Soupçonné de « nourrir des ambitions présidentielles » et d’être le cerveau d’un présumé coup d’État, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé était poursuivi, aux côtés d’autres personnalités, depuis décembre 2020 pour « atteinte à la sureté de l’État ». La Cour suprême a rejeté, le lundi 19 avril, le pourvoi en cassation du Procureur général pour le maintien des charges et confirmé l’abandon des poursuites. Cette séquence refermée, les rumeurs sur une possible candidature de l’intéressé à la prochaine présidentielle vont de plus belle. L’ancien Premier ministre n’a pour l’heure rien laissé filtré de ses intentions, va-t-il maintenant se dévoiler, étant désormais libre de le faire ?
« Il semblerait que je sois devenu malgré moi une menace politique », déclarait Boubou Cissé à un média français début janvier. L’ancien Premier ministre voyait en l’affaire « d’atteinte à la sûreté de l’État » le visant « une cabale contre sa personne ». Son avocat, Me Kassoum Tapo, est allé plus loin le 8 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, en disant « ce qui se passe est un complot contre Boubou Cissé, pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle prochaine ». Depuis, l’espace médiatique malien ne cesse de se demander ce qu’il en sera. « Un homme politique reste un homme politique. Il a occupé l’un des postes les plus élevés au Mali, celui de Premier ministre, avec le portefeuille de l’Économie et des Finances. Cela lui a permis d’engranger une grande expérience en termes de connaissance de l’administration publique et de la gestion du gouvernement. À ce niveau, il ne serait pas étonnant qu’un tel homme puisse prétendre à la présidence. Donc, en regardant son parcours, on peut évidemment soupçonner des intentions politiques », explique Ballan Diakité, politologue.
Soutien de l’URD ? L’avocat de Boubou Cissé, Me Kassoum Tapo, a lancé le 4 avril le « Mouvement pour la Refondation du Mali » (MOREMA), composé de partis politiques et d’associations. Plusieurs soupçonnent derrière ce regroupement l’ombre de l’ancien Premier ministre. En outre, une éventuelle candidature soutenue par l’Union pour la République et la Démocratie (URD), où Boubou Cissé possède des soutiens, est souvent évoquée. Vraiment imaginable ? « En politique, tout est imaginable. C’est ce qui fait en même temps sa beauté et son caractère froid. On ne peut prendre cette information que d’une seule main pour le moment. Quoi qu’il en soit, l’URD reste un grand parti. Et aujourd’hui on sait que le décès de Soumaïla Cissé laisse ce parti un peu orphelin. Donc, aujourd’hui, ils sont à la recherche d’une personnalité charismatique. Et je pense que Boubou Cissé peut effectivement répondre à ce critère-là au niveau de l’URD », ajoute Ballan Diakité. Selon d’autres observateurs du landerneau politique malien, certains cadres de l’ADEMA et du RPM pourraient rejoindre une grande plateforme de soutien à l’ancien Premier ministre, qui serait déjà en gestation.
Des atouts Boubou Cissé est un économiste formé en France, ancien de la Banque mondiale où il a officié au Nigeria et au Niger. Son parcours dans les hautes sphères de l’État malien entre 2013 et 2020 lui a notamment permis de développer un réseau de relations au sein de la communauté des bailleurs de fonds, qui « apprécie sa rigueur », selon un ambassadeur de la place, mais aussi de cultiver des amitiés haut placées dans plusieurs pays de la sous région. Un atout non négligeable pour qui veut financer une campagne électorale. S’il est vrai que le dernier chef du gouvernement d’IBK nourrit une ambition présidentielle, l’épisode de la « déstabilisation des institutions » peut le servir, « le faisant apparaitre auprès des Maliens comme une victime des militaires au pouvoir ».
Toujours est-il que si Boubou Cissé se déclare, il devra affronter, outre d’autres anciens Premiers ministres, les accusations de ses adversaires sur son rôle présumé lors de la répression des 10 et 11 juillet 2020,
Source : Journal du Mali