Douze personnes avaient été retrouvées mortes dans leur cellule au poste de gendarmerie de Tanwalbougou, dans l’est du Burkina Faso. Interpellés par les forces de sécurité pour suspicion de terrorisme, ces détenus ont trouvé la mort durant leur garde à vue.
Selon certains parents des victimes, ils auraient été abattus par balles. Ce que rejette le procureur de Faso, à Fada N’Gourma, qui a ouvert une enquête. Le dossier est confié à la justice militaire. La commission nationale des droits humains affirme dans un rapport d’enquête que les personnes décédées ont subi des tortures. Quatre rescapés, contre qui aucune charge n’a été retenue, sont arrivés à Ouagadougou, à la recherche de solutions en vue de rejoindre leur famille en sécurité. Nous les avons rencontrés dans un quartier de la capitale.
Il est 13h, ce 11 mai 2020, lorsque les forces de sécurité, accompagnées de volontaires procèdent à l’interpellation d’un premier groupe de personnes, essentiellement des peulhs au marché de Tanwalbougou, raconte Abdoul Salam Diallo :
« Nous étions au marché. On a saisi ceux qui étaient là et ceux qui étaient à la mosquée. On nous rassemblés loin des habitations. Toutes les personnes interpellées étaient ensemble. Ils nous ont ligotés les mains au dos. Nous étions 12 dans notre groupe. »
Abdoul Salam Diallo et la vingtaine de personnes sont conduits au poste de gendarmerie. Battus à coups de branches et de fil électrique, ils sont jetés dans les cellules sans manger ni boire jusqu’au lendemain selon Abdoul Salam Barry, un autre rescapé :
« Arrivée au poste de gendarmerie, on a été débarqués et jetés comme du bétail au sol. Ils ont pris tout ce qu’on avait sur nous : téléphones, pièces d’identité, argent. Ils nous ont battus avec des fils de fer, des branches, des morceaux de pneu, etc. D’autres ont eu l’œil tuméfié. »
C’est le lendemain que les trois survivants découvrent l’horreur. Leurs compagnons de cellule sont morts. Certains parents des victimes parlent d’exécution par balles. Une thèse que le rescapé, Abdoul Salam Barry, ne peut confirmer :
« Dans la nuit je ne me rappelle de rien. On a perdu connaissance. Nous respirions faiblement. Nous étions repartis dans deux cellules.
Avez-vous entendu des coups de feu ?
Je ne suis sûr de rien. Je ne me rappelle même pas de grand-chose, car on était comme sans vie, on avait presque perdu connaissance. »
Aujourd’hui les rescapés se posent toujours des questions sur les raisons de ces interpellations ayant conduit à la mort de leurs frères. Boukari Dicko s’interroge :
« Je ne comprends pas ce qui s’est passé. On ne peut pas arrêter quelqu’un qui est venu au marché, l’attacher et le bastonner sans avoir une preuve qu’il est terroriste ou autre chose. »
Venus à Ouagadougou, ces habitants de Tanwalbougou cherchent des solutions pour un retour en sécurité auprès des leurs comme l’explique Ibrahim Diallo :
« C’est compliqué. On ne peut plus aller au marché. On ne peut pas rester à la maison non plus. On est obligé de se cacher en brousse. »
En attendant le retour sur leurs terres, le volet judiciaire de cette affaire a été confié à la justice militaire.
Rfi