L’arrivée au pouvoir de façon démocratique (77,80 des voix lors de la présidentielle de 2013), du candidat du RPM, El Hadji Ibrahim Boubacar Kéita (IBK pour les intimes, le Kankélen Tigi), avait donné un immense espoir au peuple malien qui en avait marre des méthodes de gestion dites « démocratiques » emmenées par de prétendus marchands d’espoirs et de développement. Vingt trois ans après, le bilan est hallucinant et les esprits se chauffent.
Un peu plus d’un an d’exercice du pouvoir par IBK et son équipée de fortune, par leur façon de diriger le Mali, ont augmenté le désespoir qui a gagné les maliens engendrant une tension suite aux révélations sur des scandales retentissants de surfacturation, les équipements de l’Armée, l’avion présidentiel, la propagation du virus Ebola, j’en passe. La tension est vive et les commentaires font rage dans les salons feutrés de la capitale et même dans le Mali profond.
Le dernier élément me donne l’occasion de rappeler dans ces mêmes colonnes que le Ministre de la Santé, M. Ousmane Koné, doit démissionner pour son mensonge grotesque sur ses prétendues mesures prises depuis le déclenchement de la pandémie en Guinée-Conakry le 21 mars dernier. Et pour cause, nous avons été l’une des rares rédactions avoir dépêché (comme d’habitude) une équipe à la gare de Djioroni et à Kourémallé pour constater les mesures prises par ce département de la Santé. Mieux, nous avons tenté par tous les moyens pour rencontrer ce Ministre ou ses collaborateurs, rien n y fait, la fuite en avant et le mépris ont été notre réponse. Et tenez-vous bien, il aura fallu les décès de la clinique « Pasteur » que des séries de formations des agents de la santé soient déclenchées la semaine dernière. De qui se moque-t-on ?
Sur ce dossier, je peux dire sans me tromper que le Ministre Koné a menti au Chef de l’Etat. Pour ce faire, des sanctions doivent être prises à son encontre, voir le démettre en attendant de situer les responsabilités.
De ce fait, ce cas est un révélateur des coups bas dont est victime le Président de la République qui ne peux que constater les dégâts et son aura prend du plomb dans l’aile qui n’en peut plus. C’est ce qui explique le périple du Chef de l’Etat ça et là pour essayer de faire baisser une tension qui monte crescendo de jour en jour. Oui, Excellence, je sais que ce n’est pas facile pour vous certes, mais compte tenue de la situation sociale tendue et qui est due à la crise économique difficile et se durcissant, vous devez vous assumer puisque l’heure est grave. Loin de moi la prétention de donner des leçons ou de faire l’avocat du diable, la situation que le Président de la République vit est difficile et complexe dans ce sens qu’il est victime de trahisons à trois niveaux : primo de son entourage ( sa belle famille accusée à tord ou raison); secundo de son parti ( des cadres véreux, versatiles…) et tertio de cadres d’autres partis ainsi que des citoyens sans coloration politique dont certains sont cités dans les scandales récents.
L’entourage d’IBK
A peine introniser Président de la République, le candidat du RPM, IBK, a commis sa première erreur de casting dans la formation de son gouvernement en jetant son dévolu sur des individus trainant des casseroles les plus retentissantes. Comment comprendre qu’avec la crise que nous vivons, ces mêmes donneurs de leçons en matière de démocratie, continuent à vouloir s’expliquer sur leur forfaiture qui ne font qu’exaspérer les esprits ?
Votre slogan : « Le mali d’abord », s’est transformé en « ma famille d’abord », comme le martèle-t-on ça et là. L’élection du Président de l’Assemblée Nationale qui a vu le beau père de votre fils, désigné sans coup férir, malgré votre mise en garde, a porté un coup à votre image par ce début de mandat extrêmement important puisque les maliens attendaient beaucoup de vous. Les agissements de certains caciques porteront de sérieux coups à l’aura du Chef de l’Etat qui s’isole de jour en jour.
La pression des barons du parti
L’élection surprise du candidat IBK à la présidentielle de 2013 car, à trois mois de cette fatidique, j’ai eu l’occasion de côtoyer certains cadres du parti et non les moindres pour les rassurer de l’étoile du candidat IBK au cours de cette présidentielle pour la quelle, l’ex CNRDRE du Capitaine Sanogo (à l’époque) ainsi que certains partis et forces vives avides de changement n’ont ménagé aucun effort pour une victoire éclatante d’IBK.
A peine élu, le parti RPM rafle la majorité des sièges lors des législatives âprement disputées dans certaines contrées et contrôle l’Assemblée Nationale avec le renfort combien important de partis. Malgré cette solidarité, l’appétit glouton de ce parti, verra jour dans les nominations à des postes de responsabilité. Cette solidarité sera foulée aux pieds bien que le Président IBK voyant la lourdeur de la charge, a donné comme consigne le consensus. Pire, l’élection du Président de l’AN où son poulain Abderhamane Niang, sera abandonné en rade au profit du beau père de son fils. Depuis lors, le slogan : « Le Mali d’abord », a pris un sacré coup. Le Chef de l’Etat n’a eu que ses yeux pour pleurer », selon nos sources. L’amertume est grande. Depuis cette date, la tension entre lui et son parti s’est installé dans la durée. Une première sous l’ère démocratique que les citoyens désabusés assistent à un bras de fer entre le Président de la République et sa formation politique avec la Baraka de ses alliés (et non les moindres) qui l’ont permis d’être élu.
A mon entendement, cette grosse incompréhension entre IBK et le BPN du RPM emmené par le félin SG Bocary Téréta, non moins Ministre du Développement Rural et autres, ne devrait pas porter un sacré coup à la marche du pays. Pourtant, c’est ce qui se passe depuis la nomination de Oumar Tatam LY comme Premier Ministre ; pire, celui-là démissionnaire a vu un autre « lièvre », Moussa Mara, bombardé PM à la stupéfaction générale d’un landerneau politique à la recherche de repères.
En tout cas, avec la situation qui prévaut (négociations d’Alger balbutiants, le virus Ebola, crise économique aigue, le Chef de l’Etat et ses camarades politiques ont besoin de l’avis de tous les acteurs dont l’Opposition, qui devra travailler à aider le locataire de Koulouba à sortir le Mali de l’ornière que de manœuvrer pour compliquer une situation déjà délétère oubliant que 2014, n’est pas 1997 ou 2012.
Enfin, le Président, devra tenir compte duc ri du cœur du peuple à travers la société civile qui est entrain de faire sa mue et qui est suivie, écoutée par les maliens.
Et chaque jour qui passe, nos compatriotes jugent les actes posés par le régime à travers surtout ses engagements. En clair, un SOS est lancé pour retrouver le Kankélén Tigi, respectueux des deniers publics et du Mali qu’il a incarnée.
En tout cas, avec la situation qui prévaut, la conjugaison des efforts de tous, vaudra mieux afin de sortir le pays de cette période cruciale.
Toute manœuvre allant dans le sens contraire, est déconseillée. Au quel cas, ses auteurs trouveront le peuple debout comme un seul homme.
Bokari Dicko