Dans la même lancée, la majorité des hommes maliens fournissent une certaine quantité de sucre à leurs belles-familles la veille ou pendant le mois sacré. Cet acte, en quelque sorte, renforce le lien qui lie le gendre aux beaux-parents. Egalement, la pratique renforce les liens conjugaux et donne plus de ferveur au mariage.
Affirmant que la tradition du “bouran soukaro” (ou sucre pour beaux-parents) remonte à nos ancêtres, Ramata Haïdara estime que cette coutume montre que le gendre valorise ses beaux-parents. “Pour chaque parent, c’est une question de fierté de recevoir un tel geste de la part de son gendre. Même si ce n’est pas une obligation, c’est une coutume qui offre l’occasion aux gendres de chérir leurs belles familles”, dit-elle.
Haoua Konaté, une ménagère, soutient pour sa part que le don de sucre à la belle-famille est très important dans le renforcement des relations familiales. C’est pourquoi, affirme-t-elle, elle demande a son mari de donner jusqu’à 5 ou 10 kg de sucre à ses parents chaque mois de ramadan. “Donner quelques kilos de sucre ne fera de mal à personne. Je pense que tous les hommes devraient l’inclure dans leurs dépenses du mois de ramadan car c’est une occasion spéciale”, soutient-elle.
Purement formel du point de vue de l’islam
D’un point de vue religieux, cette coutume très développée dans notre société traditionnelle n’est en aucun cas obligatoire pour l’islam. L’imam Gaussou Dembélé affirme que donner du sucre pendant le mois de ramadan est purement formel et fait partie des coutumes traditionnelles. Il atteste que nulle part dans le Coran il n’est dit qu’un gendre doit apporter du sucre à ses beaux-parents.
“Cette pratique est une simple expression de respect et de considération. Toutefois, cela n’est pas obligatoire pour les croyants musulmans. Nous donnons du sucre par désir et non par obligation. L’islam n’oblige personne à donner du sucre à sa belle-famille”, clarifie-t-il.
Ces déclarations de l’imam Dembélé semblent être mal comprises par de nombreuses personnes. D’autant plus que la belle famille et de nombreuses femmes ont pris l’habitude d’exiger de leurs hommes d’apporter de grandes quantités de sucre à leurs belles-familles. Pour les femmes issues de familles où plusieurs filles sont déjà mariées, la pression est encore plus forte. Alors elles font tout leur possible pour que leurs maris fassent don de beaucoup de sucre.
C’est le problème que soulève Ibrahim Konaté. Ce chef de famille pense qu’il est temps de dire adieu à une certaine façon de penser. Il ajoute : “Ce n’est pas bien de forcer les gens à faire des choses impossibles juste pour plaire aux autres”. A ce propos, l’imam Gaussou Dembélé souligne que ceux qui font l’impossible pour suivre cette pratique violent les principes religieux.
Siguéta Salimata Dembélé
(Stagiaire)
Source : Mali Tribune