Au Tchad, l’état d’urgence prend effet ce mardi 20 août. Il avait été annoncé dimanche par le chef de l’État, lors d’une visite dans une zone marquée par des affrontements entre éleveurs et agriculteurs. Outre l’est frontalier avec le Soudan, la province du Tibesti a été ajoutée, ce qui inquiète l’opposition et les défenseurs des droits humains.
Le gouvernement a voulu y mettre les formes. À peine rentré de l’est du pays, le Idriss Déby a convoqué lundi un Conseil des ministres extraordinaire pour statuer sur le projet de décret instituant l’état d’urgence.
C’est à partir de ce mardi 20 août que ce dernier prend juridiquement effet. Il durera jusqu’au 10 septembre, donc moins de trois semaines, contrairement à ce qui a été annoncé dimanche par le chef de l’État.
Pour l’opposition, c’est à un « génocide » que le pouvoir risque de soumettre les populations. « Ça va être le carnage », s’inquiète Mahamat Ahmat Alhabo, secrétaire général du Parti pour les libertés et la démocratie.
Il craint que l’affaire ne vire à « des règlements de compte ». « On va poursuivre les gens pour un oui ou pour un non, et ils seront abattus comme du gibier », redoute-t-il.
Quant aux associations de la société civile, elles craignent que les économies locales ne soient étouffées par la mesure, alors que l’état d’urgence dans l’est du Tchad s’explique par la volonté de mettre fin aux conflits éleveurs-agriculteurs.
L’ajout de la province du Tibesti sur le décret montre que le gouvernement a aussi décidé de monter en puissance au nord, frontalier avec la Libye, où il peine à imposer son autorité malgré de nombreuses mesures coercitives.