Les propos du Président du Mouvement Baguiné sô, M. Hamidou Djimdé, lors de l’Assemblée Générale de la semaine dernière, sont sans ambiguïtés: « Les échanges vocaux de Sékou Bolly avec certains hommes d’affaires ont été interceptés. Des messages dans lesquels il sollicite des moyens financiers pour attaquer les positions de l’armée et de la milice d’autodéfense Dana Amassagou ».
Selon l’association Baguiné sô, le Chef de milice, Sékou Bolly, l’homme qui prétend extirper les jeunes peuhls des rangs djihadistes, est le suspect numéro 1 de l’attaque du village de Sobane-Kou. Et cela, avec preuve à l’appui.
En mars dernier le lendemain de l’attaque, il paradait avec ses hommes outillés d’armes de guerre à Ogossagou. Ancien déserteur pour certains, spéculateur foncier pour d’autres, fondateur d’une milice, Sékou Bolly, est l’un des acteurs clés du conflit qui fait rage au Centre du Mali. Officiellement, il prétend extirper les jeunes peuls des griffes des groupes terroristes. Mais sur le terrain, c’est une tout autre histoire. Pour le mouvement Baguiné sô, il est le suspect numéro 1 de l’attaque barbare de Sobane-Kou qui a fait plus d’une centaine de morts, le dimanche 9 juin dernier.
«Sékou Bolly, affirme à son interlocuteur, que s’il a des moyens conséquents à sa disposition, les gens auront ses nouvelles dans les jours qui suivent. Pour nous, il est clairement le suspect numéro 1 de l’attaque de Sobanou-kou», a indiqué Hamidou Djimdé, président de Baguiné sô. D’après lui, plusieurs assaillants de l’attaque de Sobanou-kou ont été clairement identifiés par les rescapés. Pour rappel, l’attaque a commencé au petit soir vers 17h pour terminer jusqu’à 3h du matin. Alors que le premier poste de sécurité est situé à Diankabou à seulement 17 km du lieu de l’attaque. Selon le conférencier et plusieurs autres sources, les autorités civiles et militaires ont été alertées par le maire de Sangha et le chef de village de Sobane-kou. Mais elles n’ont jamais réagi. D’où l’incompréhension du président du mouvement Baguiné sô.
Une inertie pour laquelle, d’ailleurs le gouverneur de la région de Mopti, Sidi Alassane Touré, a été limogé par le Conseil des ministres du mercredi 12 juin.
Le porte-parole de Dana Amassagou, Marcelin Guindéré quant à lui, fustigé le comportement du même gouverneur qui a contredit les premiers chiffres de 95 morts annoncés en avançant un nouveau chiffre de 35morts.
«Nos hommes sont les premiers à arriver sur le terrain. Ce sont eux qui ont secouru les rescapés et établi le premier bilan. Le gouverneur est arrivé sur les lieux plusieurs heures après l’attaque. Des corps ont été découverts sous les décombres le lendemain. Si le gouverneur a le culot de dire qu’il n’y a eu que 35 morts et non une centaine, Dieu le jugera», a martelé Marcelin Guindéré. Selon lui, les assaillants ont été clairement identifiés et une dizaine de suspects ont été déjà arrêtés.
Par ailleurs, le président du mouvement Baguiné sô, Hamidou Djimdé, a critiqué le comportement de certaines personnes qui s’étaient empressés de faire porter le chapeau des attaques précédentes à la milice Dana Amassagou. Et cela, sans aucune preuve. Mais cette fois-ci, constate-t-il, les mêmes personnes ont changé de discours et parlent de djihadistes. Hamidou Djimdé, a rappelé que dogons et peuls ont toujours vécu ensemble. Et tous les peuls ne sont pas djihadistes. Mais il existe plusieurs milices composées de peuls qui s’en prennent aux dogons. Appelant au calme, l’Association Baguiné sô a invité le gouvernement à faire la lumière sur le massacre de Sobane-kou et de prendre des mesures pour que l’horreur ne se répète pas.
Il faut rappeler que depuis trois ans, dans cette zone de la région de Mopti, à cause de l’insécurité, toutes les activités agricoles et commerciales sont perturbées.
Youssouf Konaré
LE NOUVEAU REVEIL