En Centrafrique, le lynchage d’un militaire, mercredi 5 février à l’issue d’une cérémonie très officielle, a provoqué des réactions d’horreur et suscité des condamnations. L’homme était accusé par ses frères d’armes d’avoir fait partie de l’ex-rébellion de la Seleka. Il a été roué de coups, frappé avec pierre et couteau jusqu’à perdre la vie. Ces dernières semaines, plusieurs lynchages ont eu lieu dans Bangui mais celui-ci a eu lieu dans l’enceinte officielle de l’Ecole nationale de la magistrature, alors que la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, venait d’accueillir 4 000 soldats prêts à rejoindre le rang. Cette mise à mort est donc particulièrement symbolique.
Ce devait être une cérémonie marquant la renaissance des anciennes forces armées centrafricaines, les FACA. Elle est devenue le symbole de la violence aveugle qui a cours actuellement en Centrafrique.
A l’issue du rassemblement, des militaires ont lynché un homme suspecté d’avoir fait partie de l’ex-rébellion, Seleka. Ils étaient plusieurs dizaines à participer à la mise à mort, à coups de pied, de pierre et de couteau. Les faits ont eu lieu dans l’enceinte de l’école nationale de la magistrature mais personne n’est intervenu.
Pour le représentant de l’ONU en Centrafrique, le général Babacar Gaye, ce qui s’est passé est à la fois « révélateur » et « inadmissible ». Ces faits, selon lui, doivent faire l’objet d’enquêtes et de sanctions exemplaires.
« J’ai eu, à plusieurs reprises, l’occasion d’appeler l’attention des élites et de la population sur la nécessité d’un sursaut pour éviter la violence aveugle ; la violence inutile à laquelle nous assistons aujourd’hui », a déclaré le représentant de l’ONU avant d’ajouter que « cette violence se traduit par un déchirement du tissu social et par une perte de repères sans précédent dans ce pays. Je salue, à cet égard, le volontarisme de la présidente mais les incidents qui ont suivi, hier, sa visite de remobilisation des FACA sont des incidents révélateurs mais également des incidents inadmissibles. Ils doivent faire l’objet d’enquêtes et de sanctions exemplaires. La Communauté internationale est au chevet de la Centrafrique. Il faut que tous les Centrafricains soient au chevet de leur propre pays », a déclaré le général Babacar Gaye lors d’une conférence de presse ce jeudi matin.
La France, elle aussi, a réclamé des « sanctions exemplaires ». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a fait savoir que Paris soutenait la décision de la présidente de transition, Catherine Samba-Panza, d’ordonner une enquête.
La FIDH, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme réclame, pour sa part qu’une cellule spéciale d’enquête et d’instruction chargée de ces crimes soit mise en place, « pour tracer une ligne rouge et que les crimes ne restent pas impunis ».