Au Burundi, nouvel épisode d’une crise politique entre le pouvoir hutu de Bujumbura et son principal allié politique, le parti tutsi Union pour le progrès national (Uprona) : le ministre du Développement communal, Jean-Claude Ndihokubwayo, membre de l’Uprona a démissionné. Le président de la formation politique avait appelé les membres de l’Uprona présents au gouvernement à le quitter le plus rapidement possible.
Le parti Uprona subissait en silence de petites humiliations depuis des années. Mais il estime que cette fois, le parti présidentiel burundais, son partenaire au gouvernement, a franchi la ligne rouge en décidant de passer en force sur la question d’un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, celle de la révision de la Constitution, ou encore de la répartition de la terre.
« Casus belli »
La goutte qui a fait déborder le vase a été, selon l’Uprona, la décision du ministre de l’Intérieur d’imposer à sa tête un nom proche du parti présidentiel. Il s’agit d’un casus belli, d’une violation grave de l’accord de paix signé en 2000 à Arusha, intolérable aux yeux de l’Uprona. « Le parti Uprona est un des grands négociateurs de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. Le parti Urpona ne peut pas continuer à faire un partenariat avec un parti qui veut mettre au rancart l’accord d’Arusha », explique l’un de ses porte-parole, Tharcisse Sibomana.
« Anomalie »
La présidence du Burundi nie aujourd’hui toute ingérence dans les affaires internes du parti Uprona et tente de calmer le jeu pour le porte-parole adjoint du président Nkurunziza, Willy Nyamitwe : « Il y a anomalie du moment qu’il y a un certain nombre de membres du gouvernement qui sont démissionnaires, du moment qu’il y a un ancien premier vice-président qui a été démis de ses fonctions. Alors il y a des contacts qui sont en train d’être faits afin qu’on puisse retourner à une vie politique normale ».
Mais l’Uprona assure qu’il ne retournerait au gouvernement qu’à ses conditions.