La Bulgarie, pire pays du monde pour les abandons de nouveaux-nés il y a encore deux ans, fait enfin des progrès pour enrayer ce fléau dont les jeunes handicapés sont les premières victimes, constate un rapport indépendant présenté vendredi.
Le nombre d’enfants entrant dans les foyers d’Etat a baissé dans le pays le plus pauvre de l’UE, grâce à l’aide aux familles, aux adoptions et aux placements en familles d’accueil, salue le Comité Helsinki, une organisation de défense des droits de l’homme.
Selon un rapport publié fin 2012 par l’Unicef, la Bulgarie est le pire pays au monde pour l’abandon des enfants âgés de 0 à 3 ans (780 abandons pour 100.000 naissances), une situation héritée de l’époque communiste.
La Bulgarie était alors classée par l’organisation onusienne parmi les quatre Etats – avec le Bélarus, la Bosnie-Herzégovine et la Russie – ayant “un taux extrêmement élevé d’abandon dans des foyers d’enfants de moins de trois ans”. La moitié d’entre eux vivent en Russie.
Le Comité Helsinki relève vendredi que le nombre de bébés entrant en institution en Bulgarie est passé de 2.455 en 2010 à 1.183 fin 2013. Pendant la même période, le nombre total d’enfants placés dans les centres d’accueil souvent dépassés par leur mission a aussi baissé, de 5.695 à 3.819.
L’Unicef attribue ces progrès à une réforme de 2010 ciblant les familles où vivent des enfants âgés de moins de trois ans. Les mesures combinent un soutien aux parents gardant ou récupérant leur enfant, la mise en place d’accueils de jour, et pour ceux que les parents refusent de garder, le placement plus fréquent dans des familles d’accueil.
– Des médecins conseillent l’abandon –
En Bulgarie, la pauvreté, la force des préjugés et l’état de délabrement de la santé publique dissuadent la plupart des familles potentielles. Les médecins eux-mêmes conseillent souvent l’abandon aux mères d’enfants handicapés, note l’Unicef.
Le gouvernement bulgare s’efforce aussi de développer l’adoption.
L’Italie, les Etats Unis et la France sont les principaux pays d’adoption des petits Bulgares. Et sur 1.377 enfants adoptés à l’étranger de 2010 à 2013, un tiers souffrent d’un handicap, selon le ministère de la Justice.
Dans son rapport, le Comité Helsinki cite l’exemple d’une fillette trisomique qui, à l’âge de 9 ans, ne pesait que 5 kilos et ne pouvait se tenir debout. Son développement physique et intellectuel s’est depuis enclenché, après son adoption par une famille américaine.
La Bulgarie a, enfin, entrepris de fermer ses pires foyers d’accueil. Le Comité Helsinki pointe néanmoins des exemples flagrants de négligence bureaucratique, ayant abouti à ce qu’on laisse des enfants grandir jusqu’à l’adolescence dans des foyers, alors même que leurs familles n’avaient jamais pris de leurs nouvelles et qu’ils auraient pu être adoptables.
Les autorités de Stara Zagora (centre), citées dans le rapport, ont ainsi mis 12 ans pour inscrire sur la liste des adoptions deux garçons handicapés abandonnés à la naissance. Tous deux ont fini par être adoptés par une famille américaine.
© 2014 AFP