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Carnet de voyage : Bandiagara, la magnifique et angoissante

Le 21 juin 2024, à 4 h du matin, à bord d’un bus, nous partions de Bamako pour Bandiagara à environ 700 km de la capitale. En ce début d’hivernage, à la sortie de Bamako,  la verdure commence à apparaître. Sous un ciel nuageux, à chaque étape entre Bamako et Sévaré, nous voyions des agriculteurs labourer les champs, et les animaux à la chasse des premières herbes.

Après 8 h de route nous voilà à Sévaré, précisément à 12 h. Nous effectuons une escale à la gare routière de la compagnie, niveau régional pour signaler l’arrivée du bus au représentant de la compagnie de voyage, mais aussi débarquer certains passagers et en embarquer d’autres.

Quinze minutes plus tard, c’est le départ pour la ville de Bandiagara, située à une soixantaine de km de Sévaré. Pour cette dernière étape du trajet, le stress et la peur se lisent sur le visage des passagers. Certains, les paumes de mains ouvertes, récitent des prières pour la protection divine contre les terroristes qui règnent en maîtres dans la zone.

A quelques km de Bandiagara, nous apercevons un poste de sécurité érigé par les chasseurs de ”Dana Ambassagou” (une milice dogon anti-terroristes). A notre arrivée au poste, on voit deux jeunes chasseurs, l’un entre dans le bus pour un contrôle rapide d’observation tandis que l’autre simule un contrôle de bagage. Quelques minutes après que le convoyeur accomplit le geste symbolique, nous arrivons à Bandiagara.

Enfin le ouf de soulagement peut s’entendre dans le bus, chacun remerciant son Dieu.

Pendant notre séjour à Bandiagara, nous sommes attirés par la prudence qui y règne. Les discussions sur les questions sécuritaires sont réservées aux proches, car les murs ont des oreilles, dit-on. Chacun se méfie de son entourage.

Pour les voyageurs, la meilleure stratégie de précaution consiste à ne jamais révéler la date de son départ à une tierce personne à qui l’on n’a pas entièrement confiance.

Au-delà de toute cette situation que vit la population bandiagaroise, nous nous sommes rendus à Sangha, village situé à 45 km de Bandiagara pour participer à la fête annuelle des animistes communément appelé ”Boulo”.

Une fête dédiée à la célébration de la régénération de la terre. Elle consiste à pratiquer des rituels animistes afin de purifier les autels d’adoration dans le but d’obtenir une bonne pluviométrie, et par ricochet de bonnes récoltes.

Près de 2000 personnes se sont réunies pour célébrer cette fête traditionnelle, dans un contexte marqué par la peur, car la contrée reste toujours sous la menace terroriste.

De retour à Bamako après ce court séjour au pays Dogon, on respire enfin la quiétude.

Mamadou Tapily

(De retour de Bandiagara)

(Stagiaire)

Mali Tribune
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