En réalité, sous l’apanage couverture des sauveurs et libérateurs militaires français venus à la « rescousse » quand les maisons au Sahel brûlaient, le bilan entre le succès dans l’immédiateté de la riposte et l’échec dans la capacité d’éradiquer le terrorisme dans une constance crisogène de plus d’une décennie confirme le déclin de l’Élysée qui risque d’être guillotiné au Sahel.
La question posée par les colombes noires n’est pas outrageante mais rend diffus et confus le rôle du paternel Français :
L’engagement sécuritaire français au Sahel était-il une forme de tutelle sécuritaire par substitution à la souveraineté nationale, guidé par des intérêts minéraliers et d’influence étrangère dont le but serait in fine une balkanisation du Sahel afin de conserver l’impérialisme français sous le couvert des guerres asymétriques ?
En effet, les remous populaires sont dès leurs débuts, corrélés à des mouvements d’humeurs, souvent infondés et victimes de la propagande et du complotisme qui accentuent la rivalité entre les puissances étrangères.
Mais, vérité cachée ou pas, le futur donnera-t-il raison à ces peuples aujourd’hui qui veulent comprendre l’incompréhensible explosion sécuritaire quand la logique française se veut être dissuasive dans l’approche mais catastrophique dans la lutte ?
C’est assez consensuel aujourd’hui, le prélude du sentiment anti-français déjà en échos favorable chez les Mandéka et acté par le retrait de Barkhane, a accéléré la transformation radicale de l’hostilité de la présence française vers un dégagisme porté haut et fort par les hommes intègres du Faso : bonne synchronisation entre « Maclacla et Fasolo » !
Ce « go to home » imposé par le peuple ne se nourrit non pas d’une haine contre la France, mais plutôt d’un ras-le-bol du système semble –t-il de pérennisation inquiétante de l’insécurité, du terrorisme et de l’étouffement socio-économique.
En gros, cette néo-colonisation étiquetée à la France ne doit son mérite qu’à une sorte d’«Afghanisation » du Sahel en proie au chaos sécuritaire.
Dans cette dernière hypothèse, la question des colombes noires a tout son sens.
Tout de même, l’aide au développement majoritairement assumée par notre super-nounou jetterait le discrédit sur cette étiquette de nouveau colonisateur à moins qu’il ne s’agisse que « d’aides de parades » afin d’acheter une certaine paix sociale et dédiaboliser leurs actions.
Ce mariage forcé à sang avec régime de communauté de biens est sur la table du juge (le peuple) avec des motifs de séparation désormais clairs : séparation des corps militaires, altération sécuritaire des liens et acceptation du principe de l’indépendance et la pleine souveraineté nationale.
Enfin, carte sur table, depuis l’Élysée, la position ne devra pas être celle d’une arrogance à la parisienne face à l’ex-colonie car les contextes sporadiques et les mentalités ont évolués. Les résolutions doivent s’inscrire dans la redéfinition de la politique étrangère franco-sahélienne et la réorientation de la coopération bilatérale, la renégociation des accords et l’aide au développement.
Tout cela et bien d’autres seront les prémices de la réécriture si volonté il y a, des relations historiques entre la France et l’Afrique sous la forme non pas de « colonies à colonisateur » mais d’États souverains à État souverain.
Comme hanté par les mots de Thomas Sankara lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU le 4 Octobre 1984 « À bas l’impérialisme ! À bas le néocolonialisme ! À bas le fantochisme ! », Le Faso montre-il la porte de sortie ?
Tall Madina
≠Colombe Noire
Analyste politique et géostratégique, diplômée en Études Stratégiques, Sécurité et Politique de Défense. Chercheuse sur les questions de terrorisme dans la zone sahélo-saharienne, éditorialiste et écrivaine. Présidente du Mouvement Nouvel Afrique – Nouvelle Génération
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