Petit poucet de la Coupe d’Afrique des Nations de handball qui se déroule à Alger (16-25 janvier), la Guinée a réussi à entrer pour la première fois dans la cour des grands du continent. Rencontre avec Mamadouba Camara, le jeune et ambitieux président de la fédération, en poste depuis octobre 2011 pour relancer la discipline.
Comment êtes-vous parvenus enfin à participer à cette CAN ?
Mamadouba Camara : Depuis deux ans, nous avons recensé les problèmes du handball en Guinée. Nous avons participé à tous les événements majeurs du continent, ce qui nous a permis d’accumuler les points nécessaires à notre participation. C’est un sentiment de fierté, car c’est une première depuis notre affiliation à la Confédération africaine et à l’IHF il y a 42 ans. Ce sont deux années d’efforts récompensés.
Votre équipe à la CAN est particulièrement jeune…
Effectivement, sa moyenne d’âge est de 17 ans. La sélection est composée de deux groupes, le premier formé de 9 joueuses évoluant au pays et 9 autres jouant en Europe : huit en France, dont deux ont signé à Mantes-La-Jolie (Nationale 3, la 5ème division française, NDLR), d’où vient notre sélectionneur Kevin Decaux, et une en Espagne. Quand nous avons participé à la CAN juniors et cadets, j’ai fait découvrir la Guinée à la plus grande partie d’entre elles. J’ai aussi eu le courage de prendre des joueuses africaines et de les emmener en Europe, ce qui n’est jamais facile à cause des risques de défections. Nous avons dû expliquer que l’Europe n’est pas forcément en endroit de rêve. Elles l’ont compris. Désormais, à chaque regroupement, nous n’avons plus peur.
Quel objectif vous êtes-vous fixé à Alger ?
D’abord apprendre. Ensuite prendre la 6ème place et enfin préparer la CAN 2016. Nous faisons partie du “groupe de la mort ” avec l’Angola, la Tunisie et le Congo. Ces équipes ont participé au championnat du monde en décembre en Serbie, et elles ont une longue histoire ! Les Angolaises en sont à leur 17ème participation à la CAN, les Tunisiennes aussi, et les Congolaises à leur 19ème, avec des équipes d’une moyenne d’âge bien plus élevée ! Prétendre obtenir quelque chose à Alger est prématuré. Dans deux ans, le groupe aura gagné en maturité.
A plus long terme, le hand guinéen a-t-il les moyens de se faire une place aux côtés du football ?
Notre action pousse en tout cas les autorités à investir sur notre discipline. Avant moi, le handball était en sommeil. Nous avons actuellement 3500 licenciés, deux divisions de championnat et notre fédération vient d’être décrétée meilleure fédération nationale devant le football ! Tous les trois mois, Kevin Decaux vient effectuer des stages de remise à niveau des entraîneurs nationaux. Malgré le manque de moyens financiers, nous faisons mieux que le sport-roi. Avant, on pensait que pratiquer le hand était une perte de temps, il est devenu aujourd’hui une source d’avenir et d’inspiration. Encourageons nos enfants à en faire, ils seront bien traités, suivis à l’école, pris en charge à 100 % par une couverture médicale. Les parents peuvent donc nous faire confiance.
Vous rêvez de gagner la CAN 2016. C’est réaliste ?
C’est possible. D’ici à 2015, le handball africain sera guinéen !
rfi