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Centre de Dialyse du CHU Point G : quand les malades descendent du lit pour assainir les lieux

Afin de contribuer à l’amélioration des conditions de traitement de l’insuffisance rénal au Mali, les malades du centre de Dialyse du CHU point G, à travers l’Association des insuffisants rénaux du mali (AMADIR) ont procédé à l’assainissement de leur centre d’accueil, le dimanche 4 juin 2023. Une activité qu’ils comptent désormais pérenniser parallèlement à leur combat pour une meilleure prise en charge et un plateau technique adéquat pour le traitement de cette maladie. Ces patients ont mis cette occasion à profit pour, une fois de plus, attirer l’attention des pouvoir publics sur les énormes difficultés qu’ils vivent au quotidien. Seydou N. Guissé, secrétaire général de l’association AMADIR, Aly Badra Sy, malade dialysé et Mme Sissoko Aminata Traoré, trésorière adjointe de AMADIR étaient les porte-paroles.

En collaboration avec les responsables de l’hôpital, les insuffisants rénaux du Centre Hospitalier Universitaire du Point G (CHU-Point G) ont procédé, le dimanche dernier, à l’assainissement de leur centre de traitement. Cette activité a consisté, entre autres, au balayage de la cour, le nettoyage et à la désinfection des salles, des lits, des machines et tout le matériel entrant dans le cadre de la dialyse.

Une initiative que AMADIR a instauré pour réaffirmer son attachement à un cadre de prise en charge plus sain pour les insuffisants rénaux au Mali. « Les lieux sont très impropres ici. Arrivés pour un traitement, il ne faut pas que les malades s’exposent à d’autres maladies plus graves » a indiqué Aly Badra Sy, un patient admis au centre dialyse de point G depuis 4ans.

Il faut reconnaître que les salles de dialyse (au nombre de quatre) sont toutes nettoyées deux (2) fois par jour, mais vu le nombre minime de l’équipe de nettoyage par rapport à l’immensité des lieux et l’affluence des visiteurs, quatre (04) heures par patient et par lit, ce travail semble insignifiant. C’est pourquoi d’ailleurs, AMADIR compte pérenniser cette activité au moins une fois par mois, voire l’étendre à d’autres compartiments de l’hôpital.

Cette journée de salubrité a été l’occasion pour les responsables de l’association  d’attirer l’attention des décideurs sur les énormes difficultés que vivent les dialysés au quotidien, notamment, l’insuffisance des machines, le manque de personnel soignant (5 pour 492 patients), les pannes récurrentes des machines qui conduisent aux problèmes de maintenance (près d’une dizaine de machines était en panne le dimanche) etc.

Des difficultés auxquelles il faut ajouter, les différentes tracasseries que subissent les malades pour avoir les deux séances de dialyse par semaine. A ce niveau, les patients étrangers ou venus de l’intérieur du pays en paient le prix fort. Selon notre interlocuteur, certains patients meurent simplement par faute d’hébergement ou de moyens de transport pour se rendre deux fois par semaine à point G. « Certains patients déboursent jusqu’à 120 000f par mois rien que pour le frais de transport, en raison de 15 000f l’aller-retour entre la ville et l’hôpital point G » a indiqué M. Sy soulignant que ce montant n’est rien par rapport aux examens mensuels que chaque patient doit normalement faire pour contrôler son état de santé en plus des ordonnances souvent non couvertes par l’AMO. Par manque de moyens de transport, rappelle M. Aly Badra que certains patients font régulièrement le choix de déménager dans la cour de l’hôpital et d’autres de rester à la maison et affronter la mort.

Pour les régionaux que nous avons approchés, l’Etat doit décentraliser la dialyse afin de permettre à chaque patient de bénéficier du traitement sans avoir à se déplacer sur Bamako où la vie est excessivement chère. En plus de rapprocher le centre des patients, la décentralisation permettra aussi, selon d’autres de désengorger Bamako en donnant la chance aux malades en attente « plus nombreux que les admis » de trouver une place. Le drame est que pour qu’un malade en attente trouve de place, il faut qu’un admis décède d’abord, ce qui n’est un souhait, sinon les patients en attente sont obligés de se payer des dialyses privées qui coûtent, respectivement, 75 000f par séance à Sanankoroba chez les orangers ; 70.000F au Luxembourg et à la clinique le Renovo à Niarela ; 65.000F à hippodrome ou 50.000f KalabanCoura.

Compte tenu de la précarité du citoyen lambda, l’Etat du Mali doit aller au-delà de son effort actuel en rendant gratuit le traitement de l’insuffisance rénal partout sur le territoire national au même titre que la tuberculose ; le sida et la césarienne etc. Pour réussir cela, l’état doit faire des contrats de partenariat avec les centres privés de dialyse afin d’absorber la longue liste d’attente au niveau du centre de dialyse de Point g.

Si les patients interpellent les plus hautes autorités de la transition à diligenter l’opérationnalisation des centres déjà installés et équipés comme celui de Kayes qui ne dépend plus que du forage d’eau, ce médecin que nous gardons sous anonymat pense que la volonté de l’Etat de décentraliser la dialyse n’est pas une bonne idée. Il souligne que le plus important pour le moment est de pouvoir maîtriser la maintenance des machines, qui n’est toujours pas effective. « Les machines de Dialyse ont régulièrement besoin de maintenance. Donc, il ne sert à rien d’investir à coût de milliards sur de nouvelles machines pour après les jeter au garage. Il faut chercher à maîtriser la maintenance d’abord » nous a confié un personnel soignant.

Selon nos informations, il est prévu avant la fin du mois de juin l’inauguration de 3 nouveaux centres de dialyse, notamment aux CCRF de Lafiabougou ; en commune 5 à Badalabougou et à la base militaire avec chacune 15 nouvelles machines.

Une autre mal dans la gestion des maintenances est qu’au lieu d’utiliser une société libanaise déjà sur place au Mali ici qui assure d’ailleurs la maintenance des machines de certains centres Prives de dialyse à Bamako, les responsables en charge font recours à un Algérien en prenant en charge tous ses billets d’avion aller-retour, son hébergement et sa restauration alors qu’il n’en vaut pas mieux que les autres ici. Pis les machines retombent souvent en pane juste quelques heures après son départ.

Sur ce point, un patient signale qu’il est temps de passer à la transplantation, surtout que l’Etat avait envoyé des médecins en formation afin d’expérimenter cette possibilité au Mali. En effet, certains de nos pays voisins tendent vers cette dynamique aujourd’hui, à l’instar de ceux-ci, les plus hautes autorités du Mali sont invitées à agir. Surtout que cette démarche redonnera un nouvel espoir de guérison aux insuffisants rénaux qui se sentent condamnés de suivre les séances de dialyse tout le restant de leur vie.

Issa Djiguiba

Source : LE PAYS

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