Au Sahel, le Coronavirus s’invite dans le rang des soldats de la force française Barkhane. Les premiers cas confirmés suscitent de nombreuses interrogations dans les pays de la zone sahélo-saharienne.
« L’opération Barkhane a connu ses quatre premiers cas d’infection par le coronavirus. Un des patients est pris en charge et soigné sur place, et trois autres ont déjà été rapatriés », lit-on dans le communiqué de presse du jeudi 2 avril 2020 de l’Opération Barkhane.
Cette annonce faite, pour la première fois, par l’Agence France presse (AFP) le 2 avril 2020, a créé la panique dans le cœur de beaucoup de citoyens du Sahel. Non seulement de la peur, mais aussi de l’étonnement. Comment ces militaires ont pu contracter ce virus ? Évoluaient-ils dans quel pays ? Quelles sont leurs personnes-contacts ? Des questions à couper le souffle. Mais auxquelles l’état-major des armées françaises n’a pas encore souhaité donner plus de détails. Des assurances ont, quand même, été données pour rassurer qu’ils n’évoluaient pas sur le sol malien.
Dans le communiqué de presse de l’Opération, il est indiqué que ces hommes « étaient arrivés en bande sahélo-saharienne il y a plusieurs semaines. » Toutefois, à travers le même communiqué, on rassure davantage les citoyens, mais aussi le reste de la troupe en faisant comprendre que « Depuis le début de la crise coronavirus et l’apparition de cas dans la bande sahélo-saharienne, des mesures de prévention strictes, édictées par le service de santé des armées en coordination avec les autorités sanitaires des pays hôtes, sont mises en œuvre pour protéger les soldats de la Force, mais aussi pour éviter tout risque de dissémination du virus. »
La question aujourd’hui est à un tout autre stade. Il ne s’agit plus de s’interroger sur l’existence ou la non-existence de mesures préventives pour les forces de défense. Pour la protection du reste de la troupe ainsi que des armées africaines, il s’agit non seulement d’identifier rapidement les personnes-contacts de ces quatre soldats confirmés au Covid-19, mais aussi de chercher à savoir comment ils ont pu contracter cette maladie. Cela s’avère urgent pour le moral de toutes les troupes engagées dans la guerre contre le terrorisme dans cette bande sahélo-saharienne et par ricochet pour la sécurité de toute la zone.
L’Opération Barkhane rassure que « Ces cas de contamination, de même que les dispositions prises pour préserver le personnel de la Force n’ont pas d’impact sur les opérations, qui se poursuivent à un rythme soutenu ». Mais cela ne balaie pas d’un revers de manche les craintes qui animent les esprits tant que cette affaire de contamination de soldats n’est pas bien étayée.
Rappelons que malgré l’acuité de cette pandémie, Barkhane poursuit sa chasse aux terroristes dans le Liptako-Gourma. Le 29 mars 2020, cette force a détecté un campement terroriste dans le Liptako malien. Après cela, une opération aéroportée a été déclenchée par les éléments de cette force. Selon le communiqué de la force, « Deux patrouilles d’hélicoptères de reconnaissance et d’attaque, formées d’hélicoptères Tigre et d’une Gazelle, ainsi qu’un détachement de commandos mis en place par des hélicoptères Caïman et Cougar ont été engagées. Au bilan, la force Barkhane a mis hors de combat plusieurs combattants terroristes, détruit 6 motos et saisi de nombreuses ressources parmi lesquelles des armes, des munitions ainsi que du matériel de transmission. »
Au Sahel, la lutte contre le terrorisme suffit aux soldats. La propagation du Coronavirus ne pourrait être que désastreuse pour toute la zone. Car, elle pourrait rendre les frontières de plus en plus poreuses.
Notons que l’opération Barkhane est conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel. C’est une opération qui a été lancée depuis le 1er août 2014. « Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad », lit-on dans le communiqué de presse de la force. Cette opération regroupe près de 5100 militaires. La mission dévolue à ces hommes est la lutte contre les groupes armés terroristes et le soutien des forces armées des pays partenaires afin de les permettre de prendre en compte cette menace.
Fousseni Togola
Source : LE PAYS