Hémorragie, fistule obstétricale, stérilité, décès de jeunes filles et plusieurs vies conjugales détruites sont, entre autres, conséquences de l’excision. Plan International Mali, en collaboration avec l’ONG Erad, a initié une caravane médiatique pour toucher du doigt les réalités que vivent des femmes et jeunes filles dans leur santé sexuelle et de reproduction en milieu rural. A Barouéli, 19 villages ont signé l’abandon de la pratique de l’excision.
Plan International Mali a initié une caravane médiatique pour que les journalistes et communicateurs puissent voir et donner plus de visibilité aux actions posées par ses agents et ses partenaires dans la lutte pour d’abandon de l’excision. La caravane était pilotée par la cheffe du projet FGC-PIM, Mme Diallo Fatoumata Samaké, le coordonnateur du projet Erad et le conseiller à la communication de Plan International, Tingé Coulibaly.
Le préfet du cercle de Barouéli, Dieudonné Sagara, a souligné que la politique nationale de la lutte contre les violences basées sur le genre vise, entre autres, l’abandon de l’excision même si présentement aucune législation n’est en vigueur contre cette pratique.
Selon le médecin chef du CS-Réf, Dr. Oumar Nouhoum Traoré, six cas de victimes de la pratique néfaste ont été pris en charge par l’ONG Erad. Pendant la caravane, précisément le 29 janvier, une cérémonie solennelle de déclaration publique avec signature de convention d’abandon de la pratique de l’excision a été organisée dans le chef-lieu de la Commune de Sanando.
Selon le coordinateur du projet Erad, cette décision est le témoignage que cette communauté a perçu les messages et quelle est convaincue des méfaits de l’excision. A ses dires, cette déclaration publique rallonge la liste des villages partenaires à 19 ayant abandonné la pratique de l’excision dans le cercle de Barouéli et le cinquième dans la Commune de Sanando.
Plus d’excision
Selon la présidente de l’association des femmes de Sanando, Diakité Assitan Coulibaly, il n’y aura plus d’excision à Sanando. “Les femmes ont suivi des formations et ont été sensibilisées par l’ONG Erad à travers Plan International Mali. Elles ont compris toutes les conséquences de cette pratique néfaste”, a-t-elle souligné.
Pour la présidente de l’association Sabougnouma de Wéllingara, Konté Oumou Konté, si la décision d’abandon de l’excision ne tenait qu’aux femmes, il n’y aurait plus d’excision dans le village. “Mais, a-t-elle poursuivi, il y a quelques hommes récalcitrants dans le village qui refusent et nous les femmes nous nous cachons pour extraire nos filles parce que Plan International Mali nous a démontré les conséquences à travers plusieurs formations”.
“J’ai perdu ma petite fille à l’âge de 2 mois à cause de l’excision il y a 13 ans. Quand l’exciseuse a coupé le clitoris, elle a perdu beaucoup de sang jusqu’à ce qu’elle s’est évanouie avant de mourir dans mes bras”, s’est-elle rappelé la gorge nouée. Dans le village de Zanfina, Commune de Konobougou, une exciseuse du nom d’Assitan Ballo a déclaré publiquement qu’elle a abandonné le couteau.
Des victimes se prononcent
Une dame de 20 ans, mariée à l’âge de 16 ans que les journalistes ont rencontrée dans le Cscom de la Commune de Kalaké était en convalescence après une opération de chirurgie de son appareil génital à cause d’un prolapsus de rectum.
Elle a souhaité témoigner dans l’anonymat. Selon elle, c’est au cours de son deuxième accouchement qu’elle a eu des complications et il a fallu une opération qui a coûté 100 000 F CFA que son mari n’avait pas. C’est l’ONG Erad qui assure sa prise en charge jusqu’à sa guérison. Une fois guérie, elle devrait être accompagnée avec une enveloppe de 75 000 F CFA pour son insertion socioprofessionnelle.
Le coordonnateur de l’ONG Erad, Allaye Dolo, a signalé aux journalistes que chacun des 19 villages qui ont abandonné la pratique néfaste s’engage à appliquer la convention. Dans chaque village signataire, les contrevenants s’exposeront au paiement d’une amende de 75 000 F CFA.
Moribafing Camara
Source: L’Indicateur du Renouveau