Le Sahel, précisément le Mali, est devenu un terrain d’affrontement entre l’EIGS et le GSIM (des sous-traitants des lobbies néocolonialistes) qui, de façon isolée, s’attaquent beaucoup plus aux populations civiles qu’aux cibles militaires. Ce qui se passe dans le centre du Mali et dans la Zone des «Trois frontières» ou «Liptako-Gourma», notamment dans la région de Ménaka, doit nous amener à nous poser des questions aujourd’hui sur les vrais enjeux de cette insécurité grandissante.
Ces organisations criminelles menacent de représailles les populations si elles n’abandonnent pas leurs terres pour se réfugier dans des centres urbains. Autrement, elles ont recours à la terreur pour faire le vide dans des espaces dont l’importance n’est plus à démontrer. La politique de terre brûlée vise juste à vider les zones qu’on veut utiliser (à de nombreuses fins) des populations dont la présence est naturellement encombrante.
«Au moins 700 civils tués depuis mars dernier dans la zone des Trois frontières (Burkina Faso, Mali et Niger) où le MSA et le Gatia tentent de contenir l’extension de l’EIGS. Sur place, une économie déstructurée et une situation humanitaire catastrophique. Il faut agir vite», alertait récemment M. Seidik Abba, journaliste-écrivain, analyste de l’actualité africaine sur plusieurs médias.
Et ce n’est pas un pur hasard si le terrorisme prospère de nos jours sur les cendres de la Cen-Sad. Une zone (bande sahélo-saharienne) que le regretté Guide Mouammar Kadhafi avait réussi à transformer en un pôle de développement (grâce à des investissements judicieux) en prônant un nouvel ordre économique et géopolitique. C’est, entre autres, l’une des raisons profondes de son assassinat en octobre 2011.
Tant que nos dirigeants ne comprennent pas cette donne, ils auront du mal à efficacement réagir à la menace. Ce n’est pas forcément en comptant sur des puissances extérieures qu’on peut définitivement vaincre le terrorisme. «Pendant 11 ans le Sahel n’a pas pu réunir 1,50 milliards de dollars pour sa sécurité. Pourtant, en quelques mois, 65 milliards de dollars ont été mobilisés pour l’Ukraine. Alors continuons toujours à nous diviser, à nous invectiver jusqu’au jour où l’on se réveillera dans la recolonisation. L’Asie a compris cela et elle est libre», a rappelé le jeune leader politique malien, Moussa Sey Diallo, dans l’une de ses nombreuses publications sur les réseaux sociaux.
Il faut une vraie vision de développement durable pour sécuriser et stabiliser nos Etats aujourd’hui exposés à d’autres formes d’exploitations néocoloniales qui ne sont pas forcément dans l’intérêt de nos peuples. En dehors de la force militaire, il faut faire preuve de jugeote pour une solution à long terme. «Soit tu as une vision et un agenda pour ta propre évolution, soit tu es une composante de la vision et de l’agenda de quelqu’un d’autre», souligne Dr Djamila Ferdjani, l’influenceuse nigérienne sur les réseaux sociaux.
Malheureusement, depuis la colonisation, nous sommes des composantes de la vision de nos «maîtres» qui nous ont toujours exploité dans le sens des intérêts de leurs pays.
Moussa Bolly
Source : Le Matin