Près d’un mois après la chute du régime IBK, le Mali est toujours dans l’impasse et dans l’incertitude. La junte au pouvoir, qui tente de sauver les meubles, a initié des concertations nationales pour la mise en place des organes de transition. Pendant que des Maliens chantent la souveraineté du peuple pour le choix du Président de la transition, la Cedeao demeure, elle, intransigeante sur sa position : le choix d’un civil pour diriger le pouvoir transitoire.
Dans le contexte actuel, face à la crise de confiance qui s’est installée entre les acteurs et les populations, de plus en plus, des voix s’élèvent pour réclamer que l’on confie la présidence de la transition à un militaire. En effet, bon nombre de Maliens semblent avoir foi en une gestion des affaires de l’Etat par les militaires plutôt que par les politiques. A priori, comme prévu dans les relations internationales, les accords et traités internationaux dûment ratifiés priment sur les textes nationaux. Cela dit, les normes de la Cedeao, auxquelles le Mali a souscrit, sont au-dessus des lois et règlements nationaux. De ce point de vue, il n’y a pas de débats à faire. Ces décisions de l’organisation sous-régionale s’appliquent au Mali. Cependant, dans la pratique démocratique de nos pays, cette exigence sous-régionale va de plus en plus à l’encontre des aspirations des peuples. Lors des coups d’Etat, ces peuples, qui ont vu leurs voix (votes) détournées par les responsables politiques, préfèrent les militaires pour présider la Transition. Faut-il toujours laisser ces mêmes civils faire souffrir les populations à chaque fois qu’il y a un arrêt brutal de l’exercice démocratique du pouvoir ? Selon le contexte, la Cedeao doit plutôt prendre en compte les choix des peuples. Au fait, la question ne se limite qu’au niveau des chefs d’Etat, mais les populations se trouvent au cœur du processus. Un Etat ne se limite pas seulement qu’à l’autorité, mais il y a aussi une population au nom de laquelle le pouvoir s’exerce. Il faut que les populations se lèvent et prennent leur destin en main. Comment comprendre que quelques individus (chefs d’Etat) se réunissent toujours pour décider du sort des peuples en l’absence et contre le gré de ces derniers. De ce fait, une révision des textes de la Cedeao s’impose afin que le peuple la latitude de choisir le président de la Transition. C’est dire que peu importe le profil du président. S’il fait le consensus au sein de peuple, la Cedeao doit s’en tenir à ce choix. Dans beaucoup de pays voisins, les militaires ont réussi à gérer la Transition. Il y a de bons dirigeants qu’au sein des civils, mais les militaires sont aussi capables de mettre le pays sur la bonne voie. Ainsi, au-delà de sa mission de médiation, la Cedeao doit être plus regardant vis-à-vis des aspirations des populations qui payent les lourds tributs des embargos. En réalité, seules les populations peuvent apporter des solutions aux problèmes qui les concernent. De nos jours, le Mali fait face à cette situation. Le dernier mot devrait en principe revenir aux Maliens. C’est pourquoi, affaibli par la non-gouvernance et huit années de guerre contre les terroristes et bandits armées, le Mali joue la carte de sa survie. L’espoir suscité suite à la prise du pouvoir par les bidasses semble se transformer en désespoir. Et pour cause, les débats soulevés autour du choix du Président de la Transition divisent les Maliens.
Jean Goïta
Source: zaharainfos