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Choguel Kokalla Maiga : « La communication est essentielle aujourd’hui dans la gouvernance !»

Depuis son arrivée à la tête du département de l’Economie Numérique, de l’Information et de la Communication, Choguel Kokalla Maiga, non moins porte-parole du Gouvernement malien remplit bien sa mission. Son franc-parler et sa maîtrise des grands dossiers ne sont plus à démontrer. Dans cette interview, il fait le bilan des deux ans de règne du président de la République, évoque les relations du pouvoir avec l’opposition, la liberté de la presse et les grands chantiers de son département. La troisième licence de téléphonie, la HAC, l’ORTM et l’AMAP ne sont pas oubliés. Lisez plutôt.

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L’Enquêteur : Quel bilan faites-vous, Monsieur le Ministre, des deux ans du Président IBK au pouvoir ?

Choguel K. Maiga : Le Président de la République a accédé à la magistrature suprême à une période charnière de l’évolution de notre pays. En 2013, il a pris le relais de la Transition qui a œuvré  à résoudre une crise socio-politique profonde de notre pays. Comme vous l’avez constaté, cette crise s’est prolongée, et à la suite de son élection le Président a hérité de cela. Sa résolution devenant du coup une priorité. C’est le plus gros dossier de son début de mandat. Après avoir organisé les élections législatives, les Assises sur le nord et le Forum sur la décentralisation, il fallait aborder les questions du dialogue pour arriver à un Accord. Le Président de la République est un homme de culture, un homme de paix, de foi et ces valeurs, il les utilise pour mettre à contribution tous les hommes et les femmes de notre pays et aussi les amis du Mali,  pour créer les conditions nécessaires à la paix, seul gage de la relance de notre économie et partant, de notre développement. Par la grâce de Dieu et de tous les Maliens, des pays amis du Mali, un processus de négociation a été enclenché à Alger, avec l’accompagnement de la communauté internationale pour aboutir à l’Accord historique du 20 mai 2015.

Les Maliens ont retrouvé l’espoir même si tout ce qui est acquis doit être consolidé. C’est un gage de stabilité et cela rassure les partenaires qui continuent à parler, à coopérer avec le Mali. Le ministre de l’Economie et des Finances s’attèle à ce que les indicateurs soient au vert, la construction d’infrastructures dans tous les domaines connait un élan certain, comme l’atteste la tournée en 3è région du chef de l’Etat en août dernier. La santé et l’éducation restent des priorités de premier plan pour  Gouvernement. Mais la priorité des priorités reste la sécurité et  pour cela, le Président de la République a impulsé une action qui est une première au Mali : doter le pays d’une loi de programmation militaire. Nos forces armées et de sécurité montent en puissance et font face à leur mission colossale dans le contexte que nous connaissons, aux côtés des forces de la MINUSMA et de Barkhane.

L’Enquêteur : La gestion d’un pays en période de crise n’est pas aisée. L’Opposition est très agressive tandis que la majorité semble quasiment muette. Le Gouvernement semble du coup esseulé…Comment imaginez-vous l’avenir ?

Choguel K. Maiga : Le Gouvernement est dans son rôle, l’opposition tente tant bien que mal de jouer le sien. Le rôle du Gouvernement c’est d’amener les Maliens au bien-être conformément à la vision et aux promesses du Président de la République. Evidemment la gestion de la crise sécuritaire prend une place importante dans la gouvernance et on comprend que l’opposition tente d’y trouver à chaque fois de la matière mais le Gouvernement sous la conduite du Premier ministre reste concentré sur les priorités. Il fait ce que le Président trace et il consolide les acquis. Les Partis de  Majorité restent derrière le Gouvernement et elle joue son rôle.

L’Enquêteur : Le statut de l’Opposition est adopté sous l’ère IBK, la liberté d’expression est une réalité. Quelle relation le pouvoir entretient-il avec la classe politique en général et l’Opposition en particulier, notamment sur les grands dossiers ?

Choguel K. Maiga : Le Président de la République est un démocrate et c’est sous son magistère que le statut du chef de l’Opposition a été une réalité. Aujourd’hui la démocratie malienne a fait un pas supplémentaire et  compte parmi les plus grandes. Pour le moment l’Opposition est dans son rôle. Le Président de la République a un profond respect pour son chef de file désigné, le Premier ministre le consulte au même titre que les chefs de partis de l’Opposition comme de la Majorité. Le climat politique n’est pas tendu. Il y a un dialogue sur les grands dossiers du pays comme vous avez pu le constater sur les questions électorales.

 

L’Enquêteur : Quelle évaluation feriez-vous de la liberté de la presse au Mali sous l’ère IBK ?

Choguel K. Maiga : A ce que je sache il n’y a pas de soucis dans ce domaine. Je n’ai pas souvenance que la liberté de presse ait été entamée depuis l’élection du Président de la République. La presse a un rôle social important. Il revient aux pouvoirs publics de concourir à la protéger. Nous devons aller au delà de la liberté de presse car elle est une réalité au Mali. Aujourd’hui le vrai enjeu pour notre pays, c’est de créer les conditions pour doter nos médias de moyens logistiques humains conséquents pour qu’ils continuent à jouer leur rôle. Le Président de la République le dit à chaque rencontre avec les responsables des organisations de presse : il nous faut avoir des hommes de médias bien formés et des entreprises de médias solides.

L’Enquêteur : De plus en plus de voix, de l’intérieur surtout, dénoncent le trop de liberté accordée à la presse. Le département va-t-il sévir ? Comment ?

Choguel K. Maiga : Sévir ? Loin s’en faut. Ce n’est pas la vocation d’un gouvernement envers des médias. La plupart des dérives dont vous parlez résultent de la qualité de la formation des hommes de presse. Comme le dit l’autre « ils sont dans l’erreur parce qu’ils ne savent pas ». Nous sommes en train de voir avec les organisations de presse et avec la Maison de la Presse en tête, comment créer les conditions pour renforcer de manière durable et fréquente les acteurs de la presse afin que le secteur soit doté d’hommes et de femmes rompus à la tâche, qui ont tous les instruments techniques et intellectuels pour s’adonner à ce métier. L’occasion est bonne pour rappeler que le Gouvernement travaille activement à l’ouverture de la nouvelle école supérieure de journalisme et de communication. Ses textes de création sont adoptés sous la conduite du département en charge de l’enseignement supérieur, il reste à identifier le personnel enseignant et l’administration, à organiser le concours et à envoyer les admis sur les bancs. Très prochainement tout sera mis en œuvre pour que cela soit une réalité. Ce projet est crucial pour le Gouvernement.

L’Enquêteur : Qu’est-ce votre département prévoit en termes d’encadrement des nouvelles chaînes de télévisions nées à la faveur de la libéralisation du secteur de l’audiovisuel ?

Choguel K. Maiga : Le département travaille sur un certain nombre de textes réglementaires et législatifs dont la plupart ont déjà été adoptés par le Gouvernement et l’Assemblée nationale. Il s’agit fondamentalement des textes régissant les services privés audiovisuels et de création de la Haute Autorité de la Communication (HAC). Avec les exigences de la transition de l’analogique au numérique, il fallait pour le Gouvernement d’être prêt pour faire face à cette situation qui sous-tend la libéralisation du secteur notamment la multiplication de chaines de télévision avec toutes les facilités que le numérique offre. Mais il faut aller au bon rythme. Pour le moment la HAC est en cours d’installation avec la nomination de ses membres. Je rappelle que, selon les textes, il revient à la HAC de faire des appels à candidature pour la création de services de communication audiovisuelle dont les télévisions. C’est elle seule qui conseillera le Gouvernement dans l’autorisation de création de chaines de télévision.

 

L’Enquêteur : Quels sont les grands chantiers de votre département ?

Choguel K. Maiga : Il y en a beaucoup. D’abord il faut saluer la volonté du Gouvernement qui veut faire des technologies de l’information et de la communication de véritables ressorts pour le développement socio-économique de notre  pays. C’est cette volonté qui explique le vocable économie numérique. Le développement de l’économie numérique est crucial en ce qu’il entraîne en même temps le développement et la croissance des autres secteurs d’activité. De fait, selon plusieurs analystes et chercheurs, le secteur de l’économie numérique représente le secteur le plus dynamique de l’économie mondiale avec un taux de croissance double de celui de l’économie dans la plupart des pays. Le Mali entend être de cette partie du monde en progrès sur la base des nouvelles technologies. C’est cela la philosophie gouvernementale et l’élan est déjà amorcé. En 2014 le Mali s’est doté d’une Politique nationale de développement numérique appelé « Mali numérique 2020 ». Ce plan s’appuie sur de leviers prioritaires comme le secteur privé, l’éducation, la santé et la recherche et bien d’autres. Évidemment cette politique ne peut pas aller sans organiser le cadre juridique. Celui-ci a été renforcé par l’adoption de divers textes législatifs et réglementaires notamment les lois sur la cryptologie et celle relative aux transactions, échanges et services électroniques, les décrets relatifs à l’identification des abonnés au téléphone et à l’Internet, l’obligation de fourniture d’information et de contrôle de la qualité en matière de télécommunications.

Dans le domaine de l’Economie numérique, l’Etat a à cœur d’assurer le développement de l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication. C’est ainsi que  le Gouvernement a adopté la Politique Nationale de l’Economie Numérique et son plan d’action 2015-2020 (Mali 2020). Le cadre juridique a été renforcé par l’adoption de divers textes législatifs et réglementaires notamment les lois sur la cryptologie et celle relative aux transactions, échanges et services électroniques, les décrets relatifs à l’identification des abonnés au téléphone et à l’Internet, l’obligation de fourniture d’information et de contrôle de la qualité en matière de télécommunications.

D’autres textes non moins importants ont été adoptés dans ce cadre.

L’Autorité de régulation sera bientôt dotée de moyens techniques modernes pour assurer le contrôle efficace, la qualité du service et des trafics. En matière d’infrastructures de télécommunications, il y a ces deux importants projets  réalisés pour un coût global de 40 milliards de FCFA. Il s’agit du  projet de modernisation du réseau optique d’information du Mali  sur financement de la Banque Import Export de Chine (China EXIM Bank), du projet de mise en réseau des services de l’Administration et de la Poste sur financement de la Banque Import Export de la République de Corée (Korea EXIM Bank).

Ils visent à moderniser l’Administration, assurer son rapprochement des usagers, améliorer la transparence et l’efficacité du travail gouvernemental et renforcer la sécurité des populations.

Ils portent sur la connexion par fibre optique sur 1650 km environ couvrant le District de Bamako et reliant  les tronçons à travers le pays.

Dans le cadre de l’émergence de la formation universitaire, le projet « Doniya, un étudiant-un ordinateur », un projet présidentiel,  sera mis en œuvre dès la prochaine rentrée.  L’utilisation du réseau informatique des universités du Mali sera effective à travers la mise à disposition de 100 000 ordinateurs de dernière génération pour les professeurs et les étudiants.

Dans le domaine de la Poste, la mise en place de l’infrastructure réseau E-Gouvernement et E-Poste en fibre optique et en VSAT sera un puissant levier pour la relance de l’activité postale.

Dans le domaine de la Communication, il y a la très importante transition de l’analogique au numérique. Le Mali s’est lancé dans ce processus. A cet égard, la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui sera opérationnelle très prochainement aura en charge la mise en place du nouveau paysage audiovisuel à travers la création de nouvelles chaînes de télévision privées.

Dans le cadre de la transition vers le numérique, une plateforme de Télévision Numérique Terrestre (TNT) a été mis en service pour assurer la couverture de Bamako et environs par les programmes de l’ORTM.

Le déploiement de la TNT sur le reste du territoire se poursuivra au cours de l’année 2016.

Au niveau de la presse écrite, une imprimerie moderne sera bientôt mis en service à l’Agence Malienne de Presse et de Publicité (AMAP).

Pour améliorer la communication du Gouvernement, les textes de création du Centre d’Information Gouvernemental du Mali (CIGMA) ont été adoptés en Conseil des Ministres et le document de stratégie le sera très bientôt.

L’Enquêteur : Justement, Monsieur le ministre, on voit que le Gouvernement a beaucoup communiqué cette année. La communication est une préoccupation majeure du Gouvernement et vous semblez prendre cela très au sérieux…

Choguel K. Maiga : La communication est essentielle aujourd’hui dans la gouvernance, dans la façon de gérer les affaires de l’Etat, de faire face aux missions que le peuple a confiées. Quand on veut être une démocratie, il faut mettre la communication au devant. Le chef de l’Etat et le Premier ministre tiennent à cela car pour eux, tout ce que les hautes autorités, le Gouvernement font est fait pour les Maliens et les Maliennes. Les citoyens doivent être informés des décisions de leurs mandatés, ils doivent avoir la primeur des informations émanant de l’Etat. En juillet dernier nous avons fait le point de ce que nous avons fait en un semestre. Effectivement, les chargés de communication de la Présidence de la République,  de la Primature  des départements ministériels, les structures publiques de médias, mes services ont fait le point de la cinquantaine d’actions de communication que le gouvernement à eu à mener ou émettre. Évidemment la crise sécuritaire a pris une large part car à chaque fois que le Mali, des Maliens, des amis et partenaires du Mali ont été attaqués, touchés, le Gouvernement a été là pour porter l’information aux populations. Et de plus en plus dans les langues nationales car le Gouvernement veut parler à tous les Maliens et Maliennes, dans les villes et les campagnes, sans exclusive.

Bien sûr, il y a encore beaucoup à faire mais le Gouvernement mesure l’immensité des besoins dans ce sens et s’attellera à améliorer l’existant. Comme je l’ai dit plus haut, l’adoption de la stratégie de communication gouvernementale permettra d’asseoir un mécanisme efficace et pérenne.

L’Enquêteur : Une révolution est plus que nécessaire à l’Essor et à l’Ortm. Qu’est-ce que prévoit l’Etat pour accompagner les médias publics à l’ère du numérique, des Tics?

Choguel K. Maiga : Une révolution, c’est un peu trop dit. Une bonne évolution, oui. Le mot changement convient. Les médias publics comme le reste des secteurs doivent sentir le pouls du développement numérique. L’ORTM fera sa mue avec la Transition numérique qui induit de changements profonds, que ce soit au niveau de l’outil technique, des pratiques professionnelles, des besoins du consommateur, ou de la législation et la réglementation. C’est un mouvement d’ensemble qui a son point d’ancrage à la fois dans la Politique nationale d’économie numérique et dans la stratégie nationale de transition numérique. Déjà nous travaillons à revoir le cadre organique de l’ORTM pour le rendre efficace et plus  opérationnel en conformité avec ses moyens et ses missions.

A l’AMAP, en plus de la modernisation des surfaces et plateformes réservées à la publicité notamment le grand affichage, nous nous attelons à doter le quotidien national l’Essor d’une imprimerie moderne, en somme une rotative pour lui permettre de tenir son rôle fondamental de leader, mais aussi sa mission de service public. D’ici la fin de cette année 2015, le produit journal papier sera mieux habillé et peux consommable.

L’Enquêteur : Les textes régissant la création de la Haute Autorité de la Communication (HAC) sont adoptés et ses membres sont connus. Quand sera-t-elle opérationnelle ? Quelles seront ses grandes missions ?

Choguel K. Maiga : Le processus de mise en route est en marche. Les membres de la HAC ont été déjà nommés. Il y a quelques questions budgétaires, de logistiques à régler. Cette instance est très importante pour notre pays. Elle vient non seulement pour combler un vide en matière de régulation des médias audiovisuels surtout mais aussi de rampe pour maîtriser notre entrée dans la télévision numérique terrestre. Il y a et il y aura beaucoup de projets de création de télévisions privées et c’est elle qui étudiera ces projets, les sélectionnera et les proposera au Gouvernement. C’est une partie des missions dévolues à la HAC.

L’Enquêteur : Bien que la licence lui ait été accordée, Alpha Télécom tarde à se rendre opérationnelle. L’Etat va-t-il lui retirer la licence ? Y-at-il des prétendants ?

Choguel K. Maiga : Il y a des textes qui encadrent cette licence et dans l’accord entre l’opérateur et l’Etat, il y a  des engagements de part et d’autres. Pour le moment chaque partie joue sa partition. Alpha Telecom reste le troisième opérateur de téléphonie au Mali.

A.B.D

source : L’Enquêteur

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