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Chronique satirique: Bienvenue au Supermarché « Mali Gâteau Libre Service S.A. »

Si le Mali n’a pas d’armée capable de défendre le territoire nationale, il possède, en revanche, d’éminents ingénieurs financiers qui, par des tours de passe-passe, ont réussi, sous couvert de matériels militaires, à vider le trésor public.

president ibrahim boubacar keita soumeylou boubeye maiga ibk rpm priereLe Bureau du Vérificateur Général (BVG) a fait un travail magnifique. Sans ses experts, on ne saurait rien, avant l’au-delà, des noires combines qui ont abouti à soulager le trésor public de plusieurs centaines de milliards. En réalité, les 29 milliards de FCFA, dont tout le monde parle comme d’un « os jeté aux chiens » (dixit Me Kassoum Tapo), ne sont qu’une goutte dans l’océan de la magouille : à ce jour, il existe deux contrats d’armement de 69 milliards chacun, ce qui, si je sais bien additionner, atteint la bagatelle de 138 milliards de FCFA. A ce gâteau massif s’ajoutent les 20 milliards de l’avion présidentiel. Sans compter les imposants gigots de mouton adroitement dégustés sous la douce appellation de « frais d’approche » ou de « frais de recherche ». Tout cela passe, bien entendu, par une interminable liste d’estomacs, pardon!, de sociétés bidon domiciliées tantôt à Abidjan, tantôt à Anguilla (une île britannique, hé !) et tantôt à Malte. Comme s’il n’y avait pas assez de place sur notre territoire vaste de 1, 2 millions de kilomètres carrés ! Il ne manquait plus aux mangeurs nationaux que d’aller dresser une table de festin sur la planète Mars. S’ils n’y sont pas allés, c’est sans doute par crainte d’y rencontrer un témoin gênant: par exemple, l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra qui, depuis le crash de sa belle navette spatiale dans le ciel gris de Kati, se balade dans la nature. Messieurs les festoyeurs ont tellement d’appétit que l’argent du trésor public ne leur suffisait plus: ils se sont donc tournés vers trois banques de la place qu’ils ont consciencieusement pillées. En comparaison, les pillards de la Séléka, des anti-Balaka et du CNRDRE font figure dee saints imams, wallahi !

 

Le seul reproche que l’on puisse adresser au BVG, c’est d’avoir dormi sur ses deux oreilles jusqu’à ce que le FMI le réveille à coups de bâton.

Pour une autorité réputée indépendante dotée d’un budget colossal, le constat n’a rien d’élogieux. La leçon, c’est qu’en l’absence de pression des bailleurs de fonds étrangers, il serait illusoire de compter sur les institutions nationales pour contrôler quoi que ce soit. Il ne faut surtout pas compter sur les députés; pompeusement appelés « élus nationaux », auxquels la Constitution donne pourtant le pouvoir et le devoir de contrôler l’action du gouvernement. Le FMI et la presse ont beau hurler, le parlement reste clos et coi: aucune commission parlementaire d’enquête ne se mêle de quoi que ce soit et aucune interpellation n’est adressée à aucun ministre.

 

On découvre à travers le rapport du BVG un fait étonnant: le Boeing 737 de Ladji Bourama n’appartient pas au Mali

! Il est immatriculé au nom d’une société du nom de « Mali BBJ Ltd » dont nul ne sait d’où elle vient ni qui la dirige. Le contrat d’achat est, de surcroît, doublé d’un contrat de bail dont nul ne connaît l’utilité: il faut donc, désormais, jeter des cauris pour savoir si l’avion présidentiel est acheté ou loué par le Mali. Qu’en dit le Premier Ministre Moussa Mara ? Docteur émérite en papiers d’avions, Mara a passé la première moitié du 21ème siècle à nous expliquer que si un nouvel avion avait été acheté, c’était parce que l’ancien, hérité du« Vieux Commando », ne se trouvait pas au nom du Mali et qu’il était trop cher de louer un autre appareil. Quant aux chiffres d’acquisition de l’avion, on comprend maintenant pourquoi ils variaient allègrement selon qu’on écoute Ladji Bourama (18 milliards) ou Mara (20 milliards): la vérité, avouée par Soumeylou Boubèye Maiga au BVG, est que l’avion n’a coûté que 7,4 milliards de FCFA. Le très gras supplément de 12,6 milliards a donc fini sa course dans une panse de réquin ! Mais passons…

 

Tous les mirobolants contrats destinés à vider la soupe nationale ont été signés sans visa du contrôle financier, ni déclaration au service des impôts.

Comme quoi, seuls doivent payer l’impôt les pauvres bonshommes comme vous et moi: ménagères, enseignants, marchands de poulets et de colas. Et après qu’on a ainsi tondus comme peau de chèvre, nos routes ne sont pas refaites, ni nos caniveaux nettoyés, ni nos montagnes d’ordures ramassées. Voilà ce qu’on appelle en français de France une République bananière !

 

Les Maliens seraient encore heureux si la pluie de milliards dont on les soulagés avait permis de garder Kidal et environs.

Mais que non ! Ces zones restent contrôlées par une poignée de bandits enturbannés, sans que l’état-major ait d’autre ressource que de contempler les murs et de prendre du thé vert de…Malte. Doit-on en déduire que la faramineuse quincaillerie militaire commandée à « Guo Star SARL » et consorts a été abandonnée aux groupes armés ? En tout cas, nul ne doit plus s’étonner de voir nos troupes perdre toutes les guerres au nord: notre ministère de la Défense est trop occupé à faire des montages financiers pour s’amuser à dresser des plans de bataille. J’ai un petit regret cependant: nos soldats qui, le 21 mai 2014, n’ont dû leur salut qu’à l’agilité de leurs jambes, n’ont même pas eu le temps de dormir une seconde dans les fameux « équipements de couchage » commandés à leur intention ! L’histoire ne dit d’ailleurs pas s’il s’agissait de lits à dix places dotés de spongieux matelas « Fofy »!

 

Le plus drôle, c’est que Ladji Bourama avait répété sur tous les toits qu’il n’y aurait pas, sous son mandat, de gâteau à partager.

Il a eu tort: de bonnes âmes viennent de transformer notre beau pays en véritable supermarché « Mali Gâteau libre Service S.A. ». Bien sûr, la justice ne met aucune hâte à leur mettre le grappin dessus. Ces prétendus« ingénieurs financiers », du haut de nos milliards engloutis, ont le toupet d’inonder la presse d’articles tapageurs au lieu de re réfugier dans l’Azawad où les tribunaux maliens ont fermé et oàù, moyennant une rançon, ils pourraient passer tranquillement le restant de leur vie. Il est vrai que la justice ne s’intéresse qu’au menu frétin (les trafiquants de boeufs et de parcelles, par exemple) et que plus on mange gros, plus on s’immunise contre les mandats d’arrêt ou de dépôt. Il est vrai également qu’il n’y a pas lieu d’emmerder de simples mangeurs de milliards quand des jihadistes coupeurs de mains et des criminels séparatistes sont libérés par camions entiers. Pauvre pays !

 

Tiékorobani

SOURCE: Procès Verbal  du   4 nov 2014.
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