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Blocage dans la mise en œuvre de l’accord : « La CMA refuse de rendre les véhicules et les armes lourdes »

C’est ce qui ressort du troisième Rapport de l’Observateur Indépendant, le Center Carter, de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.

Rendu public le 18 février, le rapport est très édifiant. « Les bataillions du MOC ne sont pas en mesure d’effectuer des patrouilles mixtes et donc de contribuer à la sécurisation des populations au nord», indique-t-il. Selon le document, ceci est dû en grande partie aux carences d’équipements à cause du refus des mouvements signataires, surtout la CMA, de remettre les véhicules et les armes lourdes ou aux retards du gouvernement à assurer un versement régulier des primes et à fournir les tenues militaires, sans négliger l’absence de la ferme volonté des parties de mener cet engagement collectif à bon port.

Le Centre Carter explique cette inefficacité par l’absentéisme, le manque de discipline et le soupçon de banditisme au sein des bataillons de MOC. Aussi, il pointe du doigt les retards considérables dans le début du processus de DDR, et diverses difficultés prévisibles, notamment quant au cantonnement et au désarmement.

Pour l’observateur indépendant, les « retards dans la réintégration des anciens membres des forces armées et de sécurité́, estimés seulement à quelques 537, mais avec un dénouement imminent », est aussi un facteur. A cela, il ajoute la lenteur dans la mise en œuvre du processus de DDR – Intégration accéléré, dont les opérations de profilage ne sont toujours pas achevées.

Le rapport déplore le peu d’information sur le budget prévisible concernant le DDR, d’autant plus qu’un processus DDR a lieu également au centre du pays. Mais aussi le faible engagement du Gouvernement et des mouvements signataires à entreprendre rapidement une action partagée en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et le contrôle des frontières.

Un accord boîteux

« Fin 2018, les parties maliennes ont achevé la quasi-totalité des préliminaires de mise en œuvre sans toutefois réaliser une percée décisive montrant une détermination à aboutir et ce, en dépit de l’appui important de la communauté internationale. Elles ont marché avec lenteur, réticences et calculs…», rapporte le document de 46 pages, et d’ajouter que les parties ont quand même progressé.

Le Centre Carter estime que le rapport montre qu’une base solide a été posée sur les principaux piliers de l’Accord, 44% des engagements pris dans l’Accord étant « achevés » ou « presque achevés ». Cependant, écrit-il, ces avancées n’auront de véritable signification que lorsque les aspects des engagements encore aux stades « intermédiaire », « minimum » ou « non-initiés », qui constituent le cœur de l’Accord, amorceront des progrès tangibles pour la population malienne. « La mise en œuvre paraissant restée longtemps maintenue entre la première et la deuxième vitesse, il est donc urgent de passer aux vitesses supérieures, si les parties maliennes tiennent à leur objectif annoncé de réaliser l’essentiel des dispositions de l’Accord à la fin de 2019. », s’inquiète l’observateur.

Un bilan globalement modeste

Les avancées notées dans le rapport sont forts contrastés. Ainsi,  qualitativement évaluées par rapport aux objectifs essentiels de l’Accord, il ressort que parmi les 78 engagements spécifiques dans l’Accord suivis par l’Observateur indépendant, 20 engagements sont achevés, trois ans et demi après la signature de l’Accord. Près de 60% des engagements sont à une phase de mi-parcours, mais pas achevés, soit: 14 engagements presque achevés, 18 au stade intermédiaire et 14 au stade minimal. Douze engagements n’ont pas été initiés et constituent l’essentiel de grands défis évoqués.

Il ressort dans le rapport qu’aucun des quatre piliers centraux de l’Accord (Titres II à V) n’est achevé à plus de 50%. En effet, leCenter carter souligne que des 20 engagements achevés, deux ont été complétés en 2018, à savoir l’opérationnalisation de la Commission d’enquête internationale (Article 46) et de l’Observateur indépendant (Articles 63 et 64). Ces derniers ne peuvent pas être considérés comme des objectifs fondamentaux de l’Accord.

Pour sûr, l’observateur est formel que la modestie du rythme des réalisations concrètes sur le terrain au courant de 2018 a maintenu et même accentué un sentiment de frustration pour la population et la communauté internationale. Il urge que toutes les parties fassent acte de bonne foi pour faire avancer l’Accord pour le bonheur du Mali.

Hamadoun MAIGA

 

Source: Azalaï Express

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