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Choguel Kokalla Maiga à propos du traité de coopération: ‘’cet accord est caduc, de nul et de nul effet’’

Le Premier ministre, Choguel Kokalla MAIGA, en plus du communiqué du gouvernement sur la dénonciation du traité de coopération avec la France, s’est aussi prononcé ce lundi sur cette décision qui marque un tournoi dans les relations entre les deux États. Des comportements de soldats français sur le terrain témoignent, selon lui, que la France n’est plus dans la logique de l’accord, en arguant des actes d’espionnage des Français. Il a aussi insisté sur le fait que les autorités ont tout fait afin que la France puisse appliquer ces accords dans le cadre du respect mutuel des  deux États. Par ailleurs, il soutient que la décision a été prise conformément aux « éléments de droits dans les accords internationaux et des dispositions de l’accord, lui-même ». 

 

Nous vous proposons un extrait de l’intervention du Premier ministre.

Nous, notre objectif (le Président de la Transition et le Gouvernement), c’est vraiment resté coller aux cinq objectifs de la Transition. Nous avons décidé de rompre l’accord militaire avec la France.  Nous ne l’avons pas fait parce que c’est réclamé ci et là. Nous sommes très lucides dans ce que nous faisons. Nous avons réuni les éléments de droit et  de politique pour aboutir à la conclusion qu’il n’est plus possible de continuer à rester dans cet accord. Parce que cet accord a été signé dans une période où notre État était très faible. Cela arrive à toutes les Nations. Il y a des périodes difficiles dans l’histoire des pays où il y a des accords qui sont signés. À titre d’illustration, c’est la Turquie moderne.

Après la Première Guerre mondiale et la chute de l’Empire ottoman, était réduite à sa plus simple expression. Il a fallu que des patriotes se retrouvent pour remettre en cause l’accord de Sèvres ’’ pour dire non. Mais pour cela, il a fallu l’union sacrée de toutes les forces patriotiques pour sauver leur pays (les laïcs, les religieux et les traditionnelles).

Nous, notre pays a signé des accords. Nous avons tout fait avec nos partenaires français pour qu’on puisse appliquer ces accords dans le cadre du respect mutuel  des  deux États.

Mais, la réalité est qu’on ne voulait pas voir le M5.

La première fois où le Gouvernement français a décidé qu’il suspend les opérations militaires, c’est le jour (le 3 juin) où nos frères de l’ex CNSP ont dit qu’ils vont donner la Primature au M5. Parce que souvent, les gens oublient les dates dans les débats, tout est significatif.

La deuxième fois, c’est le 7 juin lorsque le Premier ministre a été nommé. Ces deux dates sont les dates auxquelles le gouvernement français a dit qu’il rompt les opérations militaires avec l’armée malienne au motif que le gouvernement malien aurait décidé de discuter avec les terroristes. Aujourd’hui, les pays où ils veulent aller, je ne veux pas citer le nom, mais  le président a libéré les chefs terroristes.

Il les a reçus au palais, il dit qu’il envoie des délégations pour négocier avec eux. Donc, cela montre que c’était un prétexte.

Enfin, c’était des moyens de pression sur le Président de la Transition qui n’a pas cédé et est resté droit dans ces bottes.

Après ces deux étapes, à partir du moment où l’une des parties peut remettre en cause un Accord, nous avons décidé de la relecture de cet accord. Nous avons proposé des amendements qu’on a envoyés.

Ce n’est que trois mois après qu’il nous a été répondu qu’ils vont envoyer une commission technique pour discuter avec nous.

Pendant que nous attendons cette commission technique, la France s’est livrée à des actes de provocation, du dilatoire, d’espionnage, de violation systématique, méthodique, délibéré de notre espace aérien.

Des actes d’espionnage sont conduits contre nos forces de défense et de sécurité. Cela veut dire clairement qu’ils ne sont plus dans la logique de l’accord.

À partir de ce moment, nous avons décidé souverainement à partir d’aujourd’hui (NDLR lundi 2 mai), que cet accord est caduc, de nul et de nul effet. Nous avons puisé les éléments de droits dans les accords internationaux et des dispositions de l’accord, lui-même.  Cela a été fait parce que nous avons un objectif, c’est de libérer le pays et de changer le pays. Nous voulons que chaque fois que les Maliens s’interrogent et c’est leur droit ; chaque fois que les militants et les responsables du M5 s’interrogent, c’est leur droit ;  qu’ils puissent eux-mêmes regarder.

On avance en matière de défense, de réforme, de lutte contre la corruption, d’organisation d’élections transparentes.  Dans la mise en œuvre de l’accord, le gouvernement est très prudent.

En ce moment, même si on n’est pas totalement satisfait, au moins les uns et les autres ont la conviction qu’on est sur la bonne trajectoire. Ça, c’est la deuxième chose qui nous tient personnellement à cœur. Tous les matins, avant de commencer, je m’interroge, quels sont les actes qu’on va poser dans la journée et qui peuvent concourir à atteindre ces cinq objectifs. Vers 23 heures,  je regarde mon téléphone, comme je reçois plus de 500 WhatsApp, plus de 300 messages et plus de 150 appels. Ensuite, je choisis quelques-uns pendant une heure de temps pour rappeler et répondre. La question que je me pose avant de dormir ; les raisons pour lesquelles je suis venu à la primature, est-ce qu’on est sur cette pente ? Qu’est-ce que je dois faire demain matin ?  Avec quel ministre ? Sur quel sujet ?  Si je dois parler avec le Président pour être sûr qu’on avance dans la bonne direction, même si souvent, c’est lent. Tous les actes majeurs que je pose, tous les propos majeurs que je tienne, une fois que l’idée me vient, je prends soin d’en parler avec le Président. À l’issue des discussions, il peut les amender. C’est lui, le Chef, c’est lui le patron. Il peut déconseiller et demander d’avancer dans tel sens.  Mais dans la plupart des temps, très souvent, il me donne son feu vert. Les politiques vont continuer leur débat, quand ils s’affrontent,  les historiens vont écrire, mais nous qui sommes en charge de la responsabilité de l’État, nous devons assumer toute notre histoire au nom de notre peuple pour pouvoir avancer. Si ça réussit, et je crois qu’on doit tout faire pour que ça réussisse, c’est au bénéfice de tous les Maliens.

En tout cas, au niveau du M5 nous avons donné la preuve, dès sa constitution, que toutes les sensibilités politiques qui ont jalonné notre histoire peuvent se retrouver pour une cause juste.

Il y a des gens qui n’allaient jamais se rencontrer autour d’une table avant le M5. Ils se sont retrouvés, ils ont mené le combat, ils l’ont reçu. C’est la première étape. Maintenant, il faut qu’on réussisse l’étape la plus difficile. Qu’on reconstruisît le Mali et rendre le processus du changement irréversible ! Que les jeunes qui ont fait le combat avec nous autres, quand ils vont venir prendre la relève, qu’ils aient moins de problèmes à gérer, qu’ils concentrent leur énergie sur la bonne gouvernance.

Transcription libre Info-Matin

Source : Info-Matin

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