Seule à pouvoir intervenir rapidement en Centrafrique,la France vient de recevoir le feu vert de l’Onu pour engager une nouvelle opération militaire sur le continent africain où elle est déterminée à faire cesser les massacres et à empêcher la déstabilisation de toute sa zone d’influence.
Moins d’un an après le début de «Serval» contre les groupes jihadistes au Sahel, et à peine quatre mois après avoir publiquement menacé Bachar-el-Assad d’une intervention militaire punitive en Syrie, François Hollande enfile donc de nouveau son costume de chef de guerre avec cette opération «Sangaris», désormais imminente. Si la situation se détériorait encore davantage à Bangui, où des affrontements entre bandes armées ont fait jeudi plusieurs dizaines de morts, les soldats français pourraient même intervenir dans les heures qui viennent.
La France toujours seule
Comme au Mali, la France part sans ses alliés européens, qui rechignent à l’accompagner sur le terrain dans ce que beaucoup considèrent toujours comme son pré carré. Mais les 1.200 soldats français, qui doivent être déployés en RCA, auront à leurs côtés 3.000 hommes de la force africaine, la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafique), qu’ils sont chargés d’appuyer. Une force encore mal équipée, dont le commandement reste à mettre en place, qui devra prendre dans quelques mois le relai des Français.
En Centrafrique, les militaires français aideront la Misca à monter en puissance. Mais en attendant que cette force, composée de contingents de pays de la région (Tchad, Cameroun, Congo, Gabon), soit pleinement opérationnelle, les Français devront encore faire l’essentiel du travail pour débusquer les bandes armées – ex-rebelles de la Seleka et milices d’autodéfense autoproclamées – et faire cesser les exactions.
La nouvelle politique africaine de la France
«Sangaris» s’inscrit ainsi dans la nouvelle politique africaine de la France : Paris entend désormais aider les pays africains à assurer eux-mêmes leur propre sécurité. La France intervient dans l’urgence, en attendant que des solutions africaines se dégagent. «On ne peut pas laisser les gens se massacrer. Après, il y a l’effet CNN et quand les cadavres s’entassent par milliers, on dit : Mais que fait la France ?», constate fataliste un officier d’état-major.
Paris a pris le temps de fixer le cadre juridique de l’opération. Le vote jeudi d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU lui permettra d’agir en toute légalité internationale. La décision du président François Hollande, chef des armées, devrait intervenir dans la foulée. Il réunissait d’ailleurs un conseil de Défense à l’Elysée ce jeudi à 18H00.
La seule armée occidentale capable d’intervenir
Lors de l’intervention au Mali – où la France compte toujours 2.800 hommes -, les forces françaises ont montré leur efficacité. Une connaissance unique de l’Afrique et la robustesse de troupes aguerries par dix ans d’engagement en Afghanistan en font la seule armée occidentale capable d’intervenir dans l’urgence dans cette partie de l’Afrique. Elles ont aussi montré une maîtrise de la force, qui leur a permis d’éviter les dégâts collatéraux parmi la population civile.
La France dispose surtout d’un dispositif unique de forces prépositionnées sur le continent africain, ce qui qui multiplie sa capacité de réaction : 940 hommes au Gabon, 350 au Sénégal 2.000 à Djibouti, 450 en Côte d’Ivoire, 250 en temps normal en Centrafrique. «Au Mali, nous avons pu intervenir cinq heures après la décision du Président de la République, en Centrafrique nous sommes sur place avant”, soulignait jeudi un responsable de la Défense.
Une opération ponctuelle
Aux 650 hommes déjà déployés à Bangui viendront rapidement s’ajouter 350 soldats qui doivent rejoindre la RCA depuis le Cameroun.
La France table cette fois sur une opération ponctuelle. «Nous mobilisons un millier d’hommes pour une période de montée en puissance de 4 à 6 mois, puis de retrait progressif de 4 à 6 mois», a résumé mardi Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, dans une interview au quotidien Le Dauphiné. Laurent Fabius a lui parlé de 1200 hommes ce jeudi sur BFMTV. Prudents, les militaires notent que le chef de l’Etat n’avait pas fixé de délai lors du déclenchement de l’opération Serval, mais uniquement des objectifs : chasser les jihadistes et rétablir l’intégrité territoriale du Mali. En Centrafrique comme au Mali, la durée de l’opération française dépendra de ses résultats sur le terrain.
SOURCE / AFP