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Ce qui pourrait arriver

Les lettres n°1/PR- Cab et suivantes de la Présidence de la République en date du 10 avril 2019 invitent les partis et groupements politiques à une cérémonie de remise de l’avant- projet de révision de la Constitution, résultat du travail du Comité d’experts mis en place par le Premier ministre le14 janvier 2019. Et comme par hasard, le programme journalier des rendez vous du président consacré à ces futures rencontres a été fuité sur les réseaux sociaux, comme pour prendre l’opinion publique à témoin.

Il y a comme du cynisme dans cette démarche, de mon point de vue. Peut être que je me trompe.

Le président avait dit avec beaucoup d’emphase que sa main tendue avait finalement rencontré celle de son “frère” Soumaïla Cissé. Depuis cette déclaration, le président a été pris dans une multitude de rencontres, non seulement avec son “frère”, mais également avec presque tous les acteurs de la majorité aussi bien que de l’opposition politique.

Le message communément transmis au Président par tous les acteurs est le suivant: les mécanismes mis en place unilatéralement pour mener les réformes ne sont pas inclusifs et l’initiative de la réforme constitutionnelle n’est pas conforme à l’esprit des textes. Il urge donc d’organiser un dialogue national inclusif (refondateur) pour trouver des réponses concertées aux multiples défis auxquels le pays est confronté. Ce dialogue devrait se prononcer sur les réformes politiques et institutionnelles et des réformes administratives. Il devrait déboucher sur un accord politique.

Qu’est il advenu de ces préoccupations auxquelles le président semblait pourtant si sensible. Il semblait tellement perméable à cette démarche qu’il a eu 5 ou 6 rencontres avec le chef de file de l’opposition pour affiner les détails de sa mise en œuvre. Quel ne fut l’espoir suscité au sein de l’opinion par cette série de rencontres. Puis, Pfff! le ballon  s’est dégonflé.

Au vu de ce qui précède, qui aurait pu imaginer que l’on en serait revenu au point de départ, qui était en fait le point de discorde, c’est à dire “on revient à sa démarche unilatérale initiale et rien d’autre”.  La démarche initiale consiste à exiger de l’opposition de reconnaitre les mécanismes que le premier ministre a mis en place ainsi que le chronogramme d’exécution de ses priorités. C’est à croire que les heures passées à discuter des autres alternatives avec le président  n’auront servi à rien, sauf à gagner du temps et à entrainer l’opposition dans une spirale visant à la discréditer au yeux de l’opinion publique.

Un cinglant coup d’arrêt vient d’être porté à ce jeu. En effet, aussi bien le FSD que la COFOP ont tous les deux décliné l’invitation à participer à la cérémonie et dit leur désapprobation de la démarche présidentielle.

Il y a comme  une volonté des dirigeants de faire passer les réformes institutionnelles,  politiques et administratives au forceps, sans aucun égard pour les vues exprimées par l’opposition. Cela ne fera que durcir la posture de l’opposition, qui se sent utilisée et flouée.

Le risque est que la corde du dialogue ne casse définitivement. Une partie de l’opposition le fera certainement savoir à la faveur de sa conférence de presse de ce vendredi 12 avril.

Je pressens un nouveau bras de fer dans les jours à venir.

Le moment est mal choisi. Tous les voyants sont au rouge sur le front politique et social. Il y a juste une semaine “la grande marche d’un million d’hommes et de femmes” a eu lieu pour dénoncer la gouvernance du pays, avec les promesses de remettre ça!. Aujourd’hui même, les enseignants ont battu le pavé à Bamako et dans les régions contre le gouvernement. Tant d’autres situations de tension persistent, sans compter l’insécurité grandissante et le mal vivre ambiant.

Est ce le moment de jouer au plus au plus fort ? Est ce le temps d’engager un nouveau bras de fer? Pour quels gains? Beaucoup d’acteurs de l’opposition sont d’accord pour la réforme des institutions et les réformes politiques et administratives, même pour la création de la deuxième chambre du parlement. Ils ne sont pas d’accord avec l’approche unilatérale qui exclut un segment important de la population. Ce qui risque d’arriver, c’est que le raidissement des positions pourrait remettre en cause cette prédisposition aux réformes. A partir de ce moment tout ce qui sera réalisé comme réforme sera contesté par une partie de la population, qui ne s’y reconnaitra pas.

Fallait- il en arriver là? ou faut il revenir à de meilleurs sentiments et prendre le temps d’inclure toutes les sensibilités dans la définition du destin du pays? Pour moi, le choix est vite fait. Le temps doit être plus que jamais à l’apaisement.  Quel est votre choix?

A bon entendeur salut!

Cheick Sidi Diarra

Ancien ambassadeur du Mali auprès

des Nations Unies

kelendji2@gmail.com

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