Beaucoup de femmes sont victimes de mauvais traitements pendant leur accouchement dans des établissements de santé, selon une nouvelle étude de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a été menée au Ghana, en Guinée, au Myanmar et au Nigéria.
« Les femmes plus jeunes et moins instruites sont celles qui risquent le plus d’être victimes de mauvais traitements, notamment de violence physique et verbale, de stigmatisation et de discrimination, de procédures médicales effectuées sans leur consentement, de recours à la force pendant les procédures et d’abandon ou de négligence de la part des travailleurs de la santé », a précisé l’OMS dans un communiqué.
L’étude, publiée mercredi dans le journal médical Lancet, révèle que sur les 2.016 femmes observées, 42% ont été victimes de violence physique ou verbale, de stigmatisation ou de discrimination, et 14 % ont subi une forme de violence physique – le plus souvent des gifles, des coups ou des coups de poing.
L’étude a également constaté des taux élevés de césariennes non-consensuelles, d’épisiotomies (coupures chirurgicales faites à l’ouverture du vagin pendant l’accouchement) et d’examens vaginaux.
« Les directives de l’OMS promeuvent des soins maternels respectueux pour toutes les femmes, c’est-à-dire des soins qui préservent la dignité, la vie privée et la confidentialité, garantissent l’absence de préjudices et de mauvais traitements et permettent un choix informé et un soutien continu pendant le travail et l’accouchement », a souligné l’OMS.
Des niveaux élevés de mauvais traitements verbaux et physiques
L’étude a observé 2.016 femmes pendant le travail et l’accouchement au Ghana, en Guinée et au Myanmar. Des entretiens ont également été menés auprès de 2.672 femmes après l’accouchement, ce qui a permis de constater des niveaux de mauvais traitements similaires aux observations directes.
Parmi les femmes observées pendant le travail et l’accouchement, 13% des accouchements par césarienne, 75% des épisiotomies et 59% des examens vaginaux ont été effectués sans le consentement des femmes.
En plus de la violence physique, 38% des femmes sur les 2.016 observées ont subi des niveaux élevés de violence verbale – le plus souvent en se faisant crier dessus, gronder et en faisant l’objet de moquerie. Onze femmes ont également été victimes de stigmatisation ou de discrimination, généralement en raison de leur race ou de leur origine ethnique.
Que faut-il faire ?
Selon l’OMS, pour lutter contre les mauvais traitements pendant l’accouchement, les systèmes de santé doivent être tenus responsables et des ressources suffisantes doivent être allouées pour fournir des soins de santé maternelle de qualité et accessibles, et pour permettre la mise en place de politiques claires sur les droits des femmes.
Les travailleurs de santé ont également besoin de soutien et de formation pour s’assurer que les femmes sont traitées avec compassion et dignité.
Les stratégies possibles sont les suivantes :
- Réaménager les salles de travail pour qu’elles répondent aux besoins des femmes, notamment en leur permettant d’avoir de l’intimité et d’être en compagnie d’autres femmes accouchant ;
- Améliorer le processus de consentement éclairé pour toutes les interventions médicales ;
- Offrir suffisamment de conseils et de soutien aux professionnels de santé pour les aider à fournir des soins de meilleure qualité ;
- Permettre à toutes les femmes qui le désirent d’avoir un compagnon de leur choix avec elles pendant le travail et l’accouchement ;
- Accroître la demande du public pour des services de maternité de haute qualité qui fournissent des soins axés sur les femmes et qui ne tolèrent aucune forme de mauvais traitements.
Selon l’OMS, les associations professionnelles peuvent également jouer un rôle crucial dans la promotion et le soutien de soins respectueux,qu’il s’agisse des sages-femmes, des obstétriciens et des autres prestataires de soins de maternité.
L’OMS demande à ces entités de collaborer pour veiller à ce que les mauvais traitements pendant l’accouchement soient systématiquement identifiés et signalés, et que des mesures appropriées soient mises en œuvre au niveau local.
Les résultats de l’étude devraient être utilisés pour éclairer les politiques et les programmes visant à garantir que toutes les femmes vivent des expériences positives en matière de grossesse et d’accouchement, avec l’appui de prestataires de soins de santé autonomes au sein de systèmes de santé qui fonctionnent bien.
L’étude a été menée grâce au soutien de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et du Programme spécial PNUD /FNUAP/UNICEF /UNICEF/OMS/Banque mondiale pour la recherche, le développement et la formation à la recherche en reproduction humaine (HRP) du Département de la santé et de la recherche génésiques de l’OMS.
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