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Cercle de Douentza (Mopti): dialogue intercommunautaire entre les communautés de Petaka et Dallah

Du 31 octobre au 1er novembre dernier, la Division des Affaires civiles de la MINUSMA a appuyé le dialogue intercommunautaire entre les agriculteurs de Petaka et les éleveurs de Dallah, dans le cercle de Douentza.

 

Une cinquantaine d’acteurs étatiques et de la société civile, dont une douzaine de femmes, issus des deux communautés ont pris part à ces ateliers dont l’objectif est d’offrir une plateforme d’échanges et de dialogue inclusif entre les communautés concernées et les autorités locales, vers le rapprochement et la réconciliation.

Ces ateliers s’inscrivent dans le cadre d’un projet intitulé « Soutien aux efforts de réconciliation du Gouvernement, à travers la mise en place et l’opérationnalisation des Comités Communaux de Réconciliation, et l’organisation des dialogues pour la médiation des conflits communautaires dans les régions du Nord et du Centre du Mali, » soutenu par les fonds programmatiques de la MINUSMA.

Pendant deux jours, la salle de conférences de la mairie de Douentza a servi de cadre pour la tenue de ces échanges entre les autorités administratives et traditionnelles, les leaders communautaires et religieux, les représentants des associations de femmes ainsi que les conseils communaux et locaux des jeunes des communes de Dallah et Petaka.

Capitaliser sur les initiatives locales pour renforcer la cohésion

Village, devenu Commune rurale du cercle de Douentza par la loi du 96-059 ANRM du 4 avril 1996, Petaka compte cinq villages pour une population de plus de 7 215 habitants, selon les informations données par la Mairie. Dotée d’un environnement naturel montagneux, où les sols sablonneux et rocailleux se répartissent entre les terres cultivées et les pâturages, cette commune héberge des sites de transhumance. Néanmoins, l’agriculture demeure la principale source de revenus, même si les points d’eau aux alentours permettent aussi la pratique de la pêche.

Quant à Dallah, devenue une commune rurale par la loi 96-056 ANRM du 4 avril 1996, elle comprend une douzaine de villages et neuf hameaux, avec plus de 10 350 habitants dont l’agriculture et l’élevage constituent, ici aussi, les principales activités, marquées par la transhumance pour une grande partie des éleveurs. L’artisanat est une autre activité pratiquée dans cette zone qui ne dispose pas de cours d’eau.

En effet, elle se caractérise par des collines et de vastes plaines parsemées d’herbes et d’arbustes, des zones de pâturage appréciées par les éleveurs locaux et transhumants. Dans les deux communes, cohabitent les Peulh, Dogon, Songhrai et Touareg. Toutefois, l’accès et la gestion des ressources naturelles divisent les deux communautés.

Les crises complexes qui éprouvent les régions du Centre du pays n’ont pas épargné le cercle de Douentza qui connaît aussi un climat sociosécuritaire fragile, caractérisé notamment par des tensions intercommunautaires. Celles-ci ont particulièrement fractionné le tissu social et affecté la cohésion entre les populations ainsi que les efforts de développement socio-économique. Fort de ce constat, l’Equipe régionale pour l’appui à la réconciliation (ERAR) a mis sur pied des Comités de réconciliation (CR) dans plusieurs communes, dont celles de Dallah et Petaka.

Leur mission est de prévenir, et résoudre les conflits, ainsi que de promouvoir la cohésion sociale, à travers une approche prenant en compte les réalités des communautés, et en lien avec l’outil méthodologique du Ministère de la Réconciliation et de la Cohésion sociale. Cet outil qui concourt à la mise en œuvre de l’Accord de paix, permet l’inclusion et la coopération entre les différentes parties pour sa vulgarisation.

En août 2020, sous l’égide du Chef de village de Douentza, ont eu lieu plusieurs rencontres auxquelles ont pris part quatre-vingt-deux Chefs de villages de 9 communes du cercle de Douentza. En plus des questions sur la cohésion sociale et le retour de la paix, la facilitation des activités agricoles et la stigmatisation entre ethnies ont également été abordés.

Ainsi, dans la perspective de profiter de cette dynamique locale, l’ERAR, en étroite collaboration avec le Bureau régional de la MINUSMA à Mopti et les autorités et leaders locaux, a donc initié ces ateliers, dont les travaux ont été présidés par Hamadoun NIALIBOULY, Président de la société civile de Douentza et représentant également le Maire.

« Ces initiatives font partie intégrante de l’appui de la MINUSMA aux efforts des autorités maliennes visant à renforcer l’action qu’elles mènent pour rétablir des relations pacifiques entre les communautés, et mettre en place des structures de prévention et de gestion de conflit », a expliqué Jens KRISTENSEN, Responsable des Affaires Civiles dans la Région de Mopti.

En effet, conformément à son mandat, la MINUSMA est appelée à exercer ses bons offices pour faciliter au niveau national mais aussi local, le dialogue en faveur de la réconciliation. Cela concerne aussi le soutien aux efforts visant à réduire les tensions intercommunautaires, en tenant compte de la responsabilité première des autorités maliennes.

Deux jours de francs dialogues pour s’atteler à recoudre le tissu social

Durant les deux jours d’activité, les représentants et membres de la société civile des communautés respectives ont échangé sur les difficultés auxquelles elles sont confrontées, et sur la façon de les résoudre, en formulant des recommandations. Dans une démarche participative, les deux communautés ont réfléchi ensemble sur les préoccupations et les causes majeures des tensions qui entravent le vivre-ensemble en leur sein.

« La diversité des participants issus de différentes couches sociales des deux communautés constitue l’un des points forts de ces deux jours de dialogue. Le premier jour, nous avons commencé avec une heure de retard, en raison de la réticence de certains à participer. Au fur et à mesure, les participants ont répondu à l’appel, un peu apeurés et crispés, pour finir par se dérider au fil des échanges durant lesquels chacun a pu s’exprimer dans sa langue, clamant que rien ne vaut la paix.

De plus, le partage de repas a été un moment de vivre-ensemble que nous avions perdu depuis plusieurs années. C’est quelque chose d’extraordinaire », s’est félicité M. Seydou DICKO, représentant du Maire de Dallah. Ce dernier, satisfait que ces dialogues viennent combler « un déficit de communication qui a trop longtemps persisté », a souligné que « ces rencontres ont davantage mis en exergue notre rôle en tant qu’autorités locales dans la résolution de conflits intercommunautaires ».

Au terme des deux jours de dialogue, les leaders communautaires de Dallah et Petaka ont unanimement adopté et signé une « Feuille de Route » qui les engage à poursuivre les dialogues intercommunautaires. Les communautés se sont ainsi engagées à identifier ensemble les voies et moyens pour arrêter les agressions physiques, les vols de bétails, les enlèvements de personnes, y compris en impliquant les leaders des milices armées Peulhs et Dogons dans le processus devant mener au dialogue.

Ces leaders ont aussi porté un plaidoyer en faveur de l’appui au financement d’activités génératrices de revenus au bénéfice des jeunes et des femmes. Par ailleurs, ils ont sollicité l’accompagnement de la MINUSMA, de l’ERAR et du partenaire de mise en œuvre, l’Initiative malienne d’appui au développement Local (IMADEL).

« La réussite de cette activité est d’avoir rassemblé les acteurs concernés autour d’un dialogue franc, auquel ils ont activement participé. Au lendemain des ateliers, nous avons fait la restitution dans notre commune et tous ont loué l’initiative d’offrir une plateforme à ces deux localités pour parler de la gestion des ressources naturelles », a indiqué le premier adjoint au Maire de Petaka, Hamidou AROU.

« La confiance commence à revenir et nous sommes déterminés à aller de l’avant. À la suite de ces ateliers, certains ont même osé aborder de nouveau ces questions, en public, sur les ondes des radios locales… C’est un exercice qui ne dérange plus », ajoute-t-il en insistant sur la nécessité d’étendre ces initiatives aux communes voisines où éleveurs et agriculteurs font face aux mêmes problèmes.

Depuis 2014, la Division d’Affaires Civiles à Mopti multiplie les interactions directes et constantes avec les communautés des zones reculées, à travers ses agents de liaison communautaire. Elle mène des échanges de proximité sur des questions d’intérêt pour les communautés et met ses bons offices au service de la cohésion et de la paix.

Source :  MINUSMA

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