Agé de 45 ans aujourd’hui, le milicien congolais d’origine rwandaise, Bosco Ntaganda a encaissé un choc à la Haye en entendant résonner 18 fois le mot « coupable » par la CPI. Il a été reconnu coupable dans les 18 chefs d’accusation avancés par le procureur contre lui, dans des atrocités commises entre 2002 à 2003, en Ituri.
Selon Rfi, c’est sous le regard impassible que Bosco Ntaganda a entendu ce verdict : « M. Ntaganda, pour les raisons que j’ai résumées, la Chambre, après avoir entendu toutes les preuves présentées par les parties, vous déclare coupable de meurtre qualifié de “crime contre l’humanité”». Un verdict qui déclenche une responsabilité totale de l’ancien commandant dans les meurtres, les attaques, les pillages, la conscription forcée d’enfants dans la guerre, le viol de fillettes enrôlées de force, dans les atrocités de 2002 à 2003 en Ituri. Un verdict qui n’a pas également laissé les avocats des deux parties indifférents. Me Stéphane Bourgon, avocat de Ntaganda compte faire appel : « Nous allons nous concentrer sur la phase de détermination de la peine tout en préparant, il n’y a pas de doute là-dessus, l’appel, pour essayer de rétablir des faits. Le jugement ne reflète ni la réalité, ni la vérité ». Toujours selon Rfi, Bosco Ntaganda a tout le temps assuré, durant les quatre années de son procès, avoir protégé les civils dans cette bataille pour l’Ituri, une bataille qu’il mène depuis ses 17 ans. Me Sarah Pellet, avocate des anciens enfants soldats représentés lors de ce procès, quant à elle, s’est félicitée du verdict prononcé par les juges de la CPI. « Mes clients, qui ont aujourd’hui 30 ans, avaient moins de 15 ans en 2002-2003, a-t-elle déclaré. Ils ont aujourd’hui des enfants qui sont à l’âge où eux ont été recrutés au sein de l’UPC. Leur crainte aujourd’hui, à cause de la recrudescence des violences [en Ituri], c’est de voir leurs enfants subir le même sort, c’est-à-dire qu’ils soient forcés de combattre dans un groupe armé, avec tout le cortège de traitements inhumains et dégradants, y compris les violences sexuelles, puisqu’un très grand nombre de jeunes filles et de jeunes hommes étaient violés et maintenus en esclavage sexuel ». Ailleurs, pour d’autres, cette condamnation est un signe important et dissuasif pour les autres seigneurs de guerre en Afrique.
ISSA DJIGUIBA
Le Pays