Maxime Poundjé, André Poko, Lucas Orban, Henri Saivet, Diego Rolan et donc Abdou Traoré.
Au moment de lister ceux qui constituent la jeune garde bordelaise, le Malien est immanquablement cité. Sympa, pour un homme qui a fêté ses 26 ans il y a une dizaine de jours. Cette étiquette d’éternel espoir, le milieu de terrain bordelais se la coltine depuis ses débuts il y a déjà cinq saisons, la faute à un parcours chaotique. Jamais vraiment convaincant, jamais totalement décevant, il n’est parvenu à passer la barre des dix titularisations en championnat qu’à une seule reprise. C’était en 2010-2011, et c’était sous les couleurs de l’OGC Nice, où il était prêté. Et si cette deuxième partie de saison était enfin celle de la confirmation pour l’ancien joueur du COB, sur lequel Francis Gillot semble enfin compter ? Débarqué au centre de formation des Girondins en 2006 en compagnie de Cheick Tidiane Diabaté, son compère, Abdou Traoré signe son premier contrat professionnel deux ans plus tard, au début d’une saison 2008-2009 qui le verra inscrire les deux premières lignes de son palmarès. Laurent Blanc le lance en lui offrant treize apparitions en Ligue 1, le plus souvent dans le couloir droit, et une titularisation en finale de la coupe de la Ligue face à Vannes. Mais l’international malien a beau avoir lesté son survêt d’un Hexagoal et d’une coupe-à-Thiriez, son avenir n’a rien de sûr. «Bon mais pas top», il ne convainc pas grand-monde au poste d’ailier. La saison suivante, il joue moins et se fait prêter à Nice en 2010-2011. Sur la Côte d’Azur, Abdou Traoré arrache quatorze titularisations, sans toutefois parvenir à sortir de l’anonymat. Mais il semble enfin avoir trouvé son poste : l’ancien sociétaire du COB est un joueur d’axe. Et ça, Eric Roy l’a bien compris. Fort de l’expérience acquise chez les Aigles, c’est un nouveau joueur qui rentre en Gironde se mettre sous les ordres de Francis Gillot. Mais c’est une sacrée épreuve qui va se mettre sur la route de l’international malien. Un paludisme dont le joueur mettra plus d’un an à se débarrasser et qui lui colle un état de fatigue chronique autant qu’il le démoralise. Au repos forcé, le joueur est mal à l’aise en voyant ses camarades guerroyer tous les week-ends. Il parvient à arracher quelques minutes de temps de jeu lorsque son état semble subrepticement s’améliorer, mais rechute irrémédiablement. Le manège dure plus d’un an, jusqu’en 2013. Abdou Traoré retrouve alors progressivement ses sensations. Reste à se refaire un physique de sportif de haut niveau. Enfin affûté, il bénéficie d’une préparation physique normale. Un privilège que le joueur n’avait plus connu depuis longtemps. Le prêt non compensé de Jaroslav Plasil à Catane laisse une place dans l’entrejeu girondin que le Malien est bien décidé à squatter. Quatrième choix dans un triangle formé par Landry N’guémo, André Poko et Greg Sertic, il commence par gratter du temps de jeu en Ligue Europa avant de bénéficier du turn-over instauré par Francis Gillot.Généreux au cœur du jeu, le Malien court partout, comme pour rattraper le temps perdu. Une hyperactivité qui lui joue des tours, comme il y a quinze jours, face au Paris Saint-Germain en coupe de la Ligue. Impeccable à la récupération, rigoureux dans le pressing, il est coupable de deux pertes de balle fatales dont Pastore puis Rabiot profite pour punir Carrasso. S’en suivent deux vilaines défaites en Corse pour les Girondins, face à Bastia puis l’Île-Rousse, auxquelles Abdou Traoré ne participe pas avant de faire son retour samedi dernier contre Saint-Etienne. Et de dégainer une belle volée pour fusiller Ruffier et maintenir son équipe à flot. Visiblement, l’international malien va mieux.