Depuis l’assassinat du Colonel Mouammar Kadhafi en 2011 par Nicolas Sarkozy et ses alliés, la bande sahélo-saharienne dont il était le leader est dans la tourmente. Des hordes de terroristes semblent avoir surgit du moyen âge pour semer la terreur dans cet espace géographique où les investissements libyens avaient commencé à reléguer les intérêts occidentaux au second plan. Ce n’est pas un hasard si le terrorisme prospère aujourd’hui dans cette région sur les cendres de la Communauté des Etats sahélo-saharien (CEN-SAD).
Depuis l’effondrement de la Jamahiriya arabe libyenne, la situation sécuritaire n’a cessé de se dégrader dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne qui était devenu un contre-modèle de la politique néolibérale et néocoloniale appliquée par l’Occident, notamment la France. De la Libye, le supposé «jihadisme» s’est étendu à tous les pays du Sahel et menace aujourd’hui des pays côtiers comme le Togo après avoir déjà frappé la Côte d’Ivoire. Mais, contrairement à une idée de plus en plus répandue, cette menace sécuritaire ne se justifie pas seulement par la seule volonté de diffuser dans cet espace géostratégique une «idéologie salafiste» par le rejet de l’Occident et de l’État moderne.
L’Afrique n’est pas l’Afghanistan. Il serait donc très difficile de bâtir et maintenir un État théologique dans la région. Même si la grande majorité des populations est musulmane, elles sont aussi majoritairement opposées à un islam radical. Et les organisations terroristes qui écument aujourd’hui le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Tchad, le Cameroun, le Nigeria… en sont conscientes.
D’ailleurs, leur lutte repose-t-elle sur une idéologie religieuse claire ? Que cache la terreur qu’elles font régner au-delà de «Allah Akbar» (Dieu est Grand) lancé comme cri de guerre et la bannière brandie pour donner un contenu à leurs discours propagandistes et extrémistes ? Au-delà, nous voyons plutôt une recolonisation de l’Afrique, notamment de l’espace d’influence de la Cen-Sad, qui est en marche. Une recolonisation pas cette fois par l’Occident seulement, mais aussi par les riches Etats du Golfe persique dont certains ont apporté un appui financier conséquent à Nicolas Sarkozy et à ses alliés pour se débarrasser de Kadhafi. Et comme toujours, ce sont les richesses et ses immenses potentialités dans tous les domaines (agricoles et minières notamment) qui sont convoités.
Ainsi, si l’État islamique au Grand Sahara (EIGS, affilié à Daech) est à la manœuvre au compte d’une riche monarchie du Golfe, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM/GSIM) est une création purement Occidentale. Les liens entre Iyad Ag Ghali et la France ne sont désormais inconnus de personne. Mais, ces derniers mois, on assiste à un changement de stratégie de la France qui semble avoir abandonnée JNIM en plein vol pour s’allier à l’EIGS dont les intentions au nord (nord-est notamment) s’apparentent aux siennes. Fragilisé par ses batailles violentes contre son rival, JNIM a focalisé ses actes criminels dans le centre de notre pays ces derniers mois.
Source : Le Matin