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Blanchiment de l’argent sale au Mali : La filière des BTP

“Quand le bâtiment va, tout va”, disent les économistes. Au Mali, le bâtiment va, mais, rien ne va, car, tout se passe au-dessus de la tête du système bancaire. Le ciment est devenu le lieu de blanchiment par excellence. La Centif est interpellée…

 

En 2019, le Groupe Intergouvernemental d’Action Contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (Giaba), une Institution spécialisée de la Cédéao, basée à Dakar, au Sénégal, a évalué le mécanisme de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive. Le secteur des Bâtiments et Travaux Publics est l’un des secteurs fortement soupçonné.

« Si l’Etat veut vraiment lutter contre le blanchiment, la bonne entrée est le cadastre. Allez voir combien de buildings sont au nom de lycéens ou des bébés », affirme un entrepreneur, dans la zone ACI et pointant du doigt des cas concrets. « Pire, pour des achats de centaines de millions, l’argent vient en espèce. Aucune transaction bancaire. Et personne ne s’en plaint », soupire notre interlocuteur.

La Cellule nationale de traitement de l’information financière Belge chiffre en 2019, à 223 millions d’euros de transactions douteuses dans le domaine des BTP. Le Mali dispose d’une Cellule de traitement des informations financières qui n’a pas malheureusement le pouvoir de communiquer sur ses données. Mais, selon toutes les données que nous avons reçues, et selon les études du Giaba, le secteur des BTP pointe en tête.

« Vous avez là un bâtiment qui appartient à un jeune à qui personne ne connaît un travail. La conclusion est qu’il est soit un prête-nom, soit dans une activité illicite, dans tous les cas, il y a matière à creuser ».

Selon le rapport du Giaba, le Mali dispose d’une Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) qui analyse les Déclaration d’opérations suspectes (DOS) qu’elle reçoit des entités déclarantes et les informations qu’elle collecte auprès des autorités compétentes. « Toutefois, les informations analysées par la Centif proviennent principalement des banques, étant donné que les autres entités déclarantes ne se conforment pas à leurs obligations de déclaration et ont déposé un nombre limité de DOS », souligne le rapport.

« Les renseignements financiers diffusés par la Centif aux autorités d’enquêtes et de poursuites sont utiles, même si ce travail n’a pas donné lieu à un nombre important de poursuites pour blanchiment de capitaux ou financement du terrorisme. Il est toutefois nécessaire de fournir des ressources financières et techniques supplémentaires à la Centif », poursuit le rapport.

Le Mali a créé des tribunaux spécialisés qui mènent des enquêtes et jugent les affaires de blanchiment de capitaux. Le Mali a également créé des institutions spécialisées qui s’occupent d’un certain nombre d’infractions sous-jacentes connexes. « Ces institutions spécialisées ont cependant tendance à ne prendre en considération que les infractions sous-jacentes », déplore le Giaba.

Pour le Giaba, le risque de financement du terrorisme et de blanchiment est important au Mali. Or, « les autorités compétentes ont une compréhension modérée des risques, en particulier des risques liés au financement du terrorisme auxquels le pays est confronté ».

 

Alexis Kalambry

SourceMali Tribune

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