Dans les environnants du 3ème pont du district de Bamako, c’est toujours de la belle moisson pour les patrouilles de police relevant de différents commissariats, qui y défilent toute la nuit. Nous les avons récemment suivies, ces patrouilles, dans l’exécution de leur brave mission.
‘‘Allons-y, ils sont seuls dans la voiture.’’ . Ces propos sont d’un policier qui était sur la pointe des pieds, prêt à sauter du pick-up qui les conduisait pour approcher les deux hommes ‘‘seuls dans la voiture’’ aux pieds du 3ème pont sur les berges du fleuve Djoliba. Il est presque 23 H et les deux hommes dans la voiture dont le stationnement à pareille heure dans une telle zone isolée suscite la curiosité de toute police sérieuse, ne feront plus l’objet d’aucune interrogation. Le pick-up a continué son chemin.
‘‘Ils sont seuls dans la voiture’’, le langage est familier pour l’un des deux personnes à b ord du véhicule qui nous confiera ensuite que les policiers pensaient qu’ils étaient en compagnie d’une autre personne de sexe différent : ‘‘Ils allaient tout de suite nous accuser de leur fameux ‘‘racolage’’ même si nous étions avec nos mères ici, mais voilà qu’ils sont partis et Dieu Seul sait si nous n’échangeons pas de drogue ici’’, ironise l’un d’entre eux.
Le même pick-up débordé de policiers continue sa route, passe par-dessous du pont et pointe son nez dans le carré des Armés qui mène sur le pont allant à la rive droite. Ici, pas de place pour ce pickup, d’autres policiers s’y affairent en deux équipes différentes, chacune d’entre elle avec son pickup de commissariats différents.
La première équipe tient garde à la montée du pont au niveau du rond point du carré des Armées et se donne du plaisir à vérifier seulement les documents des véhicules sans faire l’effort de vérifier dans les coffres. Les motocyclistes et automobilistes manquant les documents au complet, sont priés de garer. On connait la suite…
L’autre équipe de policiers, la deuxième sur les lieux, se trouve au niveau du jardin du carré des Armées. Alors que le pick-up avec le moteur en marche les attend, des policiers se promènent à travers le jardin pour vérifier les pièces d’identité des amoureux venus profiter du frais. Des pièces d’identité, ceux qui n’en possèdent pas sont aussi priés de les suivre dans le pickup. On connait la suite aussi, peu de mecs se laisseront ridiculiser devant sa dulcinée : ‘‘C’est mon coin ici, je sais comment gérer’’ ironise ce jeune homme dont la compagne manquait de pièce d’identité sur elle.
Loin delà, au niveau du feu tricolore qui s’ouvre sur la route de Koulikoro, toujours sur la route qui mène au 3ème pont, se trouve le même pickup qui avait tenté d’aborder les deux hommes sur les berges. A 23 h passées plus de 40 minutes, ils y contrôlent les documents des engins et des pièces d’identité. Et là, ils sont parvenus à faire embarquer quelques quatre filles, visiblement des aide-ménagères qui, sans doute, vont devoir s’expliquer au commissariat.
Et c’est comme ça toute la nuit…
C’est régulièrement ce défilé de pickups des policiers qui animent les environnants du 3ème pendant la nuit créant ainsi un petit désordre pour les usagers de la route et les occupants d’amoureux du jardin du carré des Armées. Si ces patrouilles sont faites contre les délinquants, ces policiers vont devoir encore mettre du temps pour en arrêter un avec la manière et zone connues de tous de faire les patrouilles.
Par ailleurs, malgré ces patrouilles jugées futiles au sein de la population en commune I, des brigades sont montées par d’autres éléments de la police à partir de 00 H à chacune des deux montées du pont. Eux, a-t-on aussi fait le constat, fouillent tout soigneusement dans le véhicule, ne demandent que la carte grise et le permis pour les automobilistes, mais les motocyclistes qui manquent de vignette ou de pièce d’identité, sont aussi priés de se garer pour instant avant de repartir quelques minutes après.
La Sirène