Niamoye Sangaré, jeune journaliste-bloggeuse, s’exprime sur la Loi 052 et son non-respect par le nouveau gouvernement. Après ses dénonciations, elle demande aux femmes de s’imposer par le mérite afin de prendre les places qui leur reviennent.
Mali Tribune : Mme Niamoye Sangaré, pouvez-vous nous parler un peu de la Loi 052 ?
N. S. : La Loi 052, est celle instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives qui a été votée le 18 décembre 2015. Cette loi, contrairement à ce que beaucoup pensent n’est pas une loi seulement pour les femmes. Elle exige le respect d’un quota de 30 % minimum pour l’un des deux sexes aux fonctions nominatives et électives. Bien qu’au service des deux sexes, la Loi 052 votée sous l’égide d’Ibrahim Boubacar Keita par 115 voix pour, 22 voix contre et 3 abstentions, a surtout donné un regain d’espoir aux femmes qui étaient les plus marginalisées. En outre c’était une occasion en or de pouvoir s’affirmer pleinement dans les fonctions nominatives et électives du pays.
Mali Tribune : Cette loi a-t-elle été une fois respectée au Mali ?
N. S. : Oui, elle avait été respectée dans le premier gouvernement après son vote, dans le gouvernement sortant qui était dirigé par Soumeylou Boubeye Maïga. En effet, le gouvernement de SBM comptait 11 femmes sur les 32 membres, soit 34 %. Cette décision innovante a beaucoup été appréciée par la population malienne d’ailleurs car de l’indépendance à nos jours, le Mali n’a connu que 65 femmes ministres. Cependant très vite, le gouvernement est tombé dans ses travers de violation de cette loi dans la composition de l’équipe Boubou Cissé.
Mali Tribune : Est ce qu’elle a été respectée dans ce nouveau gouvernement ?
N. S. : Malheureusement, le nouveau gouvernement de 38 membres ne compte que 8 femmes, soit 23, 68 %. Le quota de 30 % minimum n’a donc pas été respecté.
Mali Tribune : Et quelle serait la cause de ce non-respect ?
N. S. : La cause de cette nette régression ? Et bien on la cherche tous et seul le décideur, Monsieur le Premier ministre Dr. Boubou Cissé est bien placé pour répondre à cette question. Est-ce un manque de volonté politique ? Un manque de femmes capables d’assurer les autres postes de ministre ? Ou un simple sabotage de la Loi 052 du 18 décembre 2015 ?
Mali Tribune : Quel est votre dernier mot à l’endroit des femmes ?
N. S. : Je tiens surtout à souligner que je ne suis pas pour le fait de nommer une femme juste parce qu’elle est femme. Cependant des femmes braves, capables et bien faites intellectuellement, il n’en manque pas au Mali. J’en profite aussi pour lancer un petit message aux femmes. Arrêtons de tout demander, formons nous, soyons confiantes et un jour c’est nous qui allons fixer le quota de 50 % pour tous les postes.
Propos recueillis par
Koureichy Cissé
Source: Mali Tribune