les réformes engagées.». Pour les amateurs d’archives, l’UE avait déjà octroyé au Mali, en 2013, la bagatelle de 78,7 milliards de FCFA au titre du « Contrat d’Appui à la Consolidation de l’État » signé le 15 mai 2013 à Bruxelles et dont le montant total atteint 225 millions d’euros. Il y a lieu de croire qu’à la suite du FMI et de l’UE, la troupe de donateurs et de prêteurs composée de la BAD et consorts remettra bientôt la main à la poche. De quoi remplir les greniers et faire bombance en attendant la suite des événements, n’est-ce pas ? Question: pourquoi le FMI lève-t-il ses sanctions alors qu’aucun dignitaire n’a laissé la moindre plume dans la sulfureuse affaire du Boeing et des matériels militaires ? La réponse coule de source : LadjiBourama, qui déteste pourtant qu’on le trimbale, a, sur ordre du FMI, reformé au pas de charge le Code des Marchés Publics en réduisant à néant la liste des matériels susceptibles d’être achetés de gré à gré. Mieux, il a fait auditer les marchés suspects par la Cour Suprême et le Vérificateur Général. Pour faire bonne mesure, il a fait publier les accablants rapports d’audit sur Internet, offrant l’occasion à de joyeux perroquets comme moi de se payer sa tête. On ne peut en demander davantage au président d’un pays souverain qui a, de surcroît, pour programme de sauver l’honneur de la patrie ! Par ailleurs, la France, qui mène le FMI par le bout du nez, a intérêt à ce que LadjiBourama retrouve un peu d’argent de poche car un père de famille qui n’arrive plus à faire bouillir la marmite au sud perd sa légitimité, s’engluera dans les contestations politico-syndicales et, dans la foulée, ne pourra jamais signer un accord avec les groupes armés du nord. Or, sans accord au nord, LadjiBourama ne ramassera pas seul les pots cassés. La France, par exemple, devra indéfiniment gérer une poudrière au lieu d’extraire, à bon marché, l’uranium et le pétrole de Kidal. François Hollande, qui ne cesse de dégringoler dans les sondages, n’aura aucune raison de chanter cocorico et devra probablement faire son deuil de l’Elysée. Sans compter que l’ONU n’a nulle envie de continuer à dépenser et à voir mourir ses soldats entre Tessalit et Aguelhok. Ne parlons pas des risques de déstabilisation de pays voisins comme le Niger, la Mauritanie, l’Algérie et le Burkina Faso…Pour toutes ces raisons, le FMI consent à fermer les yeux sur le sort de ceux qui se sont copieusement garni l’estomac à la faveur des contrats suspects. Bien entendu, les juges se mettront du menu frétin sous la dent mais le gros gibier, lui, dormira sur ses deux oreilles, inch Allah !
Bon ! Maintenant que le trésor public est renfloué, Ladji Bourama signera-t-il un accord à Alger ? Voilà la question à cent mille dollars azawadiens ! Un petit conseil d’ami: LadjiBourama devra se débrouiller pour qu’un éventuel accord ne nécessite pas un référendum. En effet, tant qu’il s’agira du nord, les Maliens rejetteront à 99% tout document soumis à leur vote, même si l’ensemble de la classe politique les appelait à y adhérer. Mais comment réussir à contenter les groupes armés du nord sans révision constitutionnelle, donc sans référendum ? J’ai ma petite idée mais elle est payante: je ne la livrerai que quand je serai nommé Ministre d’Etat chargé du Développement des Territoires Spéciaux !
Source: Autre presse
Tiékorobani