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Catherine Mancip : « Si tout va bien, le demandeur de visa n’aura plus à venir au consulat de France »

Le Consulat général de France a mis en place le 23 janvier une nouvelle procédure de collecte des demandes de visas. Mme Catherine Mancip, Consul général de la France au dans notre pays revient, en exclusivité pour Journal Du Mali, sur les différents contours de ce changement.

Qu’est-ce qui a suscité la mise en place de la nouvelle procédure de collecte des demandes de visas sur passeport ordinaire ?

Cette nouvelle procédure s’inscrit dans un mouvement mondial. Tous les consulats de France de par le monde confient cette collecte à un prestataire de services. C’est déjà le cas à Dakar et à Abidjan. Le Mali, ensemble avec d’autres pays de la sous-région comme le Burkina, le Togo et la Guinée Conakry suivent le pas. Ce changement intervient maintenant parce que nous avons constaté une augmentation de la demande de visas à laquelle nous ne pouvons pas faire face dans des conditions d’accueil confortables. Les locaux ici (Consulat de France) ne sont pas prévus pour cela. En 2016, nous avions au Mali 16000 demandes. En 2018, elles ont atteint 19000. Cela augmente assez rapidement. Ce qui freine cette demande, c’est notre incapacité à offrir d’avantage de rendez-vous. Notre président s’est engagé à favoriser la mobilité d’affaire et la mobilité légale et donc nous devons répondre à cet engagement.

Quels avantages liés à ce changement de procédure peut-il y avoir pour le demandeur malien de visa pour la France ?

D’abord le premier avantage, c’est qu’il n’a plus à se déplacer au consulat. Il va à l’ACI 2000, au centre Capago Mali pour déposer son dossier et pour retirer son visa. Cela va être plus facile pour lui. Ensuite, nous avons l’accueil, des locaux dédiés, donc plus spacieux et confortable. Un accueil VIP aussi qui est prévu pour ceux qui le solliciteront. Nous en attendons également des durées de rendez-vous et des durées de traitement raccourcies. Aujourd’hui, en moyenne, nous sommes à 15 jours en période normale. L’idée c’est de maintenir ces 15 jours  par rapport à une augmentation de la demande  ou voire, à certaines périodes de l’année, de diminuer  ce délai, parce qu’à partir du moment où au consulat nous ne faisons plus l’accueil, nous pouvons faire davantage d’instructions. C’est la collecte du dossier qui est faite au centre Capago Mali, mais l’instruction des dossiers est toujours faite au consulat.

Y aura-t-il des changements concernant les demandes de rendez-vous et la mise au point en ligne du dossier ?

Il y a des modifications, mais qui ne sont pas liées au prestataire de service mais plutôt à la réglementation. La nouvelle prise de rendez-vous est un peu différente de l’ancienne. Il n’y a plus de code par exemple. Une fois sur le site internet de Capago, il y a une icône bleue en haut, à droite. Vous cliquez dessus et vous prenez rendez-vous. Il y a toute une procédure de rendez-vous avec un système de pré-payement à la banque. Quand vous prenez rendez-vous, on vous donne un numéro de dossier qui va vous suivre tout au long de la procédure. Cela permettra également au demandeur de suivre le dossier, de savoir où il en est. Le rendez-vous est toujours obligatoire. Ce qui va être un changement, mais qui n’est pas lié au centre dédié, c’est qu’il faut impérativement saisir son dossier en ligne dans l’application France Visa. Aujourd’hui 95% des dossiers sont manuscrits. De plus en plus, nous nous orientons vers un portail qui est à l’échelle mondiale, non pas seulement pour le Mali, c’est l’espace Schengen. Le visa est demandé à l’ambassade de France, mais pour rentrer dans l’espace Schengen. Etant donné que le demandeur peut aller après dans les autres pays de l’espace, nous sommes obligés d’obéir à cette réglementation européenne de l’espace Schengen. Du coup, la saisie en ligne du formulaire va devenir obligatoire. Il faut commencer maintenant. Pour nous, c’est beaucoup plus lisible et cela nous permettra de traiter l’instruction du dossier beaucoup plus facilement.

Et le suivi des demandes ?

Le demandeur, à partir du moment qu’il a son numéro de dossier pourra se renseigner. Si au bout de 15 jours, il n’a toujours pas de retour concernant son dossier, il pourra appeler le numéro d’assistance pour savoir où en est sa demande.

Une fois le visa obtenu, où le demandeur pourra-t-il  le récupérer ?

Le retrait se déroule au niveau du centre Capago Mali. La demande et le retrait se font là-bas. Normalement, si tout va bien, le demandeur de visa n’a plus à venir au Consulat de France.

Le centre est mandaté par le Consulat général de France au Mali. La durée du mandat collaboratif est t-elle définie ?

Le mandat est défini, il est de 3 ans,  renouvelable une seule fois et de manière express,  c’est-à-dire que nous faisons un bilan au bout de ces trois ans pour déterminer si nous continuons ou non. Mais ce n’est pas le seul rendez-vous au bout de ces trois ans. Le centre va fournir des indicateurs d’activité. Il y aura des contrôles qui sont prévus dans le cadre  du contrat auxquels ils doivent se plier bien évidemment. Et puis il y a le contrôle sur place et sur pièce du Consul général et de ses agents.  C’est vraiment un contrôle extrêmement précis qui fait partie des clauses du contrat. Je reviens là-dessus, c’est la collecte des demandes de visas qui est prise en compte par le centre Capago Mali, mais pas l’instruction, qui, reste toujours au niveau du Consulat.

Vous avez indiqué une augmentation de 12% des demandes de visas entre 2017 et 2018. Combien de visas ont été accordés sur la même période ?

Sur les 19000 demandes de visas, il y’a au total 77 % accordés, soit 14630 demandes satisfaites. Nous avons donc  un taux de refus de 23%.

Dans la majorité des demandes non abouties, quelle en est la principale cause ?

Il y a 9 motifs de refus. Les dossiers qui sont refusés alignent souvent à peu près tous ces motifs. Manque d’assurance, de ressources suffisantes, l’identité n’est pas la bonne… C’est difficile de quantifier et dire un motif plutôt qu’un autre.  Mais simplement, le seul conseil que je vais donner aux demandeurs, c’est de ne pas falsifier le relevé de compte bancaire s’ils craignent de n’avoir pas les ressources nécessaires. Si le demandeur n’a pas une pièce, inutile d’en inventer une. Il vaut ne pas avoir la pièce demandée et expliquer pourquoi plutôt que de s’en faire faire une autre.

Votre regard sur l’état des relations entre la France et le Mali en matière de mobilité des citoyens ?

L’engagement du président de la République actuel ainsi que ses prédécesseurs, c’est de favoriser la mobilité légale. Cette collecte externalisée est là aussi pour faciliter la mobilité légale, la mobilité d’affaire, la mobilité estudiantine et aussi la mobilité touristique. Nous nous inscrivons donc dans le cadre de cette mobilité légale et le gouvernement malien fait aussi énormément d’efforts pour favoriser cette mobilité et décourager la mobilité illégale qui est source de drames majeurs.

Journal du mali

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