Au Burkina Faso, le débat sur le port du textile africain par les élèves est au cœur des préoccupations des tisserands burkinabè. Comment habiller les élèves africains avec les pagnes tissés sur place face à la concurrence des tissus importés en Chine. Pour les producteurs burkinabè, une baisse des taxes sur le coût du fil à tisser pourrait permettre réduire le prix de vente du pagne local aux parents d’élèves.
Une tenue scolaire confectionnée avec du tissu importé revient à environ 3500 francs CFA à un parent d’élève. Et si celui-ci doit confectionner au minimum deux tenues pour son fils, cela lui revient à environ 7000 francs CFA .
Patricia Badolo, directrice générale de la chambre des métiers de l’artisanat du Burkina.
« Le Kaki coûte en moyenne deux mille francs et s’il y a la couture, à 1000 ou 1500 Francs, cela fait un prix total de 3500 francs CFA. Donc il faudrait que l’on puisse aller vers cette moyenne de prix. »
Habiller les élèves burkinabè avec le pagne local est possible. Mais à certaines conditions.
Thérèse Coulidiaty, responsable aux relations extérieures de la Fédération nationale des tisserands.
« Et le fil, et la teinture, et la main d’œuvre, cela fait un total de 5000 francs, donc vous voyez que le pagne on ne peut pas le vendre à moins de 5000. Mais si l’Etat diminue les taxes sur le fil, les femmes vont être motivées pour la fourniture des pagnes scolaires à un prix réduit. »
Les tisserands accusent le coût du fil pour justifier le prix élevé du pagne local. De son côté, la Filature du Sahel estime que les prix appliqués aux tisserands sont abordables. 2000 francs CFA le rouleau. Et la capacité actuelle de production de leur entreprise peut permettre d’habiller les élèves burkinabè.
Anatole Sanon, responsable commercial de la Filature du Sahel.
« Nous avons essayé d’augmenter la quantité produite. Nous allons passer de deux cents balles à près de trois cents balles par jour. Avec cette augmentation, nous pourrons résorber le problème qui se pose au niveau du marché local du fil. »
Ancien pionnier de la révolution, Abdoulaye Kouanda a intégré le métier de tissage aux programmes de son établissement. Les élèves produisent les pagnes, qui sont revendus aux parents d’élève à la rentrée scolaire au même prix que le textile importé.
Abdoulaye Kouanda
« Le pagne, nous le vendons à 2000 francs CFA et si c’est au marché, ce pagne, tu ne l’as pas à moins de cinq ou six mille francs CFA. Notre politique qui consiste à initier les enfants, dès leur plus jeune âge, à porter le Faso Dan Fani, le pagne traditionnel, mais aussi à le fabriquer. »
Le Burkina Faso compte au moins 50 000 tisserands. Ce qui fait dire à Thérèse Coulidiaty de la Fédération des tisseuses « que la production du textile local pour habiller les élèves est possible. »
Source: RFI