DÉMENTI. À la suite d’un communiqué de l’avocat de Denis Christel Sassou-Nguesso, le Parquet national financier français affirme que ce dernier n’a pas été mis en examen.
Contrairement à ce qu’affirmait une information du journal Challenges dans son édition du 7 février, reprise par plusieurs médias, dont Le Point Afrique s’est fait écho à partir d’une dépêche de l’Agence France-Presse, Denis Christel Sassou-Nguesso, le fils du président congolais, n’a pas été mis en examen fin décembre pour des faits de corruption en France. C’est son avocat, Me Jean-Jacques Neuer, qui l’a fait savoir dans un communiqué datant du 13 février. « C’est ce qu’on appelle une fake news et c’est extrêmement grave. Car c’est attentatoire à son honneur, ça lui cause un préjudice énorme et je crois même que c’est un cas d’école de fake news puisque ça a été repris massivement par la presse en général, par les réseaux sociaux », affirme Me Jean-Jacques Neuer dans un entretien à Radio France Internationale. Il faudra attendre le 14 février pour que le Parquet national financier, qui n’avait jusqu’alors pas communiqué, confirme les propos de Me Neuer.
Denis Sassou-Nguesso cité dans le volet congolais des « biens mal acquis »
Bien que dans le viseur des enquêteurs et des juges français depuis plusieurs années, son nom étant cité à plusieurs reprises dans le volet congolais des biens mal acquis, Denis Christel Sassou-Nguesso, 45 ans, député d’Oyo (nord), fief de son père qui cumule trente-six ans à la tête du Congo, n’a pour l’instant fait l’objet d’aucune mise en examen. Il n’a même jamais été entendu par le juge d’instruction et aucun de ses biens n’a été saisi par la justice française, précise son avocat auprès de l’AFP. Pourtant, dans un réquisitoire supplétif du 29 décembre 2017, consulté par l’AFP, le PNF demandait aux juges d’instruction d’enquêter sur le « train de vie hors norme » de Denis Christel Sassou-Nguesso et de sa nouvelle compagne, « séjournant notamment à Paris dans un hôtel particulier acquis (…) pour un montant de 4 millions d’euros ». En outre, cinq membres de la famille Nguesso sont mis en examen depuis 2017 : une fille du président et son mari, Julienne Sassou-Nguesso et Guy Johnson, ainsi que deux neveux du président, Wilfrid Nguesso et Edgar Nguesso, et la mère de ce dernier, Catherine Ignanga. Ils sont tous soupçonnés d’avoir amassé un patrimoine considérable avec de l’argent public détourné de leur pays.
La nouvelle, publiée vendredi 7 février à la mi-journée par l’hebdomadaire Challenges, avait été confirmée dans l’après-midi à l’AFP par un avocat qui a accès au dossier. Contacté, le Parquet national financier (PNF) n’avait pas donné suite aux sollicitations de l’AFP. Pendant une semaine, aucune autorité judiciaire ni acteur du dossier n’ont démenti l’information. « Le PNF confirme cette infirmation » apportée par l’avocat de Denis Christel Sassou-Nguesso, fait désormais savoir le Parquet financier, sans plus de précisions.
Affaires des « biens mal acquis »
Ouverte en 2009 à Paris après une plainte de trois associations, dont Transparency International, l’enquête sur les biens mal acquis porte également sur le patrimoine de la famille Bongo, à la tête du Gabon, et la famille Nguema Obiang, qui dirige la Guinée équatoriale. Ce dernier volet a d’ailleurs connu une tournure majeure puisque Teodoro Obiang Jr, fils du chef de l’État et vice-président de ce petit pays hispanophone, a été condamné le 27 octobre 2017 par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison avec sursis, à une amende de 30 millions d’euros avec sursis et à la confiscation intégrale de ses biens saisis sur le territoire français. Valeur estimée : plus de 150 millions d’euros. Le jugement a été confirmé et aggravé par la cour d’appel de Paris le 10 février dernier. L’Afrique n’est pas le seul continent concerné par ces affaires puisqu’en juin 2016 Rifaat al-Assad, oncle en exil du président syrien Bachar el-Assad, soupçonné de s’être frauduleusement bâti un empire immobilier estimé à 90 millions d’euros en France, est mis en examen. En 2019, la justice le renvoie en correctionnelle pour blanchiment en bande organisée, fraude fiscale aggravée et détournements de fonds publics syriens. Quatre ans de prison, 10 millions d’euros d’amende et la confiscation de ses biens immobiliers français sont requis lors de son procès, en décembre. Le jugement est fixé au 30 avril 2020.
Par Le Point Afrique