BILAN. Selon le gouverneur de la région du Sahel, la nouvelle attaque qui a visé l’église du village de Pansi, dans le nord-est, a fait 24 morts et 18 blessés.
Dans la journée de dimanche, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « a attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non-résidents », a écrit le colonel Kaboré dans un communiqué transmis à l’AFP. Le précédent bilan de sources de sécurité, qui faisait état d’au moins 10 tués dans cette attaque djihadiste présumée au moment du culte dominical, est donc revu à la hausse. On dénombre désormais 24 morts et 18 blessés. Pour l’heure, l’attaque n’a pas été revendiquée, mais les groupes djihadistes sont pointés du doigt.
Une attaque à l’heure du culte
« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur. « Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté. L’attaque de Pansi intervient quelques jours après celle perpétrée dans la localité voisine de Sebba. Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur. Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.
Des assaillants, selon les témoins, mais pas de revendications
Les attaques attribuées à des groupes djihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina. L’église des Assemblées de Dieu de Silgadji, dans la province du Soum, les églises catholiques de Dablo et de Toulfé ou encore l’église protestante d’Hantoukoura, à l’est, font partie des cibles récentes. D’après l’Index mondial de persécution des chrétiens 2020 réalisé par l’ONG protestante Portes ouvertes, les chrétiens subissent une « très forte persécution » au Burkina Faso. Alors même que le pays est réputé pour la sérénité avec laquelle vivent les différentes communautés religieuses entre elles. « Le domaine de la violence a augmenté soudainement suite à une vague d’attentats terroristes visant spécifiquement les chrétiens », affirme le rapport.
Des « assassinats » qui « ont traumatisé les communautés chrétiennes, créant un climat d’insécurité et renforçant la pression dans tous les domaines de vie », expliquent les auteurs. Aux côtés des victimes chrétiennes s’ajoutent également plusieurs imams, assassinés eux aussi par les djihadistes dans le nord du Burkina. Selon des sources sécuritaires, ceux-ci étaient « considérés comme pas assez radicaux » par les djihadistes ou « accusés de collaborer avec les autorités ».
Au total, en trois ans, les attaques djihadistes au Burkina ont fait plus de 700 morts, selon un décompte de l’AFP, et plus de 600 000 déplacés internes et réfugiés, d’après les Nations unies. Malgré l’aide militaire extérieure, le pays peine à enrayer la spirale de violences dans laquelle il est pris depuis fin 2015. Les conséquences humanitaires, elles, sont très lourdes. D’après l’Unicef, près de 5 millions d’enfants auront besoin d’aide humanitaire au Burkina, au Mali et au Niger, les pays voisins touchés eux aussi par les attaques, qui ont fait 4 000 morts.