Les trois pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Burkina Faso, le Mali et Niger, ont décidé de quitter le navire CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), hier dimanche 28 janvier 2024. L’annonce a été faite par les ministres porte-parole des trois gouvernements qui dénoncent, entre autres, un éloignement des idéaux fondateurs de l’organisation sous-régionale après 49 ans d’existence. Ils en veulent pour illustration des sanctions injustes contre leurs peuples et l’assujettissement à des puissances étrangères.
Ouagadougou, Niamey et Bamako accusent l’Institution régionale d’être «sous l’influence de puissances étrangères » et estiment que la trahison de ses principes fondateurs constitue une menace pour ses Etats membres et ses populations qu’elle est censée entretenir. Dans leur communiqué conjoint, les trois Etats évoquent également, la non-assistance de l’organisation dans leur lutte contre le terrorisme et dénoncent les sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables » infligées à leur pays au lendemain des coups d’Etat.
La décision intervient à quelques encablures d’éventuelles sanctions latentes à l’encontre du Mali pour non-respect de ses engagements d’organiser des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel. Seulement voilà : bien que prononcé, ce retrait risque de ne pas produire les effets escomptés, du moins pas avec l’immédiateté exigée par les trois États. Et pour cause, selon les termes de l’article 91 du Traité de l’organisation sous-régionale «Tout Etat membre désireux de se retirer de la Communauté notifie par écrit, dans un délai d’un (1) an, sa décision au Secrétaire Exécutif qui en informe les Etats Membres. A l’expiration de ce délai, si sa notification n’est pas retirée, cet Etat cesse d’être membre de la Communauté ». Et de mentionner qu’«au cours de la période d’un (1) an visée au paragraphe précédent, cet État membre continue de se conformer aux dispositions du présent Traité et reste tenu de s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du présent Traité». Comme quoi, si l’objectif est d’échapper à de nouvelles sanctions après l’expiration du délai imparti pour la durée de la transition, les pays de l’AES pourrait demeurer malgré eux membres de la Cedeao jusqu’à l’expiration de ce délai.
Quoi qu’il en soit, avoir quitté le G5 Sahel, chassé la France et la Minusma et mis fin à l’Accord d’Alger sur fond de crise diplomatique avec l’Algérie, le Mali se rend solidaire d’hostilités contre la Cedeao avec des implications inestimables et porteuses de conséquences dramatiques à la fois pour les populations à l’intérieur que de pour la diaspora installée dans les pays membres de la Cedeao. Tenez-vous bien : désormais notre accès aux ports d’approvisionnements risque d’être plus rigoureux rendant le prix de revient des denrées de première nécessité inaccessible aux populations. Nos compatriotes installés dans ces pays pourront être appelés également être assujettis à un régime de cartes de séjour pour vivre paisiblement dans les pays d’accueil, au risque d’être purement et simplement interdits de séjour. Et que dire du gâchis des cartes biométriques estampillées CEDEAO et ses avantages inhérents en termes de lutte contre la criminalité internationale, de la libre circulation des personnes de leur biens ou encore des mécanismes d’arbitrage déjà activés par les organes appropriés de l’organisation en rapport avec les trous pays
Amidou Keita