Chaque jour qui passe apporte son lot de surprises pour les consommateurs maliens. Depuis le 5 mars 2025, une nouvelle réalité s’impose : toute recharge téléphonique est amputée de 10 %, et chaque retrait via le mobile money se voit taxé d’un supplément de 1 %. Une décision présentée par le gouvernement comme une contribution à un fonds de soutien, mais perçue par la population comme une ponction de plus sur des finances déjà exsangues.
Quand « fonds de soutien » rime avec pression fiscale
Bamada.net-Les mots ont un poids. « Fonds de soutien aux projets d’infrastructure de base et de développement social » : une dénomination qui, en apparence, prête à l’optimisme. Qui pourrait s’opposer à l’idée de contribuer au développement du pays ? Mais derrière ce vocabulaire soigneusement choisi, la réalité est plus amère. Pour beaucoup de Maliens, cette taxe supplémentaire n’est qu’un prélèvement de plus qui pèse lourd sur leur pouvoir d’achat.
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Un quotidien de plus en plus coûteux
Déjà frappés par une hausse des prix des denrées alimentaires et des services de base, les Maliens voient maintenant leurs communications et leurs transactions financières renchéries. Une recharge de 1 000 F CFA ne donne plus que 900 F CFA de crédit. Un retrait de 10 000 F CFA, qui coûtait hier 100 F CFA, coûte aujourd’hui 200 F CFA. Certes, ces montants peuvent sembler insignifiants pour certains, mais pour ceux qui vivent au jour le jour, chaque franc compte.
Les opérateurs pris en étau
Du côté des opérateurs télécoms, l’ambiance est à la réserve. Orange Mali et Moov Africa n’ont eu d’autre choix que d’appliquer ces nouvelles règles, au risque de froisser une clientèle déjà méfiante. Ces entreprises savent que l’augmentation du coût des services pourrait réduire la fréquence des transactions, affectant ainsi leur propre chiffre d’affaires. Mais entre les exigences de l’État et la pression populaire, elles marchent sur un fil.
Un effet domino sur l’économie informelle
Le mobile money, véritable révolution dans un pays où l’accès aux banques reste limité, pourrait voir son utilisation diminuer. Or, dans l’économie informelle qui constitue le moteur du Mali, chaque transaction compte. Marchands, transporteurs, petits commerçants, tous s’appuient sur cet outil pour assurer leur activité quotidienne. Si les coûts augmentent trop, certains pourraient revenir au numéraire, avec tout ce que cela implique en termes de sécurité et de commodité.
Vers un dialogue nécessaire ?
Le gouvernement justifie cette mesure par la nécessité de financer des infrastructures et des projets sociaux. Mais une question persiste : ces fonds seront-ils gérés avec transparence et efficacité ? Face à la grogne grandissante, un dialogue entre les autorités, les opérateurs et les consommateurs semble indispensable. Car si l’objectif est louable, sa mise en œuvre pourrait être revisitée afin de ne pas étouffer davantage une population déjà éprouvée.
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En attendant, la question reste posée : jusqu’’à quand les Maliens pourront-ils supporter cette pression fiscale grandissante ? Une certitude demeure : le coût de la vie ne cesse d’augmenter, et pour beaucoup, le « fonds de soutien » ressemble plus à une taxe déguisée qu’à une véritable mesure de développement.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net