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Bassirou Diomaye Faye à Bamako : En ambassadeur du Sénégal et non en médiateur de la Cédéao

Président de la République du Sénégal depuis le 2 avril 2024, Bassirou Diomaye Faye a effectué une courte visite officielle le jeudi dernier (30 mai 2024) à Bamako avant de s’envoler pour Ouagadougou, au Burkina Faso. Si dans les deux capitales, le retrait des pays de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest  (CEDEAO) a été abordé, le jeune chef de l’Etat sénégalais n’était pas venu en médiateur pour l’organisation sous-régionale.

 Le renforcement des relations commerciales et diplomatiques entre le Mali et le Sénégal était au centre de la visite que le président Bassirou Diomaye Faye vient d’effectuer à Bamako jeudi dernier. Le  chef de l’Etat sénégalais a été accueilli à l’aéroport international «Modibo Kéita-Sénou» (Bamako) par le président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. Les deux dirigeants ont ensuite eu un tête-à-tête au palais de Koulouba. «Le Président Goïta et moi  avons discuté  de la  lutte contre le terrorisme,  les crimes transfrontaliers», a déclaré le Chef de l’Etat Sénégalais en saluant la disponibilité de son homologue Malien à renforcer les liens de coopération  et la concertation au niveau bilatéral et international.

Il faut rappeler que, au niveau de la coopération sécuritaire, le Sénégal avait envoyé des troupes au Mali dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui a pris fin en décembre dernier. Cette contribution sécuritaire et humanitaire, selon des diplomates des deux de pays, témoigne de la solidarité et de l’engagement du Sénégal envers la stabilité et la sécurité régionales. Mais, il a beaucoup été aussi question du retrait du Mali, du Burkina et du Niger de la Cédéao. Face à la presse, Bassirou Diomaye Faye ne s’est pas dérobé aux questions

«Je ne suis pas un médiateur de la Cédéao», a-t-il d’office assuré. Et d’insister, «je ne suis mandaté par aucune instance de la Cédéao». N’empêche que l’avenir de l’organisation sous-régionale lui tient à cœur. «Je ne désespère pas de voir la Cédéao repartir sur des bases nouvelles qui nous évitent la situation que nous traversons aujourd’hui», a-t-il souligné en espérant voir cette organisation «redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser être» : un outil de développement par l’intégration !

Et le chef de l’Etat sénégalais ne désespère pas de voir les pays de l’AES revenir à de meilleurs sentiments. Et cela d’autant plus que la position malienne, «quoique rigide, n’est pas totalement inflexible… Nous allons travailler à corriger les impairs qui ont valu cette situation regrettable.  Nous ne devons pas nous résigner  à observer un outil  formidable d’intégration se désintégrer sans rien faire».  Et de clore le sujet en reconnaissant, «la Cédéao est très malmenée, mais nous ne devons pas nous résigner et dire qu’on ne peut plus rien faire. Il y a des difficultés, il faut parler aux uns et aux autres et les comprendre et, à partir du niveau de compréhension et des écarts de position, voir ce qu’il est possible de bâtir à partir du socle existant».

«Nous devons  avoir  une fraternité agissante  et une  solidarité  renouvelée  avec  le peuple malien pour faire en sorte  qu’il sorte de cette impasse. Nous voyons déjà des efforts qui sont déployés pour faire face à ces difficultés. Nous avons foi à la résilience du peuple malien pour sortir victorieux de cette impasse qu’il traverse depuis quelque temps», a déclaré B.D Faye par rapport à la crise multidimensionnelle que le Mali traverse ces dernières années.

«Cette visite a pour objectif de renforcer les liens historiques de bon voisinage, d’amitié fraternelle, de solidarité et de coopération multiforme entre les deux nations», avait assuré la présidence malienne sur son site officiel.​ Pour la prochaine tabaski, le Mali a récemment promis de fournir au Sénégal 250 000 moutons pour l’aider à combler ses besoins. Cela en dit long sur les relations entre les deux pays. Le corridor Dakar-Bamako est à ce titre un axe vital pour les échanges commerciaux entre les deux pays.

Selon des statistiques officielles, le Mali occupe la première place parmi les clients africains du Sénégal. Ainsi, en 2022, les ventes du Sénégal vers l’Afrique se sont élevées à 1 404,5 milliards F CFA, dont 50,5 % attribués au Mali. «Ce partenariat commercial stable constitue un pilier essentiel de la coopération économique régionale», a indiqué un diplomate malien. A ce titre, le corridor Dakar-Bamako demeure un axe vital pour les échanges commerciaux entre les deux pays. En 2020, le trafic de marchandises entre les deux capitales s’est élevé à plus de 2,7 millions de tonnes, malgré les défis liés à la pandémie du Covid-19.

Bien que la circulation des personnes et des marchandises s’effectue généralement dans des conditions satisfaisantes, ont déploré des opérateurs économiques, des difficultés «persistent ponctuellement» sur cet axe. Des discussions seraient ainsi en cours pour surmonter les défis logistiques, économiques et sécuritaires afin de garantir une connectivité fluide et efficace entre Dakar et Bamako.

Moussa Bolly

Le Matin
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