Un jour, pendant qu’ils traversaient une période difficile et qu’elle s’attristait sur leur sort, le père de la blogueuse Mariam Sanè, lui a donné des conseils qu’elle partage aujourd’hui dans ce billet.
« Nden, ni i ye môni bolni gnè kelein min don min na i te sa o don » (« Ma fille, si tu bois un bol de bouillie, tu ne vas pas mourir ce jour »). Tout le monde, m’a-t-il dit, n’a pas la chance d’avoir un bol de bouillie par jour et il faut avoir à l’esprit que, quelle que soit sa situation, que l’on est toujours au milieu. Autrement dit, il y a encore pire
Il a continué en disant qu’il fallait s’habituer aux difficultés de la vie. Savoir qu’il y a des jours faciles et d’autres qui sont difficiles, les surmonter sans prendre de mauvaises décisions.
Monologue
« Ma fille, ne sors pas avec les hommes pour de l’argent car ils t’utiliseront, te saliront et te laisseront tomber. Ta réputation, ainsi que celle de ta famille, sera mise en cause. L’éducation que nous t’avons donnée sera mise en cause. Apprends à vivre sans tes besoins naturels, non nécessaires, sinon, apprends à les satisfaire à la sueur de ton propre front. Ne compte pas sur moi pour te donner à un homme parce que son père est riche et lui-même un fainéant, attendant de vivre du fruit du travail de ce dernier. Ne compte pas sur moi non plus pour te donner à un homme riche qui ne sera pas en mesure de te respecter et de nous respecter.
Un homme que tu trouves déjà riche croira que tu es avec lui pour son argent même, si ce n’est pas le cas. Je t’ai inscrite à l’école pour que tu ne dépendes pas d’un homme. Pour toi, je veux un homme qui ait été à l’école. Oui, parce que toi aussi tu l’as été et un mariage entre une personne instruite et un illettré ne marchera forcément pas. Ce n’est pas parce que tu seras valeureuse pour lui mais parce que vous n’aurez jamais la même mentalité. Alors, il vous sera difficile de vous comprendre.
Je veux qu’il soit instruit, mais je n’exige pas un travail qui lui rapporte beaucoup. Qu’il ait au moins un salaire à la fin de chaque mois qui puisse lui permettre de nourrir sa famille, c’est tout ce que je demande. Et quand je dis nourrir, je ne parle pas de manger des plats garnis chaque jour, mais de quelque chose à se mettre sous la dent afin d’éviter de mendier. Et si par chance, il a plus que cela et peut aussi t’offrir mieux, tant mieux ! Sinon, tu travailleras toi-même pour subvenir à tes besoins et, si possible, l’aider dans les dépenses familiales.
Un jour, ta grand-mère m’a dit : “Môgô be mè ka i guarissikè kônô, nga i te sa ka i guarissikai to” (“On a beau attendre ce qui nous est destiné, on ne mourra jamais sans l’avoir “). Alors, dis-toi que tu auras ce qui t’es destiné tôt ou tard. Sur ces mots, ne laisse pas les difficultés de la vie changer ta personne et ne cours jamais après quelqu’un pour le matériel qui est si éphémère alors que les gens continueront de parler de toi, même après ta mort. »
Ce sont sur ces mots qu’il a conclu notre échange ce jour-là. Et je n’ai rien oublié de tout ce qu’il m’a dit. Aujourd’hui encore, sa voix résonne souvent dans ma tête chaque fois que je me retrouve dans des situations difficiles.