A en croire la presse locale, le chantre de la Rupture était déjà absent du territoire national. Au lendemain du Conseil des ministres du mercredi 3 juillet, l’homme fort de Cotonou se serait envolé vers Paris. Officiellement, aucune communication n’a été faite autour de ce voyage qui intervient à quelques jours d’une réunion importante pour les chefs d’Etat de la Communauté économique ouest-africaine. Pourquoi Patrice Talon a-t-il fait ce choix ? S’il est vrai qu’il n’était pas tenu d’être présent à cette rencontre, il avait montré il y a quelques mois, beaucoup d’intérêts aux activités de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Peu avant le coup d’Etat intervenu au Niger, il avait été mandaté par ses pairs de la sous-région pour restaurer le climat de confiance entre Assimi Goïta, Mamadi Doumbouya, Ibrahim Traoré et la Cedeao. La décision avait été prise le 18 juillet 2023 au cours d’un mini-sommet tenu à Abuja alors que Bola Tinubu venait d’être investi dans ses fonctions de président du Nigeria et par ailleurs nouveau président en exercice de la Cedeao. Puis le coup d’Etat au Niger est intervenu et le Président Talon avait été désigné médiateur. Alors que plusieurs médias avaient annoncé que Talon était en route pour Niamey, il ne s’est finalement pas rendu à Niamey pour échanger avec les nouvelles autorités après son détour à Abuja où il a tenu des propos durs suite au coup d’Etat.
« La situation est suffisamment préoccupante pour que la Cédéao et le président Tinubu, le président du Nigeria, voisin du Niger, avec le Bénin, voisin du Niger également, nous prenions la chose au sérieux et agissions rapidement. Je crois que tous les moyens seront utilisés, au besoin pour que l’ordre constitutionnel soit rétabli au Niger, mais l’idéal serait que tout se passe dans la paix et dans la concorde donc les actions de médiations seront renforcées ce soir même pour que cette situation s’arrange dans la paix« , avait déclaré le Président Talon.
Par la suite, la CEDEAO a imposé des sanctions contre le Niger qui ont été suivies par le Bénin. Les autorités nigériennes ont par la suite reproché au numéro un béninois d’avoir soutenu la position des dirigeants de la Cedeao après le coup d’Etat ayant renversé du pouvoir l’ancien président Bazoum. Cette situation a été décisive par la suite pour les relations entre le Bénin et le Niger.
La situation du Niger a-t-elle été à la base de cette absence de Patrice Talon à Abuja ? A-t-il pris la décision de s’éloigner un peu de ses pairs qui l’ont abandonné face au Niger ? En d’autres termes, l’actuel homme fort de la Marina serait-il en froid avec les autres dirigeants de la Cedeao ? Autant de questions qu’on pourrait se poser dans un contexte où les autres présidents de la Cedeao sont restés assez loin de la crise entre le Niger et le Bénin. Certains pays comme le Togo, ont d’ailleurs essayé de tirer profit de ce conflit. Lomé s’est davantage rapproché de Niamey malgré les sanctions communes prononcées par les chefs d’Etat. Dans plusieurs secteurs avec le Niger, le Togo tente de remplacer le Bénin.
Pour l’heure, le président Patrice Talon a considérablement diminué ses sorties médiatiques sur la situation avec le Niger. Les coulisses de la médiation que pilotent les anciens présidents ne sont pas connus du public. Aucune information réelle n’a filtré de la rencontre entre les trois personnalités. Patrice Talon a-t-il fait le choix de la discrétion désormais ? L’avenir nous le dira.
Source : La Nouvelle Tribune