C’est une affaire dont le Benin, l’un des bons exemples démocratiques sur le continent africain se serait bien passé. Et pourtant l’affaire Talon continue de faire parler d’elle. Démontrant ainsi que business et politique font rarement bon ménage.
Passons sur les accusions des uns et les dénégations des autres au sujet de la tentative présumée d’empoisonnement dont Yayi Boni aurait été victime dans cette affaire. Les justices (française et béninoise) qui sont sans doute mieux placées, pourraient en dire ce qu’il en a été réellement.
Intéressons-nous plutôt à un aspect tout aussi passionnant : celui qui concerne les relations parfois sulfureuses entre le politique et l’économique, puisque c’est de cela qu’il s’agit. Et pour cause personne ne nie, au moins sur ce point précis, que l’homme d’affaires et le président fussent de bons amis. Et que le premier a effectivement financé la campagne présidentielle du second. En contrepartie dit-on, de juteux retours sur investissements qui ont fini par faire de lui, une personnalité hyper puissante dans le microcosme politique béninois. De quoi lui donner des ambitions supplémentaires et qui ont pu contrarier celles de son filleul (ou de son parrain) dans une histoire digne d’un film policier
Mais n’exagérons rien pour autant. Car ce genre de relations bizarres est loin d’être une spécialité purement africaine.
En France, les politiques ont aussi leurs casseroles pleines de fric et de froc. Aux USA la régulation peine à plafonner les dépenses de campagne dont on sait pourtant qu’elles sont directement liées à la toute-puissance des lobbies financiers.
Certes là-bas au moins la justice veille au grain. Et les transactions se font sous le manteau. Tout le contraire de ce qui se pratique sous nos cieux ou les ‘’deals’’ se font au vu et au de tout le monde, sans que le pouvoir judiciaire ne daigne se mêler.
Finalement les lignes sont brouillées à dessein : les Hommes politiques font les affaires et les Hommes d’affaires, la politique. Malheureusement et face à l’indolence récurrente des opinions publiques nationales, tout porte à croire que ces relations vont perdurer.
Juvénal Somé
Lefaso.net